Entre le XIIIème et le XVIIIème siècle, les animaux pouvaient être traînés devant la justice et condamnés au même titre que les hommes. Si, globalement, 90% des affaires concernaient les cochons, des chevaux, dauphins ou bien sûr des chats ont eu à faire face à la justice des hommes. Les animaux peuvent être traduits soit :

  • devant un tribunal laïc : c’est le cas des animaux domestiques (comme les cochons, les chevaux ou les bœufs) reconnus coupables de blessure ou d’homicide. Ils sont condamnés, en plus du rituel d’humiliation, à mort par pendaison, bûcher, ou décapitation. 
  • soit devant un tribunal ecclésiastique : cela concerne en premier lieu les animaux de petite taille (tels que les insectes ou les limaces) qui détruisent les récoltes. En général, on les déclare maudits, on les excommunie et on procède à un exorcisme.

L’affaire sans doute la plus célèbre a lieu en 1386, dans la région de Falaise, située en Normandie. À l’époque, loin d’être parqués dans des enclos, les cochons déambulaient librement en jouant le rôle d’éboueurs. Un jour, une truie renversa un nouveau-né et commença à le dévorer. La truie fut attrapée et traduite en justice…


 

« Le 9ème jour de janvier l’an 1387, devant Girot de Monfort, tabellion du roi notre sire à Falaise, fut présent maître Nicole Morier, bourreau de Falaise, qui connu et confessa avoir eu et reçu du sage Regnaut Bigaut, vicomte de Falaise, par la main de Colin Gillain son lieutenant général, la somme de dix sous et dix deniers tournois, pour sa peine et en salaire d’avoir trainée et puis pendue a la justice de Falaise une truie de l’âge de trois ans ou environ qui appartenait à un individu appelé Jouvet Le Maçon habitant de la paroisse de La Ferté Macy, qui avait mangé le visage de l’enfant dudit Maçon qui était ou bers et était âgé d’environ trois mois, tellement que ledit enfant en mourut, X s.t. […]

[Signature : Girot de M.] »

 

Source : Archives départementales de l’Orne, quittance du bourreau

(l’écriture a été modernisée pour faciliter la compréhension)

Pour aller plus loin :

  • France culture :  les étranges procès d’animaux, 28 décembre 2018
  • Michel Pastoureau, Une Histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, Seuil, 2004,  448 pages
  • LaurentLitzenburger, Les procès d’animaux en Lorraine (XIVème-XVIIIème siècles) revue Hypermédia, 2011, consultable en ligne ICI