Pendant la colonisation, les paysans arabes et kabyles d’Algérie ont entretenu la mémoire des terres cultivées par eux et dont ils avaient été expulsés. Le délai écoulé entre la spoliation et la ré-attribution à des colons laissa croire à ceux-ci qu’ils s’installaient sur des terres incultes ou à l’abandon. Ils développèrent à leur tour la mémoire d’un jardin fleuri, produit par leur propre travail en dépit de l’oisiveté ou de la fainéantise supposées de l’indigène. Le manuel traduit par ailleurs le regard paternaliste et racial porté sur l’indigène.
Louis Gallouedec et Ferdinand, Maurette, La France et ses colonies, troisième année d'enseignement primaire supérieur, programme 1920, Hachette, 1927.
Louis Gallouedec et Ferdinand, Maurette, La France et ses colonies, troisième année d'enseignement primaire supérieur, programme 1920, Hachette, 1927.

Extraits d’un manuel de géographie de 1927

|Maroc|[…] plus de 5 millions d’habitants […] (dont) quelques rares tribus de Maures nomades et pillards […]|
|Algérie| […] Kabyles ou Berbères, actifs, industrieux […] des Arabes, indolents et fatalistes […] Le Tell est une région très productive grâce à l’ingéniosité des Kabyles, qui ont su de très bonne heure pratiquer l’irrigation, et grâce à la colonisation française, qui a introduit l’usage des machines agricoles […] Le Sahara n’est peuplé que de quelques tribus de Touareg nomades, qui vivent soit de l’élevage des dromadaires, soit de pillage de petites tribus établies dans les oasis […] |
|AOF|[…] Les Nègres, païens ou convertis à l’islam, sont sédentaires et dociles. Ils peuvent être bons porteurs, bons ouvriers agricoles ou bons soldats […] Avant la colonisation européenne, (ils) étaient groupées par le hasard des conquêtes en royaumes éphémères, qui ne survivaient guère à leurs fondateurs […] |
|AEF| […] Les Bantous du Gabon sont industrieux, bons agriculteurs. Ils savent travailler le fer, pratiquent le commerce et sont susceptibles de civilisation […] Les Bantous du Moyen Congo […] vivent surtout de chasse et de pêche. Ils sont sauvages et l’on trouve encore quelques anthropophages […]|
|Indochine| […] Les Annamites […], qui occupent la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin […] sont de race jaune; ce sont des agriculteurs excellents, capables d’assimilation […]|
|Tahiti|[…] 8500 indigènes, de même race que les Maoris de la Nouvelle-Zélande, population aimable et bienveillante […] Les habitants, aimables mais indolents, vivent surtout de la pêche et de la cueillette des fruits.

 

  1. Relevez les caractères prêtées à toutes les populations coloniales décrites.
  2. Comment ces populations sont-elles classées ?
  3. Ces classements et ces caractères peuvent-ils avoir un effet sur la façon dont ces gens sont traités ?

Tableau établi à partir du texte de Louis Gallouedec et Ferdinand, Maurette, La France et ses colonies, troisième année d’enseignement primaire supérieur, programme 1920, Hachette, 1927.