PROGRAMME DU PARTI PROGRESSISTE AMERICAIN (1912)
La dernière recrue du zoo politique (caricature de 1912) : doté du sourire féroce de Roosevelt, l’élan progressiste intrigue l’âne démocrate et inquiète l’éléphant républicain, plutôt mal-en-point (Taft).———>
La contestation sociale …
« La conscience du peuple, en ce temps où se posent de graves problèmes nationaux, a fait surgir un nouveau parti, né de l’exigence de justice de la nation. Nous, membres du parti progressiste, nous nous vouons à accomplir le devoir que nous ont tracé nos ancêtres : maintenir le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple dont ils ont posé les fondements.
LES VIEUX PARTIS
Les partis politiques ont pour objet d’assumer la responsabilité du gouvernement et d’exécuter la volonté du peuple.
A ces grandes tâches, les vieux partis ont tous deux failli. Au lieu d’être les promoteurs du bien commun, ils sont devenus les instruments d’intérêts corrompus, qui les utilisent avec impartialité au service de leurs desseins égoïstes. Derrière le gouvernement officiel trône un gouvernement invisible, sans engagement envers le peuple, sans responsabilité devant lui. Détruire ce gouvernement invisible, rompre l’alliance impie entre la corruption des affaires et la corruption politique, telle est la première tâche politique à accomplir. La trahison délibérée de sa mission par le parti républicain, l’incapacité fatale du parti démocrate à résoudre les problèmes nouveaux des temps nouveaux, ont contraint le peuple à se forger un nouvel instrument de gouvernement pour donner effet à sa volonté dans les lois et institutions.
Le nouveau parti n’est pas sclérosé par une tradition ; il n’est pas corrompu par l’exercice du pouvoir ; il n’est pas effrayé par l’immensité de la tâche ; il s’offre comme l’instrument du peuple pour balayer les vieux abus et construire une communauté nouvelle et plus généreuse (…).
LE GOUVERNEMENT DU PEUPLE
Le parti se prononce en faveur d’élections primaires directes pour la nomination des fonctionnaires d’Etats et fédéraux ; pour une large désignation nationale des candidats à la présidence ; pour l’élection directe des sénateurs du Congrès par le peuple ; dans les Etats, nous réclamerons le système d’élections à court terme, ainsi que, pour garantir la responsabilité devant le peuple, l’initiative, le référendum et le rappel (…).
JUSTICE SOCIALE ET INDUSTRIELLE
« La nation a pour devoir suprême de préserver les ressources en hommes par des mesures de justice sociale et industrielle. Nous nous engageons à travailler inlassablement en vue d’obtenir dans les Etats et la nation:
– une législation efficace concernant la prévention des accidents du travail, les maladies professionnelles, le travail excessif, le chômage, et les autres maux causés par l’industrie moderne ;
– la fixation de normes de sécurité et de salubrité pour les diverses professions ;
– l’interdiction du travail des enfants ;
– un salaire minimum et l’interdiction du travail de nuit pour les femmes ;
– un jour de repos sur sept pour tous les salariés ;
– la journée de huit heures dans les industries à travail continu ;
– l’abolition du travail contractuel de détenus ; on lui substituera un système de production destinée exclusivement à l’Etat, et les gains des détenus serviront à l’entretien de leurs familles ;
– la protection des foyers contre les risques de maladie, de chômage et de vieillesse par un système d’assurances sociales adapté aux usages américains ;
– le développement des possibilités créatrices du travail américain par l’extirpation de l’analphabétisme, par la création d’écoles de formation industrielle sous contrôle public, et par l’extension donnée à la formation agricole et aux démonstrations dans les écoles rurales ;
– l’établissement de laboratoires de recherche industrielle pour mettre les méthodes et les découvertes de la science au service des producteurs américains ;
Nous approuvons l’organisation des travailleurs, hommes et femmes, comme un moyen de protéger leurs intérêts et de promouvoir leur progrès (…). »
Programme du parti progressiste, 5 août 1912, cité par H.S. Commager, Documents of American History, t. II, p.253-255.
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