Le discours du président John F. Kennedy, prononcé le 12 septembre 1962 à l’Université Rice à Houston (Texas), est l’un des moments-clés de la course à l’espace entre les États-Unis et l’Union soviétique.

Pourtant, lorsqu’il arrive au pouvoir en , Kennedy est, comme son prédécesseur  Eisenhower, peu favorable au programme spatial. Mais après les succès de l’URSS avec l’envoi du premier satellite artificiel Spoutnik en 1957, puis du premier homme dans l’espace Youri Gagarine le de la nécessité de disposer d’un programme spatial ambitieux afin de récupérer le prestige international perdu, surtout après l’échec du débarquement de la baie des Cochons, destiné à renverser le régime de Fidel Castro à Cuba, en avril 1961.

John F. Kennedy demande à son vice-président Lyndon B. Johnson, également président du National Aeronautics and Space Council (NASC), de lui proposer un programme et un objectif qui permettraient aux Etats-Unis de reprendre la main dans la course à l’espace. Après de nombreuses consultations, Lyndon Johnson lui propose d’envoyer une mission habitée sur la Lune. Cet objectif est retenu par Kennedy. Le , lors du Special Message to the Congress on Urgent National Needs, le président annonce devant le Congrès des États-Unis le lancement d’un programme qui doit amener une équipe d’astronautes américains sur le sol lunaire « avant la fin de la décennie ».

La future mission lunaire exige cependant d’énormes moyens technologiques, financiers et matériels, la NASA devant agrandir son espace géographique. Houston, situé au Texas, est choisi comme site d’implantation. L’entreprise Humble Oil fait don d’un terrain en 1961. L’université Rice ayant servi d’intermédiaire dans cette opération, c’est à ce titre que Kennedy effectue une visite de deux jours à Houston, en septembre 1962, pour visiter les nouvelles installations. Il est escorté par les astronautes Scott Carpenter et John Glenn. C’est dans ce contexte qu’il prononce le discours suivant destiné à soutenir l’effort, mobiliser l’opinion publique et justifier les dépenses colossales engagées.

La conquête de la Lune est alors présentée comme un défi noble et nécessaire que résume cette phrase : « We choose to go to the Moon not because it is easy, but because it is hard ».


 

Version française (disponible sur le site JFKlibrary ) :


Président Pitzer, monsieur le vice-président, gouverneur Daniel, messieurs les membres du Congrès Thomas et Miller, sénateur Wiley, monsieur Webb, monsieur Bell, messieurs les scientifiques, hôtes de marque, mesdames et messieurs :

Je remercie chaleureusement votre président de m’avoir octroyé le titre de Professeur associé honoraire et je vous assure que mon premier cours sera très bref.

Je suis ravi d’être ici et plus particulièrement parmi vous en cette occasion.

Nous sommes réunis dans une faculté réputée pour son savoir, dans une ville connue pour son progrès, dans un État reconnu pour sa vigueur. Et il se trouve justement que nous avons besoin de ces trois qualités, alors que nous nous trouvons confrontés à des changements et à des défis, dans une décennie porteuse d’espoir mais également de peur, à une époque où se mêlent connaissance et ignorance. Plus nos connaissances se développent, plus notre ignorance apparaît au grand jour.

Malgré le fait frappant que la plupart des plus grands scientifiques que le monde était connu être vivant et actuellement en exercice, bien que les effectifs scientifiques de cette nation doublent tous les 12 ans et affichent un taux de croissance trois fois supérieur à celui de l’ensemble de notre population, en dépit de tout cela, la vaste étendue de l’inconnu, des questions sans réponses et de l’inachevé continuent de dépasser très largement notre entendement collectif.

Nul ne peut vraiment appréhender le chemin que nous avons parcouru ni à quelle vitesse, à moins de condenser, si vous le permettez, 50 000 ans de l’histoire de l’humanité sur une période d’à peine un demi-siècle. Vu sous cet angle, nous ne savons pas grand-chose des 40 premières années, si ce n’est qu’à la fin de cette période, les plus évolués des hommes avaient appris à utiliser les peaux de bêtes pour se vêtir. Puis, il y a environ 10 ans selon cette échelle, l’homme a quitté sa grotte pour se construire d’autres types d’abris. Il y a seulement 5 ans, il a appris à écrire et à utiliser la roue. Cela ne fait que 2 ans que le Christianisme est né. L’imprimerie vient de faire son apparition cette année et cela ne fait que 2 mois, dans ce condensé d’histoire de l’humanité ramené à 50 ans, que la machine à vapeur fournit une nouvelle source d’énergie et que Newton a étudié la gravité. Le mois dernier sont apparus la lumière électrique, le téléphone, l’automobile et l’avion. Ce n’est que la semaine dernière que nous avons inventé la pénicilline, la télévision et l’énergie nucléaire. Aujourd’hui, si le nouveau vaisseau spatial américain réussit à rejoindre Vénus, nous aurons littéralement atteint les étoiles avant ce soir minuit.

Ces avancées s’effectuent à une vitesse à couper le souffle et, à ce rythme, on ne peut éviter l’apparition de nouveaux maux bien que d’anciens toujours disparus, ni l’émergence de nouvelles formes d’ignorance, de nouveaux problèmes, de nouveaux dangers. Assurément, les nouvelles perspectives spatiales nous réservent des coûts élevés et de nombreuses épreuves, mais également d’immenses récompenses.

Il n’est donc pas surprenant que certains préféreraient nous voir stagner un peu plus longtemps, marquer une pause, attendre. Mais cette ville de Houston, cet État du Texas, ce pays des États-Unis n’a pas été construite par des attentistes ni des gens tournés vers le passé. Ce pays a été conquis par ceux qui sont allés de l’avant et il en sera de même pour l’espace.

S’exprimant en 1630 sur la fondation de la colonie de la baie de Plymouth, William Bradford disait que toutes les grandes et honorables actions s’accompagnaient de grandes difficultés et que les deux devaient être entreprises et surmontées avec courage et responsabilité.

Si cette histoire succincte de notre évolution nous apprend quelque chose, c’est que l’homme, dans sa quête de connaissance et de progrès, est déterminé et que rien ne saurait le décourager. L’exploration de l’espace se fera, que nous et prenions partons ou pas. C’est l’une des plus grandes aventures de tous les temps et aucune nation ayant la prétention de se poser en exemple vis-à-vis des autres ne peut envisager de prendre du retard dans la course à l’espace.

Ceux qui nous ont précédé ont fait en sorte que ce pays surfe sur les premières vagues de la révolution industrielle, les premières vagues des inventions modernes et la première vague de l’énergie nucléaire. Cette génération n’a pas l’intention de sombrer dans les remous de l’ère spatiale naissante. Nous avons non seulement l’intention de prendre part à ce cours, mais nous comptons bien en prendre la tête. Car les yeux du monde sont dorénavant tournés vers l’espace, vers la Lune et les planètes au-delà, et nous avons fait le serment de ne pas voir cet espace sous le joug d’un étendard hostile et spoliateur, mais sous la bannière de la liberté et de la paix. Nous avons fait le serment de ne pas voir l’espace envahi par des armes de destruction massive, mais par des instruments de connaissance et de découverte.

Cependant, les promesses de cette nation ne pourront être tenues qu’à l’impérieuse condition que nous soyons les premiers. Et telle est bien notre intention. En résumé, notre suprématie dans le domaine scientifique et industriel, nos espoirs de paix et de sécurité, nos obligations envers nous-mêmes et envers les autres, tout cela exige de nous cet effort ; afin de percer ces mystères pour le bien de l’humanité toute entière et devenir la première nation au monde à s’engager dans l’espace.

Nous levons les voiles pour explorer ce nouvel océan, car il y a de nouvelles connaissances à posséder, de nouveaux droits à conquérir, qui doivent être conquis et utilisés pour le développement de tous les peuples. Car la science spatiale, comme la science nucléaire et toutes les technologies, n’a pas de conscience impliquée. Qu’elle devienne une force bénéfique ou maléfique dépend de l’homme et c’est seulement si les États-Unis occupent une position prééminente que nous pourrons décider si ce nouvel océan sera un havre de paix ou un nouveau champ de bataille terrifiante. Je ne dis pas que nous ne devons pas nous protéger contre une utilisation agressive de l’espace, de même que nous devons nous préparer contre d’éventuelles actions hostiles sur terre ou en mer. Je dis que l’espace peut être exploré et exploité sans attiser les feux de la guerre, sans répéter les erreurs que l’homme a commises en étendant son emprise sur cette planète qui est la nôtre.

Pour le moment, il n’existe ni différend, ni querelle, ni conflit national dans l’espace. Ses dangers inhérents constituent une menace pour nous tous. La conquête de l’espace mérite ce que l’humanité a de mieux à offrir et ses opportunités de coopération pacifique pourraient bien ne jamais se représenter. Mais pourquoi la Lune, s’interrogera certains ? Pourquoi en faire notre objectif ? Ils pourraient tout aussi bien demander pourquoi gravir la plus haute montagne ? Pourquoi, il y a trente-cinq ans, traverser l’Atlantique ? Pourquoi l’équipe de Rice continue-t-elle de jouer contre celle de l’université du Texas ?

Nous avons choisi d’aller sur la Lune. Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile. Parce que cet objectif servira à organiser et à offrir le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que c’est le défi que nous sommes prêts à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter, tout comme les autres.

C’est pour ces raisons que je considère la décision prise l’an dernier de faire passer nos efforts dans le domaine spatial à la vitesse supérieure comme l’une des plus importantes de mon mandat présidentiel.

Lors de ces dernières 24 heures, nous avons visité les installations en cours de construction, pour la plus belle et plus complexe exploration de l’histoire de l’humanité. Nous avons senti le sol trembler et l’air vibrer lors du test des moteurs d’une fusée de lancement Saturne C-1, dont la puissance, plusieurs fois supérieure à l’Atlas qui a lancé John Glenn, équivaut à 10 000 automobiles conduites pied au plancher. Nous avons visité le site où cinq propulseurs F-1, chacun aussi puissant que les huit moteurs de la Saturne combinés, seront regroupés pour propulser la nouvelle fusée Saturne. Celle-ci sera assemblée dans un bâtiment en cours de construction à Cap Canaveral, aussi haut qu’un immeuble de 48 étages, aussi grand qu’un quartier urbain et aussi long que deux longueurs de ce stade.

Au cours des 19 derniers mois, pas moins de 45 satellites ont fait le tour de la Terre. Près de 40 d’entre eux ont été fabriqués aux États-Unis d’Amérique. Ils sont bien plus désignés et ont fourni bien plus d’informations aux peuples du monde entier que ceux de l’Union Soviétique.

Le vaisseau spatial Mariner, actuellement en route vers Vénus, est l’appareil le plus évolué de l’histoire de la conquête de l’espace. La précision de sa trajectoire est telle, qu’à titre de comparaison, cela reviendrait à faire tomber un missile tiré de Cap Canaveral exactement sur la ligne des quarante mètres de ce stade.

Les satellites de navigation indiquent à nos navires de faire route avec précision et en toute sécurité. Les satellites Tiros nous ont permis de prévoir le passage d’ouragans et de tempêtes avec une précision sans précédent. Il en sera bientôt de même pour les feux de forêt et les icebergs.

Nous avons subi des échecs, mais les autres aussi, même s’ils refusent de l’admettre et qu’ils ne les rendent pas publics.

Il est certain que nous sommes en retard et nous le serons encore quelques temps en ce qui concerne les vols habités. Mais nous n’avons pas l’intention de rester en arrière et au cours de cette décennie, nous allons rattraper notre retard et prendre la tête.

Le développement de notre science et de notre éducation sera enrichi par une nouvelle connaissance de notre univers et de notre environnement, par de nouvelles techniques d’étude, d’exploration et d’observation, par de nouveaux outils et des ordinateurs pour l’industrie, la médecine, ainsi que dans le cadre familial et scolaire. Les institutions à vocation technologique, telles que Rice, pourront en récolter les bénéfices.

Et pour finir, l’effort spatial lui-même, pourtant encore balbutiant, a déjà permis la création d’un grand nombre de nouvelles entreprises et de dizaines de milliers de nouveaux emplois. L’aérospatiale et les industries associées génèrent de nouveaux besoins en termes d’investissements et de personnels qualifiés. Cette ville, cet État et cette région bénéficieront de cette croissance. Ce qui était l’avant-poste le plus éloigné de la vieille frontière de l’Ouest sera à l’avant-garde de la nouvelle frontière de la science et de l’espace. Houston, votre ville de Houston, avec son centre dédié aux vols spatiaux habités, deviendra le lieu de rassemblement d’une grande communauté de scientifiques et d’ingénieurs. Au cours des cinq prochaines années, l’Administration Nationale de l’Aéronautique et de l’Espace prévoit de doubler le nombre de scientifiques et d’ingénieurs dans ce secteur, d’augmenter sa masse salariale et ses autres dépenses de 60 millions de dollars par an, d’investir environ 200 millions dans la construction d’infrastructures et de laboratoires et, dans le cadre de nouveaux efforts pour la recherche spatiale, d’investir dans cette ville plus d’un milliard en contrats divers.

Il est certain que tout cela coûte très cher. Le budget spatial de l’exercice en cours est trois fois supérieur à celui de janvier 1961 et il est supérieur aux budgets spatiaux combinés des huit dernières années. Ce budget est aujourd’hui de cinq milliards quatre cents millions de dollars par an. Une somme certes exorbitante, mais qui reste néanmoins inférieure à nos dépenses annuelles en cigarettes et cigares. Les dépenses spatiales augmenteront bientôt encore un peu, passant de 40 cents par personne et par semaine à plus de 50 cents par semaine pour chaque homme, femme et enfant des États-Unis, car nous avons attribué à ce programme une haute priorité nationale, même si j’ai bien conscience qu’il s’agit dans une certaine mesure d’un acte de foi, d’une vision d’avenir dont nous ne conserverons pas encore les bénéfices que nous en tirerons. Mais si je vous dis, mes chers concitoyens, que nous allons envoyer sur la Lune, à plus de 380 000 kilomètres du centre de contrôle de Houston, une fusée géante de près de 100 mètres de haut, la longueur de ce terrain de football, fabriquée avec de nouveaux alliages dont certains n’ont pas encore été inventés, capable de supporter une chaleur et une pression plusieurs fois supérieures à celles jamais expérimentées, assemblée avec une précision supérieure à celle des meilleures montres, incorporant tous les équipements nécessaires à la propulsion, au guidage, au contrôle, aux communications, à l’alimentation et à la survie, pour accomplir une mission encore jamais tentée, vers un corps céleste inconnu, que nous la ferons revenir sur la Terre, où elle fera son entrée dans l’atmosphère à une vitesse proche de 40 000 km/h, générant une température atteignant la moitié de celle qui règne à la surface du Soleil, presque aussi chaude qu’aujourd’hui et que nous sommes déterminés à le, le faire bien, et le faire les premiers avant la fin de la décennie, pour cela nous devons faire preuve d’audace.

C’est moi qui fais tout le travail, je vous demande juste de rester tranquille encore une minute. [rires]

Je pense cependant que nous y arriverons, mais nous devrons en payer le prix. Il n’est pas question de gaspiller de l’argent, mais je pense que nous avons le devoir de mener à bien ce projet. Et cela sera fait dans cette décennie des années soixante. Nous accomplirons peut-être ce projet alors que certains d’entre vous seront encore ici à poursuivre leurs études dans cette université ou pendant les mandats électoraux de certaines personnes assises ici sur cette estrade. Quoi qu’il en soit, nous l’accomplirons et ce, avant la fin de la décennie.

Je suis ravi que cette université soit impliquée dans ce projet d’envoyer un homme sur la Lune, dans le cadre de cet effort national gigantesque entrepris par les États-Unis d’Amérique.

Il y a quelques années, on a demandé au grand explorateur britannique George Mallory, qui devait trouver la mort sur le Mont Everest, pourquoi il voulait gravir cette montagne. Il a répondu : « Parce qu’elle est là ! »

Eh bien, l’espace est là et nous allons y aller. La Lune et les planètes sont là également et avec elles, de nouveaux espoirs de connaissances et de paix. C’est pourquoi, avant de nous lancer dans cette aventure, la plus incertaine, la plus dangereuse et la plus grande que l’homme ait jamais connu, nous implorons la bénédiction de Dieu !

Je vous remercie.

John F. Kennedy, discours prononcé le 12 septembre 1962 à l’Université Rice à Houston (Texas)


Version américaine d’origine :

President Pitzer, Mr. Vice President, Governor, Congressman Thomas, Senator Wiley, and Congressman Miller, Mr. Webb, Mr. Bell, scientists, distinguished guests, and ladies and gentlemen :

I appreciate your president having made me an honorary visiting professor, and I will assure you that my first lecture will be very brief.

I am delighted to be here and I’m particularly delighted to be here on this occasion.

We meet at a college noted for knowledge, in a city noted for progress, in a State noted for strength, and we stand in need of all all three, for we meet in an hour of change and challenge, in a decade of hope and fear, in an age of both knowledge and ignorance. The greater our knowledge increases, the greater our ignorance unfolds.

Despite the striking fact that most of the scientists that the world has ever known are alive and working today, despite the fact that this Nation¹s own scientific manpower is doubling every 12 years in a rate of growth more than three times that of our population as a whole, despite that, the vast stretches of the unknown and the unanswered and the unfinished still far outstrip our collective comprehension.

No man can fully grasp how far and how fast we have come, but condense, if you will, the 50,000 years of man¹s recorded history in a time span of but a half-century. Stated in these terms, we know very little about the first 40 years, except at the end of them advanced man had learned to use the skins of animals to cover them. Then about 10 years ago, under this standard, man emerged from his caves to construct other kinds of shelter. Only five years ago man learned to write and use a cart with wheels. Christianity began less than two years ago. The printing press came this year, and then less than two months ago, during this whole 50-year span of human history, the steam engine provided a new source of power.

Newton explored the meaning of gravity. Last month electric lights and telephones and automobiles and airplanes became available. Only last week did we develop penicillin and television and nuclear power, and now if America’s new spacecraft succeeds in reaching Venus, we will have literally reached the stars before midnight tonight.

This is a breathtaking pace, and such a pace cannot help but create new ills as it dispels old, new ignorance, new problems, new dangers. Surely the opening vistas of space promise high costs and hardships, as well as high reward.

So it is not surprising that some would have us stay where we are a little longer to rest, to wait. But this city of Houston, this State of Texas, this country of the United States was not built by those who waited and rested and wished to look behind them. This country was conquered by those who moved forward–and so will space.

William Bradford, speaking in 1630 of the founding of the Plymouth Bay Colony, said that all great and honorable actions are accompanied with great difficulties, and both must be enterprised and overcome with answerable courage.

If this capsule history of our progress teaches us anything, it is that man, in his quest for knowledge and progress, is determined and cannot be deterred. The exploration of space will go ahead, whether we join in it or not, and it is one of the great adventures of all time, and no nation which expects to be the leader of other nations can expect to stay behind in the race for space.

Those who came before us made certain that this country rode the first waves of the industrial revolutions, the first waves of modern invention, and the first wave of nuclear power, and this generation does not intend to founder in the backwash of the coming age of space. We mean to be a part of it–we mean to lead it. For the eyes of the world now look into space, to the moon and to the planets beyond, and we have vowed that we shall not see it governed by a hostile flag of conquest, but by a banner of freedom and peace. We have vowed that we shall not see space filled with weapons of mass destruction, but with instruments of knowledge and understanding.

Yet the vows of this Nation can only be fulfilled if we in this Nation are first, and, therefore, we intend to be first. In short, our leadership in science and in industry, our hopes for peace and security, our obligations to ourselves as well as others, all require us to make this effort, to solve these mysteries, to solve them for the good of all men, and to become the world’s leading space-faring nation.

We set sail on this new sea because there is new knowledge to be gained, and new rights to be won, and they must be won and used for the progress of all people. For space science, like nuclear science and all technology, has no conscience of its own. Whether it will become a force for good or ill depends on man, and only if the United States occupies a position of pre-eminence can we help decide whether this new ocean will be a sea of peace or a new terrifying theater of war. I do not say the we should or will go unprotected against the hostile misuse of space any more than we go unprotected against the hostile use of land or sea, but I do say that space can be explored and mastered without feeding the fires of war, without repeating the mistakes that man has made in extending his writ around this globe of ours.

There is no strife, no prejudice, no national conflict in outer space as yet. Its hazards are hostile to us all. Its conquest deserves the best of all mankind, and its opportunity for peaceful cooperation many never come again. But why, some say, the moon? Why choose this as our goal? And they may well ask why climb the highest mountain? Why, 35 years ago, fly the Atlantic? Why does Rice play Texas?

We choose to go to the moon. We choose to go to the moon in this decade and do the other things, not because they are easy, but because they are hard, because that goal will serve to organize and measure the best of our energies and skills, because that challenge is one that we are willing to accept, one we are unwilling to postpone, and one which we intend to win, and the others, too.

It is for these reasons that I regard the decision last year to shift our efforts in space from low to high gear as among the most important decisions that will be made during my incumbency in the office of the Presidency.

In the last 24 hours we have seen facilities now being created for the greatest and most complex exploration in man’s history. We have felt the ground shake and the air shattered by the testing of a Saturn C-1 booster rocket, many times as powerful as the Atlas which launched John Glenn, generating power equivalent to 10,000 automobiles with their accelerators on the floor. We have seen the site where the F-1 rocket engines, each one as powerful as all eight engines of the Saturn combined, will be clustered together to make the advanced Saturn missile, assembled in a new building to be built at Cape Canaveral as tall as a 48 story structure, as wide as a city block, and as long as two lengths of this field.

Within these last 19 months at least 45 satellites have circled the earth. Some 40 of them were « made in the United States of America » and they were far more sophisticated and supplied far more knowledge to the people of the world than those of the Soviet Union.

The Mariner spacecraft now on its way to Venus is the most intricate instrument in the history of space science. The accuracy of that shot is comparable to firing a missile from Cape Canaveral and dropping it in this stadium between the the 40-yard lines.

Transit satellites are helping our ships at sea to steer a safer course. Tiros satellites have given us unprecedented warnings of hurricanes and storms, and will do the same for forest fires and icebergs.

We have had our failures, but so have others, even if they do not admit them. And they may be less public.

To be sure, we are behind, and will be behind for some time in manned flight. But we do not intend to stay behind, and in this decade, we shall make up and move ahead.

The growth of our science and education will be enriched by new knowledge of our universe and environment, by new techniques of learning and mapping and observation, by new tools and computers for industry, medicine, the home as well as the school. Technical institutions, such as Rice, will reap the harvest of these gains.

And finally, the space effort itself, while still in its infancy, has already created a great number of new companies, and tens of thousands of new jobs. Space and related industries are generating new demands in investment and skilled personnel, and this city and this State, and this region, will share greatly in this growth. What was once the furthest outpost on the old frontier of the West will be the furthest outpost on the new frontier of science and space. Houston, your City of Houston, with its Manned Spacecraft Center, will become the heart of a large scientific and engineering community. During the next 5 years the National Aeronautics and Space Administration expects to double the number of scientists and engineers in this area, to increase its outlays for salaries and expenses to $60 million a year; to invest some $200 million in plant and laboratory facilities; and to direct or contract for new space efforts over $1 billion from this Center in this City.

To be sure, all this costs us all a good deal of money. This year¹s space budget is three times what it was in January 1961, and it is greater than the space budget of the previous eight years combined. That budget now stands at $5,400 million a year–a staggering sum, though somewhat less than we pay for cigarettes and cigars every year. Space expenditures will soon rise some more, from 40 cents per person per week to more than 50 cents a week for every man, woman and child in the United Stated, for we have given this program a high national priority–even though I realize that this is in some measure an act of faith and vision, for we do not now know what benefits await us.

But if I were to say, my fellow citizens, that we shall send to the moon, 240,000 miles away from the control station in Houston, a giant rocket more than 300 feet tall, the length of this football field, made of new metal alloys, some of which have not yet been invented, capable of standing heat and stresses several times more than have ever been experienced, fitted together with a precision better than the finest watch, carrying all the equipment needed for propulsion, guidance, control, communications, food and survival, on an untried mission, to an unknown celestial body, and then return it safely to earth, re-entering the atmosphere at speeds of over 25,000 miles per hour, causing heat about half that of the temperature of the sun–almost as hot as it is here today–and do all this, and do it right, and do it first before this decade is out–then we must be bold.

I’m the one who is doing all the work, so we just want you to stay cool for a minute. [laughter]

However, I think we’re going to do it, and I think that we must pay what needs to be paid. I don’t think we ought to waste any money, but I think we ought to do the job. And this will be done in the decade of the sixties. It may be done while some of you are still here at school at this college and university. It will be done during the term of office of some of the people who sit here on this platform. But it will be done. And it will be done before the end of this decade.

I am delighted that this university is playing a part in putting a man on the moon as part of a great national effort of the United States of America.

Many years ago the great British explorer George Mallory, who was to die on Mount Everest, was asked why did he want to climb it. He said, « Because it is there. »

Well, space is there, and we’re going to climb it, and the moon and the planets are there, and new hopes for knowledge and peace are there. And, therefore, as we set sail we ask God’s blessing on the most hazardous and dangerous and greatest adventure on which man has ever embarked.

Thank you.

Source : discours du Président des États-Unis J. F. Kennedy, prononcé à l’université Rice (Texas), le 12 septembre 1962, disponible sur le site officiel de la JFKlibrary, ICI

Le discours en version vidéo (compte Youtube officiel de la NASA) :