TEXTES sur le judaïsme à l’époque romaine
Formation religieuse de Flavius Josèphe
Flavius Josèphe (37 – vers 100 après J.-C.), Juif et citoyen romain, ami de l’empereur Vespasien, présente sa famille et lui-même dans son « Autobiographie » (II) écrite après 70 après J.-C. Flavius Josèphe écrit en langue grecque à Rome. (trad. Belles lettres)
« Mathias mon père ne se distinguait pas uniquement par sa noblesse ; il était plus estimé encore pour sa droiture qui lui valait un grand prestige à Jérusalem, la plus importante de nos cités. Je fus élevé avec mon frère nommé Mathias, mon frère de père et de mère. Mes grands progrès dans les études me valaient une réputation de mémoire et d’intelligence supérieure. N’étant encore qu’au sortir de l’enfance, vers ma quatorzième année, tout le monde me félicitait pour mon amour de l’étude ; continuellement les grands-prêtres et les notables de la cité venaient me voir pour recevoir de moi quelque éclaircissement sur nos lois. Vers mes seize ans, je voulus faire l’expérience des diverses tendances qui existent chez nous. Il y en a trois : la première, celle des Pharisiens, la seconde, celle des Sadducéens, la troisième, celle des Esséniens ; j’en ai parlé plusieurs fois. Dans ma pensée, apprendre ainsi à les connaître toutes à fond me permettrait de choisir la meilleure. Au prix d’une austère application, et d’un labeur considérable, je passai par toutes les trois. Jugeant même insuffisante l’expérience que j’en avais tiré, quand j’entendis parler d’un certain Bannous qui vivait au désert, se contentait pour vêtement de ce que lui fournissait les arbres, et pour nourriture, de ce que la terre produit spontanément, et usait de fréquentes ablutions d’eau froide de jour et de nuit, par souci de pureté, je me fis son disciple. Après trois ans passés près de lui, ayant accompli ce que je désirais, je revins dans ma cité. Agé alors de dix-neuf ans, je commençai à me conduire en suivant les principes de la secte des Pharisiens, qui présente des ressemblances avec ce que les Grecs appellent l’école du Portique [l’école stoïcienne croit en un dieu supérieur et a une morale exigeante]. »
cité in LORIOT Xavier, BADEL Christophe (dir.) : « Sources d’Histoire romaine (Ier siècle av. J.-C. – début du Ve siècle apr. J.-C.) » , Paris, Larousse (Textes essentielles), 1993, pp. 621-622
PONCE PILATE en Judée
Flavius Josèphe, juif et citoyen romain, raconte le difficile gouvernement de Ponce Pilate en Judée (de 26 à 36 après J.-C.).
Ce passage est extrait des « Antiquités juives » (chapitre XVIII,3,1-2) écrit après 70 après J.-C. en langue grecque à Rome.
« Pilate, qui commandait en Judée, amena son armée de Césarée [ville où siège le gouverneur romain] et l’établit à Jérusalem pour prendre ses quartiers d’hiver. Il avait eu l’idée, pour abolir les lois des Juifs, d’introduire dans la ville les effigies de l’empereur qui se trouvaient sur les enseignes, alors que notre loi nous interdit de fabriquer des images ; c’est pourquoi ses prédécesseurs avaient fait leur entrée dans la capitale avec des enseignes dépourvues de ces ornements. Mais, le premier, Pilate, à l’insu du peuple car il était entré de nuit , introduit ces images à Jérusalem et les y installa. Quand le peuple le sut, il alla en masse à Césarée et supplia Pilate pendant plusieurs jours de changer ces images de place. Comme il refusait, disant que ce serait faire insulte à l’empereur, et comme on ne renonçait pas à le supplier, le sixième jour, après avoir armé secrètement ses soldats, il monta sur son tribunal, établi dans le stade pour dissimuler l’armée placée aux aguets. Comme les Juifs le suppliaient à nouveau, il donna aux soldats le signal de les entourer, les menaçant d’une mort immédiate s’ils ne cessaient pas de le troubler et s’ils ne se retiraient pas dans leurs foyers. Mais eux, se jetant la face contre terre et découvrant leur gorge, déclarèrent qu’ils mourraient avec joie plutôt que de contrevenir à leur sage loi. Pilate, admirant leur fermeté dans la défense de leurs lois, fit immédiatement rapporter les images de Jérusalem à Césarée. »
cité in LORIOT Xavier, BADEL Christophe (dir.) : « Sources d’Histoire romaine (Ier siècle av. J.-C. – début du Ve siècle apr. J.-C.) », Paris, Larousse (Textes essentielles), 1993, p. 624