Le duc Victor de Persigny, ministre de l’Intérieur (1852-1854)–>
La candidature officielle
« Mon cher Maire,
Vous recevrez sous peu, directement de M. Joliot, des professions de foi en placards et en circulaires.
Je vous prie de vouloir bien faire afficher immédiatement les placards (…). Les circulaires devront être distribuées à tous les électeurs individuellement. Je vous enverrai, très prochainement, des grandes affiches sur papier blanc indiquant la candidature de M. Joliot, député sortant. il conviendra de les mettre, autant que possible, à côté des professions de foi de M. Joliot (…). Ne négligez rien pour assurer, un bon résultat, dans votre commune. »
Circulaire confidentielle du sous-préfet aux maires, 8 mai 1869.
Circulaire du Ministre de l’Intérieur aux Préfets de départements à la veille des élections de 1863.
« Le suffrage est libre. Mais afin que la bonne foi des populations ne puisse être trompée par des habiletés de langage ou des professions de foi équivoques, désignez hautement, comme dans les élections précédentes, les candidats qui inspirent le plus confiance au gouvernement. Que les populations sachent quels sont les amis ou les adversaires plus ou moins déguisés de l’Empire et qu’elles se prononcent en toute liberté, mais en parfaite connaissance de cause. »
in Le Moniteur universel (Journal bonapartiste), 10 mai 1863.
Protestations adressées au préfet par un député des Bouches-du-Rhône lors des élections de 1863.
« Aujourd’hui, à 8 heures du matin, à Saint-Chamas, j’ai voulu afficher ma profession de foi. Cela m’a été impossible. Le maire était absent ; le premier adjoint n’a pas voulu accepter la responsabilité de cette apposition (…). Et j’avais payé l’afficheur qui ne m’a pas rendu mon argent. Un tel arbitraire doit être signalé. (…)
J’apprends à l’instant que plus de trois cents ouvriers du chemin de fer, attachés aux ateliers d’Arles, inscrits sur la liste électorale, n’ont pas reçu leur carte. À la veille de l’élection, ce fait a un caractère étrange.
Le personnel de certaines mairies ne craint [pas], dans la nuit qui sépare les deux jours du vote, d’insulter l’urne électorale en la gorgeant clandestinement de bulletins qu’aucun citoyen n’a déposés (…). [ je demande donc ] que l’urne électorale (…) demeure la nuit dans un lieu dont toutes les ouvertures seront scellées et gardées par des agents spéciaux, surveillés eux-mêmes par chaque citoyen. »
in Archives départementales des Bouches-du-Rhône.
La manipulation du suffrage universel
L’historien G. Dupeux, qui cite ce texte (Aspects de l’histoire économique du Loir-et-Cher), précise que, dans la commune de Vouzons, sur 341 votants, M. Clary a obtenu 240 voix et son adversaire, M. Cantagrel, 1 voix.
« Consignes du ministre de l’Intérieur aux préfets
Dans les élections qui se préparent, le peuple français a un rôle important à remplir. Mais ici, quel ne serait pas son embarras sans l’intervention du gouvernement ! Comment huit millions d’électeurs pourraient-ils s’entendre pour distinguer, entre tant de candidats (…), deux cent soixante et un députés animés du même esprit, dévoués aux mêmes intérêts ? Il importe donc que le gouvernement éclaire à ce sujet les électeurs. En conséquence, Monsieur le Préfet, prenez des mesures pour faire connaître aux électeurs de chaque circonscription de votre département, par l’intermédiaire des divers agents de l’administration, par toutes les voies que vous jugerez convenables et au besoin par des proclamations affichées dans les communes, celui des candidats que le gouvernement de Louis Napoléon juge le plus propre à l’aider dans son oeuvre réparatrice. »
Circulaire aux préfets de Persigny, ministre de l’Intérieur, 11 février 1852.
Intervention d’un maire
« Électeurs de Vouzons,
Vous êtes appelés à venir déposer vos votes à la mairie pour nommer un député au Corps Législatif, vous n’oublierez pas tous les bienfaits dont l’Empereur a comblé notre commune à ses différents passages, secours pour les pauvres, secours pour notre église, don de la pompe à incendie.
Électeurs de Vouzons,
Vous prouverez notre reconnaissance à l’Empereur en donnant vos voix à l’honorable M. Clary, recommandé par le Gouvernement et par les services qu’il a rendus au département. Vous n’oublierez pas qu’il vient encore de venir au secours de notre commune en obtenant pour nous une somme de deux mille francs pour notre église dont nous ne pouvions payer les dépenses. »