Armoiries de Mazières-en-Gâtine—–>

 » M. Proust avait été nommé maire de la commune [Mazières] en 1881. Une des premières actions de la municipalité qu’il préside sera de faire bâtir une nouvelle école de garçons… En 1881, il fait reconstruire le lavoir. En 1886, il fait construire une école de hameau dans un gros village du Sud de la commune : l’Hirondelle. En 1889, il fait réparer et agrandir le logement de l’école des filles… Tous les ans, il faut inscrire au budget des sommes relativement importantes pour construire de nouveaux chemins vicinaux. Tout cela allait très bien… (mais), dès que l’action du maire touchait aux habitudes et aux croyances, tout le pays s’agitait. Cela parut nettement lors d’un essai de translation du cimetière… Le cimetière était, comme dans beaucoup d’endroits à cette époque, auprès de l’église, en plein bourg… M. Proust qui avait des idées d’urbanisme voulait déplacer le cimetière. Il jeta son dévolu sur un terrain situé dans la direction de la gare et prévit une somme de 2 000 F pour l’expropriation… Mais l’émoi dans la commune grandissait. Beaucoup s’indignaient à l’idée que leurs morts pourraient être déterrés et transférés ailleurs qu’à l’endroit où on les avait mis pour dormir leur dernier sommeil. Le prêtre entretenait cette indignation : le cimetière à côté du presbytère était sa chose et comme le symbole de sa puissance. Et le Conseil municipal dut s’incliner devant le voeu sinon de la majorité, du moins d’une notable partie de la population ; il dut abandonner les projets qu’il avait formés… Le maire accusait le prêtre d’être l’artisan de sa défaite. Celui-ci d’ailleurs était un homme courageux et violent, autoritaire, de foi ardente, intolérante même, intelligent et instruit, et qui ne voulait pas que le pays échappât à son influence… Il était inévitable qu’il y eût un conflit violent entre ce prêtre et le maire dont nous savons l’anticléricalisme et le goût de l’autorité.  »

Source : Roger Thabault, 1848-1914, L’Ascension d’un peuple, mon village, Paris, 1944.