Au XIXe siècle, le Royaume-Uni, protégé par sa situation de première puissance industrielle, passe au libre-échange en pleine période de famine irlandaise. La mesure améliore le pouvoir d’achat des Irlandais ou des ouvriers anglais alors que l’industrie craignait qu’une augmentation des coûts de main d’œuvre la rendît moins concurrentielle face au progrès des industries étrangères. Alors que d’autres choisissent pour longtemps le protectionnisme, le Royaume-Uni bénéficie pour sa croissance des « hectares fantômes1» qui lui permettent d’externaliser sa production alimentaire au bénéfice de ses ouvriers et au détriment de ses agriculteurs. La question du débat protectionnisme/libre échange demeure un sujet dans le contexte de mondialisation. Celle de l’alimentation des Britanniques en est un dans le contexte du Brexit.


A propos de l’abrogation de la loi sur les céréales

Robert Peel, premier ministre britannique, en réponse à une question aux Communes sur le prix qu’il entendait assurer pour le blé (15 mai 1846)

« Moi, vous garantir un prix ? Ce n’est pas au gouvernement de vous garantir vos profits ; garantissez les vous-mêmes en égalant vos compétiteurs par votre activité et votre intelligence. Je prétends, comme ministre, n’avoir d’autre obligation que celle de consulter l’intérêt public et de pourvoir à la sécurité de l’État […] ».

À propos de l’établissement du libre-échange en Angleterre (1852)

« On m’a demandé si, recevant les marchandises étrangères, j’ai stipulé qu’on recevrait [en retour] les marchandises anglaises. Non, il n’y a pas réciprocité … Je suis las d’envoyer mes ambassadeurs se morfondre dans les cabinets des puissances étrangères pour négocier des traités. SI les puissances étrangères ne comprennent pas leurs intérêts, nous comprenons le nôtre ».

Traduction citée dans Maurice Baumont, « L’essor du libre échange et le retour au protectionnisme », dans Jacques Lacour-Gayet (dir.), Histoire du commerce, t. 5 : Le commerce depuis le milieu du XIXe siècle, 1952 ; cité dans Jean-Alain Lesourd, Claude Gérard, Nouvelle histoire économique, t. 1 : le XIXe siècle, Armand Colin, 1976, p. 263 sq.