Un seul maître tu auras
Et aimeras parfaitement.
Jamais tu ne voteras,
Contre son avénement.
A tout ce qu’il demandera,
Tu répondras OUI constamment.
Et tout ce qu’il te dira,
Tu le croiras aveuglément.
Ses ordres exécuteras,
Sans raisonner aucunement.
Les impôts tu lui paieras,
Toujours très exactement,
Afin qu’il ne manque pas
De s’engraisser à tes dépens.
Tes enfants lui donneras,
Pour s’entre-tuer cruellement.
Quoi qu’il fasse tu seras,
Bon gré, mal gré toujours content.
La poule au pot tu auras,
A ce prix là seulement.

« L’instruction obligatoire » est une caricature antiroyaliste. Le maître d’école royaliste, le martinet en main, enseigne à une bourrique quelque peu rétive (le citoyen français) les dix commandements du parfait sujet.

Ministre de 1’Instruction publique en 1879, président du Conseil en 1880-1881, puis de 1883 à 1885, Jules Ferry jette les bases de l’enseignement primaire public. En 1881, celui-ci devient gratuit, en 1882 obligatoire et laïc. Dans des débats parlementaires très vifs, Jules Ferry doit défendre son action.

L’instruction primaire, ferment de l’unité nationale :

« Il importe à une société comme la nôtre, à la France d’aujourd’hui, de mêler sur les bancs de l’école les enfants qui se trouveront un peu plus tard mêlés sous le drapeau de la Patrie. Il y a là pour la conservation et le développement de notre unité sociale des moyens d’autant plus puissants qu’ils s’appliquent à des esprits plus malléables et à des âmes plus sensibles. »

La gratuité:

« La rétribution scolaire est encore le plus mauvais des impôts ; non seulement il est blessant pour une partie de la population, celle qu’il met dans la nécessité de réclamer la gratuité, mais c’est un impôt inique, non proportionnel. Il frappe au rebours des besoins, au rebours de la fortune. »

La laïcité :

« Comment, en tête d’un programme d’enseignement obligatoire, vous placeriez un enseignement confessionnel obligatoire ? Mais c’est la négation même de la liberté de conscience. En vain, me diriez-vous qu’il s’agit de quelques protestants et d’un très petit nombre de libres penseurs : les questions de liberté de conscience ne sont pas des questions de quantité, ce sont des questions de principe. »

Source : Jules Ferry, Discours, A. Colin éd., passim.