À l’approche des élections étasuniennes de novembre 2024, les inquiétudes sur la santé du président des Etats-Unis  Joe Biden ne cessent de croître au moment même où Donald Trump, miraculé, est intronisé triomphalement à Milwaukee.

Dans ce contexte, Cliotexte vous propose deux prises de position Démocrates concernant la candidature Biden parues dans les colonnes du New York Times.

 


George Clooney : J’aime Joe Biden mais nous avons besoin d’un nouveau candidat (traduction non officielle)

« Je suis Démocrate depuis toujours, je ne m’en excuse pas. Je suis fier de ce que mon parti représente et défend. Dans le cadre de ma participation au processus démocratique et en soutien de mon candidat désigné, j’ai mené certaines des plus grandes collectes de fonds de mon parti. Barack Obama en 2012. Hillary Clinton en 2016. Joe Biden en 2020. Le mois dernier j’ai co-dirigé la plus grande campagne de levée de fonds en faveur du candidat Démocrate quelqu’il soit, pour la réélection du président Biden. Je dis cela uniquement pour exprimer à quel point je crois en ce processus et à quel point je pense que ce moment est important.

J’aime Joe Biden. Comme sénateur. Comme vice-président et comment président. Je le considère comme un ami, et je crois en lui. Je crois en son caractère. Je crois en sa moralité. Durant les quatre dernières années il a gagné beaucoup de batailles qu’il a dû affronter.

Mais la bataille qu’il ne peut remporter est celle contre le temps. Personne ne le peut. C’est terrible de dire cela, mais le Joe Biden avec qui j’étais il y a trois semaines durant la levée de fonds n’était pas le Joe « big F-ing deal » Biden de 2010. Il n’était même pas le Joe Biden de 2020. Il était le même homme dont nous avons été témoin lors du débat.

Est-il fatigué ? Oui. Un rhume ? Peut-être. Mais les leaders Démocrates doivent arrêter de nous dire que 51millions de personnes n’ont pas vu ce qu’elles ont vu. Nous sommes si terrifiés à l’idéed’un second mandat de Trump que nous avons refusé de voir les signaux d’alerte. L’interview de George Stephanopoulos n’a fait que renforcer ce que nous avons vu la semaine dernière. En tant que Démocrates nous retenons collectivement notre souffle ou baissons le volume à chaque fois que nous voyons le président, que nous respectons, descendre d’Air Force One, marcher vers un micro et répondre à une question non scénarisée.

Est-il juste de mettre en avant ces faits ? Cela doit l’être. C’est une question d’âge. Rien de plus. Mais rien qui ne soit inéluctable. Nous n’allons pas gagner en novembre avec ce président. En plus de cela nous allons perdre le Congrès et aussi le Sénat. Ce n’est pas seulement mon opinion; c’est l’opinion de tous les sénateurs, députés et gouverneurs avec qui j’ai parlé en privé. Chacun d’entre eux, contrairement à ce qu’ils ont pu déclarer publiquement.

Nous adorons parler de la façon dont le Parti Républicain a abdiqué tout le pouvoir et tout ce qui le rendait formidable avec Ronald Reagan et George H.W Bush, à une seule personne qui cherche à conserver la présidence, et pourtant la plupart de nos membres du Congrès ont choisi d’attendre et de voir si le barrage allait céder. Mais c’est déjà le cas. Nous pouvons nous voiler la face et prier pour un miracle en novembre, ou nous pouvons dire la vérité.

Il est au mieux malhonnête de dire que les Démocrates ont déjà voté et que la nomination est entérinée quand nous prenons connaissance d’informations bouleversantes. Nous pensons tous que les Républicains devraient abandonner leur candidat maintenant qu’il est reconnu coupable de 34 crimes. C’est aussi une nouvelle bouleversante. Les leaders Démocrates – Chuck Schumer, Hackeem Jeffries, Nancy Pelosi – et les sénateurs, les députés et les autres candidats qui risquent de perdre en novembre doivent demander au président de se retirer volontairement.

Toutes les histoires effrayantes qu’on nous raconte sur ce qui se passerait ne sont pas vraies. L’argent de la collecte Biden-Harris pourrait être utiliser pour un autre ticket Démocrate. Le nouveau candidat ne sera pas laissé à l’écart des bulletins de vote de l’Ohio. Nous Démocrates avons des personnalités intéressantes. Nous ne sacrons pas nos dirigeants et nous ne faisons pas de culte de la personnalité, nous votons pour un président. Nous pouvons facilement créer un groupe de plusieurs Démocrates importants qui pourraient se présenter et nous dire pourquoi ils sont les mieux à même de diriger le pays et prendre en charge les questions que nous voyons mises en avant dans le cycle de la vengeance que Trump appelle une campagne présidentielle.

Écoutons Wes Moore et Kamala Harris et Gretchen Whitmer et Gavin Newsom et Andy Beshear et J.B Pritzker et d’autres. Soyons d’accord sur le fait que les candidats ne s’attaquent pas les uns les autres mais que, dans le court temps que nous avons, se concentrent sur ce qui fera avancer le pays. Ensuite nous pourrons aller à la convention Démocrate et régler cela.

Est-ce que cela sera chaotique ? Oui, La démocratie est chaotique. Mais est-ce que cela animerait notre parti et réveillerait nos électeurs qui, bien avant le débat de juin, nous ont quitté ? C’est certain. La courte campagne jusqu’aux élections est un avantage pour nous et non un danger. Cela nous donnerait la chance de mettre en avant l’avenir sans l’opposition et les campagnes négatives qu’accompagnent les longues saisons électorales. Cela pourrait être une période passionnante pour la démocratie, comme nous venons de le voir avec les près de 200 candidats français qui se sont alliés et ont mis de côté leurs ambitions personnelles pour sauver leur démocratie de l’extrême droite.

Joe Biden est un héros; il a sauvé la démocratie en 2020. Nous avons besoin de lui pour le refaire en 2024. »

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Bernie Sanders : Joe Biden comme président (traduction non officielle)

« La Tribune a été publiée avant la tentative d’assassinat sur l’ancien président Trump et a été mise à jour par son auteur pour refléter la fusillade.

Ce week-end, nous avons été témoin de l’horrifiante tentative d’assassinat de l’ancien président Trump. Il n’y a absolument aucune place pour la violence politique dans notre pays, et nous devons tous la condamner sans aucun détour.

Dans les semaines qui viennent, alors que la nation se remettra de ce tragique événement, nous ne devons pas perdre de vue l’enjeu crucial des élections de novembre et des millions de travailleurs étasuniens dont l’accès à une assurance santé abordable, des salaires décents et une planète habitable est en jeu.

Je ferai tout ce qui m’est possible pour voir le président Biden réélu. Pourquoi ? Au delà des désaccords avec lui sur des points particuliers, il a été le président le plus efficace de l’histoire récente de notre pays et est le candidat le plus fort pour battre Trump – un démagogue et menteur pathologique. Il est temps d’apprendre des forces progressistes et centristes en France qui, malgré de grandes divergences politiques, ont su s’unir cette semaine pour vaincre l’extreme droite.

Je suis en profond désaccord avec Biden sur la question du soutien étasunien à l’horrible guerre israélienne contre le peuple palestinien. Les Etats-Unis ne devraient pas soutenir financièrement le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahu alors qu’il est à l’origine du pire désastre humanitaire de l’histoire récente.

Je suis en profond désaccord avec la conviction du président que l’Affordable Care Act, si utile qu’il fut, réglera la crise sanitaire étasunienne. Notre système de santé est brisé, dysfonctionnel et terriblement cher et a besoin d’être remplacé par un système à payeur unique « Medicare for all ». La santé est un droit humaine.

Et ce ne sont pas mes seuls désaccords avec Biden.

Mais depuis deux semaines maintenant, les médias institutionnels sont obnubilés par le débat présidentiel de juin et sur les capacités cognitives d’un homme qui a, peut-être, le boulot le plus difficile et stressant du monde. Ils ont frénétiquement recherché chaque être vivant qui ne soutenait plus le président ou tout neurologue qui souhaitait apparaître à la télévision. Malheureusement trop de démocrates ont participé à cette exécution.

Oui je sais : Biden est vieux, est sujet aux gaffes, marche de manière raide et a eu un débat désastreux avec Trump. Mais je sais aussi qu’une élection présidentielle n’est pas un divertissement et que cela ne se joue pas sur un débat de 90 minutes.

Assez ! Biden n’est peut-être pas le candidat idéal, mais il sera le candidat et doit être le candidat. Et avec une campagne efficace qui parle aux besoins des travailleurs, il vaincra Trump largement. Il est temps pour les Démocrates de cesser les querelles et les pinaillages.

Je comprends que certains Démocrates soient nerveux à l’idée de devoir expliquer les erreurs du président et ces confusions. Mais, contrairement aux Républicains, ils ne doivent défendre un candidat qui a 34 condamnations actuellement et doit faire face à des accusations pouvant entraîner des dizaines d’autres condamnations, qui a été jugé responsable dans une affaire d’abus sexuel et condamné à 5 millions de dollars, a été impliqué dans plus de 4000 poursuites, a fait faillite plusieurs fois et proféré des milliers de mensonges et de falsifications documentés.

Les supporters de Biden peuvent fièrement défendre un bon et décent président Démocrate, avec un bon bilan. L’administration Biden, dans la continuité du plan de sauvetage étasunien, a aidé à la reconstruction de l’économie durant la pandémie plus rapidement que les économistes ne le jugeaient possible. A un moment où les gens sont terrifiés par le futur, le président et ceux qui l’ont supporté au Congrès, ont remis les étasuniens au travail, ont redonné de l’argent aux parents désespérés et protégé les petites entreprises, les hôpitaux, les écoles et les garderies.

Après des décennies de discussions sur nos routes, nos ponts et nos systèmes d’eau qui s’effondrent, nous avons mis plus d’argent que jamais par le passé dans la reconstruction des infrastructures étasuniennes, ce qui devrait créer des millions d’emplois bien payés. Et nous ne sommes pas arrêtés là. Nous avons fait le plus grand investissement jamais réalisé dans le climat pour sauver la planète. Nous avons annulé la dette étudiante de plus de 5 millions d’étasuniens en grande difficulté. Nous avons diminué le prix de l’insuline et des inhalateurs pour l’asthme, plafonné le prix des médicaments sur ordonnance et obtenu des vaccins gratuits pour le peuple. Nous nous sommes battus pour les droits des femmes face aux juristes nommés par Trump pour faire reculer les droits et nier aux femmes le droit de contrôler leur propre corps.

Donc oui, Biden a un bilan à défendre. Un bilan solide. Mais lui et ses supporters ne devraient pas laisser entendre que cela serait suffisant. Pour gagner cette élection le président doit faire plus que de simplement défendre son bilan. Il doit proposer, et se battre, pour un programme audacieux qui parle à une vaste majorité du peuple – les familles de travailleurs du pays, les personnes laissées pour compte depuis bien trop longtemps.

A un moment où les milliardaires n’ont jamais été aussi à l’aise et où les Etats-Unis connaissent une inégalité de revenus et de richesse sans précédent, plus de 60% des étasuniens vivent au jour le jour, les salaires hebdomadaire réels n’ayant pas augmenté depuis 50 ans, 25% des personnes âgées vivent avec 15000$ ou moins par an, nous avons un taux de pauvreté infantile plus élevé que presque tous les autres pays développés et le logement devient de plus en plus inabordable – entre autres crises.

C’est le pays le plus riche de toute l’histoire. Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Joe Biden sait cela. Donald Trump ne le sait pas…Joe Biden veut taxer les riches afin que nous puissions venir en aide aux familles de travailleurs, aux personnes âgées, aux enfants, aux malades et aux pauvres. Donald Trump veut réduire les impôts pour les millionnaires. Joe Biden veut étendre la Sécurité Sociale. Donald Trump et ses amis veulent affaiblir la Sécurité Sociale. Joe Biden veut faciliter aux travailleurs la formation de syndicats et leur permettre de négocier collectivement de meilleurs salaires et avantages sociaux. Donald Trump veut laisser les multinationales s’en sortir en exploitant les travailleurs et en arnaquant les consommateurs. Joe Biden respecte la démocratie. Donald Trump l’attaque.

Cette élection offre un choix très net sur chacune de ces questions. Si Biden et ses partisans se concentrent sur celles-ci – et refusent d’être divisés et distraits – le président ralliera les familles de travailleurs à ses côtés dans les Etats-clés du Midwest industriel et ailleurs et remportera l’élection de novembre. Et laissez moi vous le dire de la manière la plus catégorique : pour le bien de nos enfants et des générations futures, il doit gagner. »

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