Ce 24 décembre 1943, c’est la « la quatrième fois » que le Maréchal  Pétain délivre son message de Noël aux Français.

Depuis son discours du 17 juin 1940 annonçant la demande d’armistice faite à l’Allemagne, la voix chevrotante du chef de l’Etat français est devenue familière  et la radio est devenue le moyen de communication le plus simple pour le Maréchal pour  s’adresser aux Français.

À la fin de l’année 1943, alors que  les déboires militaires de l’Allemagne nazie ne cessent de s’accumuler, la France occupée vit dans  un climat de guerre civile larvée entre les attentats, les sabotages et les actions des maquis qui se multiplient et la répression de plus en  plus sauvage de la Milice.

Le  moins qu’on puisse dire, c’est que le message du Maréchal n’est pas à la hauteur de la situation dramatique vécue par les Français. Incapable de se départir de son personnage de « l’homme qui n’est là que pour vous et qui vous aime comme un père » , il ne trace aucune perspective politique crédible, à part faire le vœu pieux «  que la paix sera rendue un jour aux hommes de bonne volonté « . 

Expression d’un pouvoir à bout de souffle et d’un régime vautré dans le déshonneur de la Collaboration, il est douteux que la majorité des Français ait accordé un grande attention à ce message de Noël …


T le dernier message de Noël du maréchal Pétain – 1943

« Mes chers amis,
Pour la quatrième fois, la France célèbre dans l’épreuve et la tristesse un Noël de guerre. Les événements m’obligent à donner à mes vœux l’accent d’une suprême exhortation. Ce soir je m’adresse à vos cœurs de Français. Entendez votre chef qui ne veut être dans le grave et solennel silence de cette veillée qu’un Français qui souffre comme vous, avec vous.

Noël, fête de la famille! Dans les camps, plus d’un million des nôtres ont le cœur meurtri par l’épreuve d’une longue séparation. Dans les usines, les travailleurs sentiront plus vivement ce soir le poids d’un éloignement qui est dû aux exigences de la guerre. Je pense à tous ces foyers où manque la présence protectrice du père vers lequel sont tournés tant de visages d’enfants, tant de regards d’épouses et de mères.
Noël, fête de la Nativité. Et la mort plane sur le monde entier. Et la France subit chaque jour l’épreuve cruelle de nouveaux crimes et l’immense misère des bombardements sous lesquels nos villes s’écroulent jetant sur les routes ceux qui ont échappé au massacre. Malgré tant de désastres, je garde ma foi dans l’avenir de la France, mais je vous supplie, Français, de renoncer aux stériles discussions, aux vaines rivalités, aux haines mortelles. Dans le malheur qui nous accable, tendons-nous des mains fraternelles.
Écoutez un homme qui n’est là que pour vous et qui vous aime comme un père. Une fois de plus, je vous adjure de penser par-dessus tout au péril de mort que courrait notre pays si sur lui s’abattait la hideuse guerre civile ou si triomphaient le communisme et sa barbarie païenne. Croyants, sceptiques ou indifférents, accueillez ce soir cet ultime avertissement. Mais ne finissons pas cette nuit de Noël sur de si douloureuses perspectives ; je veux encore affirmer devant vous et avec vous mon espoir.
Nos prisonniers, nos travailleurs sont loin de nous, ils retrouveront leur foyer. Nos villes sont détruites, nous les reconstruirons. Nos misères sont immenses, mais la tempête passera et les Français recommenceront à s’aimer. Héritiers d’une vieille civilisation, fiers de notre passé, dédaigneux des menaces qui voudraient nous rayer du nombre des grandes puissances, nous pouvons hautement proclamer notre volonté de vivre, notre foi dans l’avenir et notre espoir que la paix sera rendue un jour aux hommes de bonne volonté ».