Les critiques de George Soros
G. Soros, célèbre spéculateur parfois décrié, critique aussi les excès du néolibéralisme et défend une société ouverte où l’État joue son rôle régulateur.
« Le système capitaliste mondial est soutenu par une idéologie ancrée dans la théorie de la concurrence parfaite. Selon cette théorie, les marchés tendent à l’équilibre et l’équilibre correspond à la distribution de ressources la plus efficace. Toute contrainte imposée à la libre-concurrence gêne le mécanisme des marchés : il convient donc d’y résister. Cette idéologie est celle du laisser-faire, mais le terme « intégrisme du marché » me semble plus approprié. En effet, l’intégrisme implique un certain nombre de croyances facilement portées à l’extrême. »
G. Soros, La crise du capitalisme mondial, Plon, 1998, p. 179
« Quand j’ai fondé le Open Society Fund en 1979, sa mission, telle que je [l’auteur, G. Soros] la formulais à l’époque, consistait à contribuer à l’ouverture des sociétés fermées [ = dogmatiques, totalitaires, genre URSS] , à rendre les sociétés ouvertes [libres, démocratiques, capitalistes] plus viables et à favoriser un mode de pensée critique » (…)
« Lors de l’effondrement soviétique, j’ai décelé une faille dans mon cadre conceptuel. En effet, les sociétés ouvertes et les sociétés fermées y étaient considérées comme les pôles d’une alternative. Cette dichotomie était peut-être juste pendant la guerre froide, alors que deux principes d’organisation sociale diamétralement opposés s’affrontaient en un conflit impitoyable, mais elle ne correspond pas aux conditions qui prévalent depuis la fin de la guerre froide.
J’ai été contraint de comprendre que l’effondrement d’une société fermée ne débouche pas automatiquement sur une société ouverte. En revanche, sa chute peut entraîner la dégradation de l’autorité et la désintégration de la société. Un Etat faible peut-être aussi dangereux pour la société ouverte qu’un Etat autoritaire. Au lieu d’une dichotomie entre société ouverte et société fermée, la société ouverte devient une idée menacée de plus d’un côté.
L’émergence, au cours des années 90, d’un système capitaliste de plus en plus mondialisé a confirmé cette conclusion. »
G. Soros, La crise du capitalisme mondial, Plon, 1998, pp. 125-127