Sommaire

L’Astrologie
La religion privée, culte des morts
La religion privée, les Lares
Cultes orientaux, Isis

TEXTES sur le paganisme à l’époque romaine

L’Astrologie

extrait de l’écrivain Lucien de Samosate (en Syrie), « De l’astrologie « , 1 et 27, écrit vers 170 après J.-C.

« Voici un écrit sur le ciel et sur les astres, non pas sur le ciel et les astres considérés en eux-mêmes, mais relativement aux prédictions vraies qu’on en tire pour la vie de l’homme. Ce livre ne contient pas de préceptes [règles, enseignements] , il n’enseigne pas la doctrine, il ne dit pas comment on peut exceller dans la divination ; mais je reproche à tous les hommes sages qui exercent dans les autres sciences et qui communiquent aux autres leurs découvertes, de ne point honorer et de ne pas pratiquer l’astrologie. C’est cependant une science antique ; ce n’est pas d’hier qu’elle est venue à nous ; elle est l’oeuvre des anciens monarques [rois] chéris des dieux (…).
Ainsi nos ancêtres étaient fortement attachés à l’art de la divination. Mais, parmi les hommes de ce siècle, les uns disent qu’il est impossible de trouver un but certain à cette science, qu’elle ne mérite point notre confiance et ne dit jamais la vérité, que ce n’est pas pour nous que Zeus [Jupiter] et Mars se meuvent dans les cieux, qu’ils ne font aucune attention aux affaires des humains et n’ont avec elles aucun rapport ; qu’enfin ces astres roulent dans leur orbite, emportés par la loi de la nécessité.
Il est d’autres personnes qui, sans taxer l’astrologie d’imposture, la regardent comme inutile, attendu que la divination ne saurait changer les décrets des Parques [déesses qui tissent et coupent le fil symbolisant l’existence de chaque être humain] . »

cité in LORIOT Xavier, BADEL Christophe (dir.) : « Sources d’Histoire romaine (Ier siècle av. J.-C. – début du Ve siècle apr. J.-C.) » , Paris, Larousse (Textes essentielles), 1993, p. 700

La religion privée, culte des morts

extrait du poète Ovide, « Fastes « , II, 533 et suivants, écrit entre 3 et 8 après J.-C. sous l’empereur Auguste.

« Les tombeaux, eux aussi sont honorés : on apaise les mânes de ses pères et on porte de modestes offrandes sur les tombes qu’on leur a édifiées. Les mânes ne demandent que peu de choses : la piété leur est plus agréable que de riches présents : ce ne sont pas des dieux avides qui habitent les profondeurs du Styx [fleuve des Enfers] . Une tuile que couvrent les guirlandes votives, du blé répandu avec quelques grains de sel, le don de Cérès [déesse des moissons] trempé dans du vin, et quelques violettes éparses : il n’en faut pas davantage ; on déposera ces offrandes sur un tesson qu’on laissera au milieu du chemin. Je n’interdis pas de plus riches présents, mais ceux que j’ai dits suffisent à apaiser les ombres ; ajoutez-y les prières et les paroles rituelles, une fois dressé le foyer. (…) Mais jadis, au temps où nos ancêtres menaient des guerres longues et acharnées, on omit de célébrer les jours des morts. Cette négligence ne resta pas impunie : à la suite de cette funeste omission, Rome, dit-on, connut l’embrasement des bûchers funèbres allumés dans ses faubourgs. On conte, mais j’ai peine à le croire, que nos ancêtres sortirent de leurs tombeaux et gémirent dans le silence de la nuit ; dans les rues de la Ville [Rome] , dans les vastes campagnes hurlaient, dit-on, des âmes inconsistantes, un peuple de fantômes. On rendit alors aux tombes les honneurs dont on les avait frustrée, et ce fut la fin des prodiges et des funérailles. »

cité in LORIOT Xavier, BADEL Christophe (dir.) : « Sources d’Histoire romaine (Ier siècle av. J.-C. – début du Ve siècle apr. J.-C.) », Paris, Larousse (Textes essentielles), 1993, pp. 588-589

La religion privée, les Lares

extrait du poète Ovide, « Fastes « , V, 129-147 écrit entre 3 et 8 après J.-C. sous l’empereur Auguste.

« Les calendes [premier jour du mois] de mai ont vu élever un autel aux lares protecteurs et consacrer leurs petites statues. Déjà Curius [général romain du IIIe s. av. J.-C.] l’avait fait autrefois ; mais le temps n’épargne rien, et la pierre elle-même subit les atteintes de la vieillesse. Le surnom qui fut donné à ces dieux quand on établit leur culte vient de ce qu’il protège du regard tout ce qui nous appartient. Ils veillent aussi pour nous, président à la sûreté des murs ; partout présents, partout prêts à porter secours. A leurs pieds se tenait un chien, taillé dans la même pierre ; pourquoi ce chien avec ce Lare ? L’un et l’autre gardent la maison, l’un et l’autre sont fidèles au maître ; les carrefours plaisent au dieu, au chien plaisent les carrefours. Le Lare et la meute de Diane [déesse de la chasse] harcèlent et chassent les voleurs ; vigilants sont les chiens, et vigilants les Lares. Je cherchais les statues de ces dieux jumeaux, ruinés à la longue par les années ; la Ville [Rome] aujourd’hui possède mille Lares et le Génie du chef qui nous les a donnés ; chaque quartier adore trois divinités. »

cité in LORIOT Xavier, BADEL Christophe (dir.) : « Sources d’Histoire romaine (Ier siècle av. J.-C. – début du Ve siècle apr. J.-C.) » , Paris, Larousse (Textes essentielles), 1993, p. 588

Cultes orientaux, Isis

Le « Navigium Isidis » vers 170 après J.-C. à Rome.
extrait du romancier Apulée, « les Métamorphoses « , XI, 9-11

« Au milieu de cette liesse populaire et de ces divertissements répandus un peu partout, déjà se formait le cortège propre à la déesse salvatrice [Isis] . D’abord venait des femmes vêtues de robes éclatantes de blancheur, toutes fières de leurs parures de toutes sortes, couronnées de fleurs printanières ; (…). Il y avait aussi une grande foule des deux sexes, qui, avec des lampes, des torches, (…), s’efforçait de rendre favorable la Mère des astres du ciel. Ensuite c’étaient de suaves musiques, (…) qui faisaient entendre de délicieuses mélodies. (…) Puis venaient les flûtistes consacrés au grand Sérapis : sur leurs flûtes transversales (…) ils jouaient le refrain traditionnel du dieu et de son sanctuaire et, derrière, allait une foule de gens criant que l’on livrât passage à la procession.
Ensuite, ce sont les flots de la foule initiée aux mystères sacrés, hommes et femmes de tout rang et de tout âge, éclatants de blancheur dans leur vêtement de lin, (…). Et voici les ministres du culte, hauts personnages, la poitrine étroitement entourée d’un voile de lin blanc descendant jusqu’à leurs pieds : dans leurs mains ils portaient les attributs [symboles] de dieux tout-puissants. (…)
Immédiatement après s’avançaient les dieux daignant marcher sur des jambes humaines. Lui, le redoutable messager des dieux (…), son cou de chien fièrement dressé, Anubis [dieu égyptien] , (…). Immédiatement sur ses pas suivait une vache dressée debout qui symbolisait la fécondité de la déesse, mère universelle (…). »

cité in LORIOT Xavier, BADEL Christophe (dir.) : « Sources d’Histoire romaine (Ier siècle av. J.-C. – début du Ve siècle apr. J.-C.) » , Paris, Larousse (Textes essentielles), 1993, pp. 612-613