Rimbaud se trouvait à Paris quelques jours avant l’insurrection ; fervent admirateur du mouvement, il en célèbre l’un des faits les plus marquants : la participation des femmes du peuple à la Commune.
J.-B. Clément est l’auteur du Temps des cerises, chanson à la mode pendant la Commune ; membre de la Commission de l’Enseignement, jusqu’à la fin il mène la lutte contre les Versaillais. Il parvint à s’enfuir en Angleterre.

Les mains de Jeanne-Marie

 » Jeanne-Marie a des mains fortes, Mains sombres que l’été tanna, Mains pâles comme des mains mortes

Ce sont des ployeuses d’échines Des mains qui ne font jamais mal, Plus fatales que des machines, Plus fortes que tout un cheval !

Remuant comme des fournaises, Et secouant tous ses frissons, Leur chair chante des Marseillaises Et jamais des Eleisons! (…)

L’éclat de ces mains amoureuses Tourne le crâne des brebis! Dans leurs phalanges savoureuses Le grand soleil met un rubis!

Elles ont pâli, merveilleuses, Au grand soleil d’amour chargé, Sur le bronze des mitrailleuses A travers Paris insurgé! (…)  »

Arthur Rimbaud (cité par M. Choury, Les Poètes de la Commune, Seghers, 1970).


 » Ce que je cherche, à bout d’espoir Sous ces pavés, sous ces ruines, A même ce sang rouge et noir, Parbleu tu le devines : C’est un gaillard, et l’un de ceux Qui n’ont jamais eu froid aux yeux… C’est Martin qu’on le nomme Soldat, l’as-tu vu ?… C’est mon homme. Il porte une cotte de velours, Une vareuse à laine bleue ; Le béret qu’il met les grands jours, On le voit d’une lieue. Son linge est propre comme un sou, Marqué J. M. et sans un trou… C’est Martin… Voilà Martin… Quant au moral, En dire long c’est pas la peine Il travaille comme un cheval Six grands jours par semaine ; Il est bon comme du pain blanc, Et broierait du fer dans sa main… C’est Martin… Je le connais depuis douze ans Et je l’ai toujours vu le même. J’ai de lui six enfants Et j’ai là le septième. Qu’est-ce que je leur dirai là-bas Si je ne le retrouve pas… C’est Martin qu’on le nomme Soldat l’as-tu vu?… C’est mon homme.  »

Jean-Baptiste Clément, Chansons (Londres 1874, éd. Bassereau ; G. Robert, Paris, 1885.)