Ignacio Ramonet, rédacteur en chef du mensuel « Le Monde diplomatique », écrit dans l’édition d’août 2000
» Depuis le clonage de la brebis Dolly, en février 1997, on sait que celui de l’homme est à portée d’éprouvette. (…) On a cloné, depuis, des souris à Hawaï, des moutons en Nouvelle-Zélande et au Japon, des chèvres en Amérique du Nord, etc. Dès 1998, la revue scientifique britannique The Lancet estimait que, malgré les mises en garde morales et mondiales, la création d’êtres humains par clonage était devenue « inévitable », et elle appelait la communauté médicale à « l’admettre dès maintenant ».
C’est dans cet esprit que les médias ont annoncé la naissance d’une nouvelle ère le 26 juin 2000, date du décryptage des quelques trois milliards de paires de bases, enchaînées le long des vingt-trois chromosomes qui composent notre patrimoine héréditaire. Cela va permettre le séquençage des gènes impliqués dans des maladies. Potentiellement, les bénéfices pour l’humanité sont énormes, l’identification d’un gène responsable d’une maladie héréditaire ouvrant la voie à la découverte d’un possible traitement et à sa guérison.
Mais on est loin d’avoir pris l’exacte mesure des conséquences de cette découverte, qui peut déboucher sur de dangereuses dérives. La génétique permet désormais à l’homme de procéder, comme jamais, à « une appropriation sauvage du monde, la version moderne de l’esclavagisme ou de la mise en coupe des ressources naturelles, comme l’ont montré les entreprises coloniales ». Car breveter des gènes revient à privatiser un patrimoine commun à l’humanité. Et vendre l’information à l’industrie pharmaceutique – qui la réservait à quelques privilégiés – risque de transformer cette avancée scientifique majeure en nouvelle source de discrimination.
De surcroît, l’ingénierie génétique préfigure un eugénisme de type nouveau ouvrant sur une sorte de transhumanité. Ne voit-on pas là resurgir le fantasme de l' »enfant parfait », sélectionné en fonction de l’excellence de son code génétique ?
Nos sociétés osent à peine se l’avouer. Une indicible frayeur commence à les hanter: l’espèce humaine va-t-elle faire l’objet d’un usinage en règle ? (…) Allons-nous vers une invasion des HGM : des hommes génétiquement modifiés… ? »
Discours de George W. Bush sur l’état de l’Union (extraits)
31 janvier 2006
« Ces avancées montrent une transformation tranquille, une révolution des consciences. Une génération montante est en train de découvrir qu’une vie de responsabilité personnelle est une vie d’accomplissements (…). Une société d’espoir repose sur des institutions scientifiques et médicales qui n’oublient pas les aspects éthiques et reconnaissent la valeur incomparable de chaque vie.
Je vous demande d’adopter une législation qui interdise les plus flagrants abus de la recherche médicale : le clonage humain sous toutes ses formes, la création et l’implantation d’embryons pour des expériences, la création d’hybrides d’humains et d’animaux, et l’achat, la vente ou le brevetage d’embryons humains. La vie humaine est un don de notre Créateur, et ce don ne doit jamais être dévalué, détourné, dévalué, ou proposé à la vente (…). »