L’affiche du PCF utilise le thème du « parti des fusillés » en fondant sa légitimité sur la mémoire de 75 000 résistants fusillés par les Allemands. Il n’est cependant pas possible que les communistes aient eu un nombre de victimes dépassant le double du total des fusillés en France qui est d’environ 30 000. Cette exploitation de la mémoire de la guerre fait évidemment l’impasse sur l’entrée officielle tardive du PCF dans la résistance, celle-ci étant liée à l’attaque allemande (opération Barbarossa) contre l’URSS au printemps 1941. Avant cette période, le PCF était installé dans le contexte du pacte germano-soviétique de 1939.

Des communistes ont effectivement résisté avant l’ordre de la direction, comme Guingouin dans le Limousin. Ce sont les seuls vrais résistants avant 1941 mais ils sont mis en marge du PCF dès 1945.

L’Étincelle, revue du RPF (Rassemblement du peuple français, gaulliste) stigmatise la réécriture de l’histoire par le PCF. Se faisant, il lui est impossible de critiquer l’ensemble des résistants en englobant les martyrs effectifs du PCF. L’auteur de l’article recherche donc le consensus en distinguant les chefs du PCF, réputés de mauvaise foi, et les authentiques résistants de la base du PCF. Cette recherche de consensus a été initiée par de Gaulle. En ayant tendance à résumer la résistance à une création de de Gaulle relayée en France par Jean Moulin, le RPF contribue de son côté à la construction d’une mémoire gaulliste qui occulte la complexité et la diversité de la résistance.

|

1. La mémoire communiste du Parti des fusillés

Affiche communiste pour les élections municipales et législatives de 1945-1946
Affiche communiste pour les élections municipales et législatives de 1945-1946
|

2. L’opposition des gaullistes à la mémoire communiste

Tout le monde sait qu’il a fallu attendre jusqu’en 1941 et l’agression hitlérienne contre la Russie pour que le Parti communiste abandonne sa politique de neutralité envers l’Allemagne nazie. Encore lui faudra-t-il des mois avant que son organisation commence à se manifester. C’est seulement au printemps 1942 que les FTP entrent en contact, par l’intermédiaire du colonel Rémy, avec la France combattante. Le général de Gaulle a rendu, à Rennes, le 27 juillet 1947, un hommage mérité à ceux des communistes qui ont, à partir de ce moment, combattu aux côtés des FFL et des FFC de l’intérieur qui « tenaient le front » depuis 1940. Mais que penser des chefs communistes qui, tandis que ces combattants se sacrifiaient, donnaient tout leur soin au noyautage politique, en prévision de la Libération ? Pour eux, la Résistance n’a été que l’une des phases de leur tactique dans la marche à la dictature. C’est pourquoi, sans jamais nous abaisser à marchander aux résistants communistes de la base, l’hommage qui leur est dû, nous nous refusons à entériner l’imposture inique des chefs communistes qui se font un piédestal de « leurs morts ».

Article non signé paru dans la revue gaulliste L’Étincelle, n° 16, 9 août 1947.|

|


Analyse de deux documents

  • En comparant les deux documents, vous expliquerez pourquoi gaullistes et communistes s’affrontent autour de la mémoire de la France résistante.