«Si j’avais découvert la « nation algérienne », je serais nationaliste… Et cependant je ne mourrai pas pour la « patrie algérienne », parce que cette patrie n’existe pas. Je ne l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’histoire, j’ai interrogé les vivants et les morts ; j’ai visité les cimetières : personne ne m’en a parlé. Sans doute ai-je trouvé « l’Empire arabe» , l’Empire musulman », qui honorent l’islam et notre race. Mais ces empires sont éteints. Ils correspondaient à l’Empire latin et au Saint-Empire romain germanique de l’époque médiévale. Ils sont nés pour une époque et une humanité qui ne sont plus les nôtres . . . Nous avons donc écarté une fois pour toutes les nuées et les chimères pour lier définitivement notre avenir à celui de l’œuvre française dans ce pays.»
Ferhat Abbas, L’Entente, 23 février 1936, cité par Youssef Girard, « Assimilation et séparatisme dans le mouvement nationaliste algérien au milieu des années 1930 », Ahmed Boubeker et Abdellali Hajjat (dir.), Histoire politique des immigrations (post)coloniales en France (1920-2008), Paris, Éditions d’Amsterdam, 2008, p. 47-48.
Avant de devenir l’auteur en 1943 du manifeste du peuple algérien, Ferhat Abbas, pharmacien de Sétif, fut influencé par la culture assimilationniste du mouvement des Jeunes-Algériens. Sa foi assimilationniste disparut sous Vichy, lorsqu’il se heurta de nouveau à une fin de non-recevoir. Son texte de 1936 rappelle que l’Algérie en tant qu’État-Nation ne préexiste pas à l’Empire colonial.
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