Les « poulains » vus par Foucher de Chartres
« Nous qui étions occidentaux, nous sommes devenus orientaux (…). Nous avons oublié les lieux de notre origine ; plusieurs d’entre nous les ignorent ou même n’en ont jamais entendu parler.
Untel possède ici des maisons en propre comme par droit d’héritage, tel autre a épousé une femme, non parmi ses compatriotes, mais syrienne, arménienne, parfois même une Sarrasine baptisée. (…) On se sert des diverses langues du pays ; et les langues jadis parlées à l’exclusion les unes des autres sont devenues communes à tous, la confiance rapproche les races les plus éloignées. La parole de l’Écriture se vérifie : « Le lion et le bœuf mangeront au même râtelier. » Le colon est maintenant devenu presque un indigène ; qui était étranger s’assimile à l’habitant.
Ceux qui étaient là-bas pauvres, Dieu ici les a rendus riches. (…) Pourquoi retourneraient-ils en Occident ? »
Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana, dans Recueil des historiens des croisades, historiens occidentaux. XIIe siècle