L’anticléricalisme s’est décliné sous de nombreuses formes en France. Même si la caricature est certainement la plus connue, grâce à des journaux comme La Lanterne ou L’Assiette au beurre, la chanson n’a pas été en reste. Dans ce domaine, les auteurs ont été nombreux et prolifiques, en particulier à l’extrême gauche.
Le texte de la chanson que nous avons choisi nous a semblé intéressant pour plusieurs raisons. Son titre, À bas la calotte!, est très classique, et reprend une vieille expression anticléricale courante depuis le début du XIXème siècle : la calotte qui fait allusion au couvre-chef des ecclésiastiques.
Le contenu du texte, quant à lui, propose une liste de faits et d’arguments expliquant l’hostilité de l’auteur, un anarchiste, envers l’Église. Les faits et arguments qu’il déroule restent ceux des anticléricaux en général : l’hostilité à l’influence de la religion (ici catholique) dans les affaires temporelles.
Cette chanson a été publiée dans le journal mensuel brestois Le Flambeau en mai 1928, journal fondé en 1927, au lendemain d’une manifestation catholique massive au pied de la basilique du Folgoët située dans la commune du même nom, au cœur du Finistère. Ayant pour devise « Ni Dieu ni Maître », il se donne alors pour objectif de fédérer les groupes libertaires de l’Ouest. 
L’auteur de la chanson est Paul Gourmelon [1881-1928], un anarchiste suivi de près par la police, comme le détaille sa biographie publiée dans le dictionnaire du Maitron.

À bas la calotte!

À bas ! À bas partout !
Tous les curés et les despotes !
À bas ! Oui, tous debout !
À bas ! À bas ! Oui, la Calotte !
À bas ! À bas ! À bas !
Ces « chevaliers d’Obscurantisme »
Qui veulent, en sonnant le glas,
Instaurer chez nous le Fascisme.
Depuis que la Terre est Terre,
Les curés ont entretenu
L’ignorance ainsi que la Misère
Pour régner partout, c’est entendu.
Ils voudraient que dans les ténèbres
Se meuve notre Humanité
Mais malgré leurs « Oraisons funèbres »
Du puits jaillit enfin la Vérité.
Quand on parcourt un peu l’Histoire,
Nous sommes tous épouvantés,
Des crimes commis — c’est notoire —
par tous ces curés éhontés :
Galilée, au savoir sublime,
Jeanne d’Arc, Étienne Dolet,
De La Barre, en furent victimes
Et Ferrer par eux immolés.
Luttons tous, contre la Bêtise
Des Curés, avec la Raison,
Car leur Sainte-Mère l’Église
N’a que boue et sang pour blason.
Levons-nous contre la Calotte,
Ces Tartufes et ces Robins,
Au besoin, dressons-leur les côtes.
C’est au Progrès d’avoir le mot d’la fin.
Texte : Paul Gourmelon dit “Paulus” (1928). Musique : « Le Dix-septième » (= « Gloire au 17e » (1907), musique par Raoul Chantegrelet (1870-1945) et Pierre Doubis [Paul Théodore Dubois] (1865-1941) sur un texte de Montéhus
Chanson publiée dans le journal Le flambeau : organe mensuel du Comité de libre pensée et d’action sociale de l’Ouest (Archives départementales du Finistère), mai 1928.
Le journal est disponible au format PDF sur le site des Archives départementales du Finistère, ICI