Grèce : les guerres médiques
1ère Guerre médique : la bataille de Marathon (490 av. J.-C.)
« Lorsque les troupes eurent pris leurs positions et que les sacrifices donnèrent de bons présages, les Athéniens, aussitôt donné le signal de l’attaque, se lancèrent au pas de course contre les Barbares ; l’intervalle qui les en séparait n’était pas de moins de huit stades. Les Perses, quand ils les virent arriver sur eux en courant, se préparèrent à les recevoir ; constatant qu’ils étaient peu nombreux et que, malgré cela, ils se lançaient au pas de course, sans cavalerie, sans archers, ils les crurent atteints de folie, d’une folie qui causerait leur perte totale. C’était l’idée que se faisaient les Barbares ; mais les Athéniens, après qu’ils eurent, en rangs serrés, pris contact avec eux, combattirent de façon mémorable. Ils furent en effet, autant que nous sachions, les premiers de tous les Grecs qui allèrent à l’ennemi en courant, les premiers à supporter la vue de l’équipement des Mèdes et d’hommes portant cet équipement, alors que, jusque-là, rien qu’à entendre le nom des Mèdes, les Grecs étaient pris de peur. La bataille dura longtemps à Marathon. (…) La victoire resta aux Athéniens. Les Perses prirent la fuite ; ils les suivirent, abattant les fuyards, jusqu’au bord de la mer. »
Hérodote, L’Enquête, VI, 111-113, trad. A. Barguet
2e Guerre médique : la bataille de Salamine (480 av. J.-C.)
« (…) Aussitôt les rames bruyantes, tombant avec ensemble, frappent l’eau profonde en cadence, et tous bientôt apparaissent en pleine vue. L’aile droite, alignée, marchait la première, en bon ordre. Puis la flotte entière se dégage et s’avance, et l’on pouvait alors entendre, tout proche, un immense appel : « Allez, enfants des Grecs, délivrez la patrie, délivrez vos enfants et vos femmes, les sanctuaires des dieux de vos pères et les tombeaux de vos aïeux : c’est la lutte suprême ! » Et voici que de notre côté un bourdonnement en langue perse leur répond : ce n’est plus le moment de tarder. Vaisseaux contre vaisseaux heurtent déjà leurs étraves de bronze. Un navire grec a donné le signal de l’abordage : il tranche la poupe d’un bâtiment phénicien. Les autres mettent chacun le cap sur un autre adversaire. L’afflux des vaisseaux perses d’abord résistait ; mais leur multitude s’amassant dans une passe étroite, où ils ne peuvent se prêter secours et s’abordent les uns les autres en choquant leurs faces de bronze, ils voient se briser l’appareil de leurs rames, et, alors, les trières grecques adroitement les enveloppent, les frappent ; les coques se renversent ; la mer disparaît toute sous un amas d’épaves, de cadavres sanglants ; rivages, écueils, sont chargés de morts, et une fuite désordonnée emporte à toutes rames ce qui reste des vaisseaux barbares – tandis que les Grecs, comme s’il s’agissait de thons, de poissons vidés du filet, frappent, assomment, avec des débris de rames, des fragments d’épaves ! Une plainte mêlée de sanglots règne seule sur la mer au large jusqu’à l’heure où la nuit au sombre visage vient tout arrêter ! Quant à la somme de nos pertes, quand je prendrais dix jours pour en dresser le compte, je ne saurais l’établir. Jamais, sache-le, jamais en un seul jour n’a péri pareil nombre d’hommes. »
Eschyle, Les Perses, V. 350-432
Les Athéniens, défenseurs de la liberté des Grecs
« Nous savons, sans qu’on nous le dise, que le Perse a des forces mille fois plus importantes que les nôtres. Cependant, la liberté nous est si chère que nous nous défendrons comme nous pourrons. (…) Les Lacédémoniens ont eu peur que nous ne traitions avec les Barbares, et leur crainte est fort naturelle, mais c’est, semble-t-il, bassement mettre en doute la noblesse d’Athènes, quand vous la connaissez bien, quand vous savez qu’il n’y a pas au monde assez d’or, une terre assez extraordinaire par sa richesse et sa beauté, pour que nous consentions à ce prix à nous ranger du côté du Perse et à réduire la Grèce en esclavage. Il existe de nombreuses raisons graves pour nous en empêcher, quand nous voudrions le faire, et la première et la plus grave, ce sont les images et les demeures de nos dieux, incendiées, gisant à terre, qui exigent de nous une vengeance éclatante plutôt qu’un accord avec l’auteur de ce crime ; ensuite, il y a le monde grec, uni par la langue et par le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs, nos mœurs qui sont les mêmes, et cela, des Athéniens ne sauraient le trahir. Sachez donc, si par hasard vous ne le saviez pas encore, qu’aussi longtemps qu’il y aura sur terre un Athénien, nous ne pactiserons pas avec Xerxès. »
Hérodote, L’Enquête, VIII, 143-144, trad. A. Barguet.