Nous ne savons pratiquement rien d’Hippocrate de Cos, le « Père de la médecine ». Un médecin de ce nom est attesté dans le Protagoras de Platon, ce qui indique qu’il était en activité à hauteur de 430 avant notre ère. La tradition en fait également un descendant du dieu de la médecine Asclépios.
Le corpus hippocratique regroupe une soixantaine de textes qui, dans leur majorité, datent de l’époque classique même si certains sont plus récents. Le traité Du médecin, dont l’extrait ci-dessous est issu, daterait de l’époque hellénistique, voire romaine selon Helen King et Véronique Dasen (La médecine dans l’Antiquité grecque et romaine, Editions BHMS, 2008, p.111).
Dans ce petit texte, on trouve un véritable guide pratique de ce que doit être la bonne attitude du praticien, tant dans sa présentation (l’écrit va même jusqu’à indiquer le type de fragrance qu’il convient d’avoir sur soi !) qu’au niveau de son éthique car, comme l’indique l’auteur, « ce ne sont pas de petits rapports que ceux du médecin avec les malades ».
« La règle du médecin doit être d’avoir une bonne couleur et de l’embonpoint, suivant ce que comporte sa nature ; car le vulgaire s’imagine que ceux dont le corps n’est pas ainsi en bon état ne sauraient soigner convenablement les autres. Puis il sera d’une grande propreté sur sa personne, mise décente, parfums agréables et dont l’odeur n’ait rien de suspect ; car en général, tout cela plaît aux malades. Quant au moral, l’homme sage non seulement sera discret, mais aussi il observera une grande régularité dans sa vie ; cela fait le plus grand bien à la réputation ; ses mœurs seront honorables et irréprochables, et, avec cela, il sera pour tous grave et humain ; car se mettre en avant et se prodiguer excite le mépris, quand même ce serait tout à fait utile. Qu’il se règle sur la licence que lui donne le malade ; car les mêmes choses se présentant rarement aux mêmes personnes sont bienvenues. Quant à l’extérieur, il aura la physionomie réfléchie, sans austérité, autrement il paraîtrait arrogant et dur ; d’un autre côté, celui qui se laisse aller au rire et à une gaieté excessive est regardé comme étranger aux convenances ; et cela, il faut s’en préserver soigneusement. La justice présidera à toutes ses relations, car il faut que la justice intervienne souvent ; ce ne sont pas de petits rapports que ceux du médecin avec les malades ; les malades se soumettent au médecin, et lui, à toute heure, est en contact avec des femmes, avec des jeunes filles, avec des objets précieux; il faut, à l’égard de tout cela, garder les mains pures. Tel doit être le médecin pour l’âme et pour le corps ».
Hippocrate, Du médecin, 1 (traduction Littré IX.205 in H.King et V.Dasen, La médecine dans l’Antiquité grecque et romaine, Editions BHMS, 2008, pp.112-113).