Affiche « We can do it ! » de J. Howard Miller, 1943 - Archives nationales et administration des documents des États-Unis
Le 7 décembre 1941, le Japon attaque les États-Unis sur la base de Pearl Harbor. Le lendemain, le 8 décembre, le président Roosevelt annonce l’entrée en guerre des États-Unis. Commence dès lors un effort de guerre inédit pour le pays. Tandis que les hommes s’enrôlent dans l’armée américaine, les femmes sont sollicitées pour travailler dans les usines et la propagande.
C’est dans ce contexte qu’apparaît la figure de Rosie la riveteuse qui, très vite, devient l’allégorie des femmes qui travaillent dans les usines et les chantiers navals à la production du matériel de guerre.
L’idée de Rosie la riveteuse trouve son origine dans une chanson écrite en 1942 par deux compositeurs et paroliers américains, Redd Evans [1912-1972] et John Jacob Loeb. Le premier est connu pour avoir été le parolier, entre autres, de Franck Sinatra. La chanson est alors reprise par de nombreux artistes, dont le big band Kay Kyser, et The Four Vagabonds dans des versions parfois raccourcies.
Cette chanson, dont nous vous proposons le texte ci-dessous, fut doublée à l’époque par deux images devenues iconiques : celle accompagnée du slogan « We can do it », réalisée en 1942 par J. Howard Miller, et celle proposée par Norman Rockwell en 1943 qui propose une Rosie foulant aux pieds Mein Kampf et inspirée par le prophète Isaïe peint par Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine.
Version d’origine
While other girls attend their favorite cocktail bar,
Sipping dry Martinis, munching caviar,
There’s a girl who’s really putting them to shame,
Pendant que d’autres filles fréquentent leur bar à cocktails préféré,
Sirotant des Martinis secs, grignotant du caviar,
Il y a une fille qui leur fait vraiment honte,
Rosie est son nom…
Tout le long de la journée, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau,
Elle fait partie de la chaîne de montage.
Elle écrit l’histoire,
Œuvrant pour la victoire,
Rosie la riveteuse.
Surveille de près les sabotages,
Assise là-haut sur le fuselage.
Cette frêle petite peut faire,
Plus qu’un homme ne peut faire,
Rosie la riveteuse.
Rosie a un petit ami, Charlie.
Charlie, c’est un Marine.
Rosie protège Charlie,
Fait des heures supplémentaires,
Sur la riveteuse.
Quand ils lui ont donné un « E » de production,
Elle était aussi fière qu’une fille peut l’être.
Il y a du vrai dans le rouge, le blanc et le bleu.
À propos de Rosie la riveteuse.
À propos de Rosie la riveteuse.
Tout le monde s’arrête pour admirer la scène.
Rosie au travail sur le B-19.
Elle n’est jamais sur les nerfs,
Nerveuse ou nerveuse.
Rosie la riveteuse.
Et si elle était couverte d’huile et de graisse ?
Elle fait sa part pour le prêt-bail,
Elle maintient la bande à proximité,
Elle adore traîner,
Rosie la riveteuse.
Rosie achète beaucoup d’obligations de guerre,
Cette fille a vraiment du bon sens,
Elle aimerait pouvoir acheter plus d’obligations,
Elle investit tout son argent,
Dans la Défense nationale.
Le sénateur Jones, qui est « sait tout»,
A crié ces mots à la radio :
Berlin en entendra parler,
Moscou acclamera,
Rosie la riveteuse,
Rosie la riveteuse.
Suppléments
Musique : la version des Four Vagabonds
Photo : Norma Jean, riveteuse en 1944
Norma Jean Dougherty, future Marilyn Monroe, photographiée en 1944, »riveteuse » dans les usines de la Radioplane Company. Ici elle participe à la construction de drones. Photographe : David Conover. Source : ICI
Agrégée - Docteure en histoire, professeur d’histoire-géographie en lycée public. Enseignante en tronc commun, spécialité HGGSP ( niveau Terminale) , Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain (DGEMC), validée par l'inspection de philosophie). Adhérente des Clionautes depuis octobre 2016 - Membre du Comité éditorial depuis 2017. Ancienne référente Clio-lycée et Clio-prépas, référente Clio-Texte depuis 2021.