Ce petit article a été publié en page 2  du journal L’Humanité du 28 avril 1924. Il s’agissait ici  de présenter et de soutenir les candidats du « bloc ouvrier et paysan » qui se présentaient au nom du Parti Communiste- SFIC, lors des élections législatives de mai 1924.

      Le candidat présenté ici est Hadjali Abd-el-Kader, « travailleur algérien » , vivant en France et naturalisé français en  1911. Militant actif du P.C, il était aussi engagé dans la lutte pour l’émancipation de l’Algérie : Hadjali Abd-el-Kader  fut par ailleurs  le fondateur et le premier dirigeant de L’Étoile nord-africaine fondée en 1926.

     Ce soutien à un candidat issu des colonies françaises est conforme à  la ligne  politique défendue à Moscou par l’Internationale Communiste et plus généralement  à l’idéologie marxiste. Dans le cadre de la lutte des classes et du combat contre l’impérialisme capitaliste, « le travailleur indigène, le paria venu des colonies »  doit être accueilli « comme un frère » par l’ouvrier français.

     Cependant, en lisant entre les lignes, on entrevoit   que même pour un électeur communiste, cette idée ne doit  pas forcément aller de soi et que les préjugés racistes sont sans doute  fréquents. Cela  incite  la presse communiste à faire oeuvre de pédagogie auprès de ses lecteurs, comme ici dans cet article.


 

 

CHRONIQUE ÉLECTORALE

DANS LE DEUXIEME SECTEUR

 

Un travailleur colonial candidat communiste

Parmi les noms des candidats du bloc ouvrier et paysan que la Fédération de la Seine présente dans le deuxième secteur parisien, nos camarades ont déjà certainement remarqué celui d’Hadjali Abd-el-Kader. 
La portée d’une- telle candidature ne saurait échapper à personne.
Hadjali -Abd-el-Kader, travailleur algérien, figure aux côtés de travailleurs français sur une liste de Bloc ouvrier dressé contre tous les blocs bourgeois.
Il faut en effet que tous nos camarades se persuadent bien que quelle que soit l’origine ou la couleur d’un travailleur, il appartient avant tout à la classe ouvrière. Le préjugé de la race est de ceux qu’un ouvrier conscient doit rejeter loin de lui. En ignorant ou ce qui est pire, en méprisant l’ouvrier embauché aux colonies parce qu’il a d’autres coutumes, le travailleur français fait le jeu de son exploiteur.
Le capitalisme s’efforce justement d’exaspérer ces antagonismes de races pour mieux briser l’action de classe des travailleurs.

Le capitalisme. français tient en réserve ses sujets coloniaux, comme briseurs de grève, comme troupes à lancer au besoin contre les travailleurs français.

En France donc, plus encore que dans tout autre pays, puisque l’empire colonial de la France est, par son étendue, le deuxième du monde, l’ouvrier français doit considérer le travailleur indigène, le paria venu des colonies, comme un frère dont le sort est encore plus misérable que le sien. Il doit l’accueillir en ami, s’efforcer d’éveiller en lui une conscience de classe, de lui faire comprendre qu’à travers le inonde entier les mêmes maîtres exploitent les mêmes esclaves.
Pour la première fois, l’Internationale Communiste a posé dans toute son ampleur la question coloniale. Lénine a consacré à l’étude de cette question une grande partie de son activité.

Le parti français doit avoir le souci d’attirer par sa propagande, à l’action ouvrière, la masse des travailleurs coloniaux qui sont actuellement en France.
En portant au Parlement bourgeois Hadjali Abd-el-Kader, les électeurs du 2e secteur parisien montreront qu’ils placent les intérêts de la classe ouvrière au-dessus de préjugés aussi mesquins que coupables.

Y fac-similé du journal L’Humanité du 28 avril 1924