Le basilic est une créature légendaire qui a connu de multiples évolutions tout au long des siècles.

Ses derniers avatars en font une créature intervenant dans les mangas ou encore dans la Chambre des secrets, premier opus de la saga Harry Potter. Au Moyen Âge, il devient très souvent une sorte de gallinacée dotée d’ailes et d’une longue queue. Durant l’Antiquité, au moins dans les écrits tardifs, il est présenté comme un serpent, fils de la Gorgone Méduse et ayant comme sa génitrice, le pouvoir de pétrifier ceux qui se présentent à lui. Ces écrits, note Danielle Jouanna (Le Serpent chez les Grecs, Les Belles Lettres, 2025, p.170), « renvoient peut-être à un serpent qu’auraient découvert en Asie ou en Inde les troupes d’Alexandre, à la fin du IVe siècle, et qu’elles auraient décoré du nom de « serpent royal » (basilicon). Les deux textes ci-dessous sont tirés de l’excellent ouvrage Le Serpent chez les Grecs de l’historienne précédemment citée.


Chez le médecin et poète Nicandre (250-170), le basilic est de petite taille mais il effraye tout ceux qui s’en approchent. Chez le naturaliste Pline l’Ancien (23-79), il corrode tout ce qu’il rencontre.

« Reconnais à ces traits, petit mais l’emportant sur tous, le roi des reptiles. De corps, il présente une tête pointue, il est blond et ne fait pas plus de trois palmes, mesuré de bout en bout. Or, les bêtes mordantes aux lourds replis qu’abrite la terre ne supportent pas son sifflement, lorsque, allant à la pâture ou au bois, ou bien encore désireuses de s’abreuver, on les voit se hâter, à l’heure de midi : au contraire, elles font volte-face et prennent la fuite. Son coup fait enfler le corps de sa victime, dont les membres laissent couler des chaires livides et noirâtres. Il n’est pas un seul oiseau amené à passer au-dessus de son cadavre-gypaètes et vautours, et corbeau qui croasse à la pluie ; pas une seule des tribus d’animaux sauvages qui ont un nom dans les montagnes pour s’en repaître : si terrible est l’haleine qu’il dégage. Si la funeste faim dévorante en a mis un à son contact dans son ignorance, sur place il trouve la mort et un rapide destin.

Nicandre, Thériaques, 395-410 (traduction proposée dans D. Jouanna, Les Serpents chez les Grecs, p.170).

 » Le serpent appelé basilic (vient de) la province Cyrénaïque ; sa longueur n’est pas plus de douze doigts ; il a sur la tête une tâche blanche, qui lui fait une sorte de diadème. Il met en fuite tous les serpents par son sifflement. Il ne s’avance pas comme les autres en se repliant sur lui-même, mais il marche en se tenant dressé sur la partie moyenne de son corps. Il tue les arbrisseaux, non seulement par son contact, mais encore par son haleine ; il brûle les herbes, il brûle les pierres, tant son venin est actif. On a cru jadis que, tué d’un coup de lance porté du haut d’un cheval, il causait la mort non seulement du cavalier, mais du cheval lui-même, le venin se propageant le long de sa lance ».

Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, VIII, 3 (traduction proposée dans D. Jouanna, Les Serpents chez les Grecs, p.171).