Avant que les Lowlanders, ou habitans de la Basse-Écosse, devinssent des mangeurs de pain de froment, comme les appelaient les montagnards, par mépris ou par envie, les superstitions de tout le royaume étaient probablement les mêmes ; car l’aspect physique des deux divisions territoriales ne diffère pas assez pour produire seul des modifications d’idées bien remarquables ; mais, avec les coutumes et les mœurs du peuple, les croyances populaires ont dû insensiblement recevoir de nouvelles formes et de nouvelles couleurs. Ainsi, par exemple, les superstitions décrites par Burns dans son Halloween appartiennent presque toutes aux habitudes d’une contrée pastorale ou agricole, tandis que celles que nous retrouvons de nos jours dans les montagnes sont l’expression caractéristique d’un peuple guerrier, chasseur et sauvage.

L’Halloween est la nuit qui précède la Toussaint (All-Hallows) : les sorcières, les diables, les lutins, etc., parcourent librement les airs pendant cette nuit, qui est une espèce de trêve entre les esprits et l’homme ; l’époque de l’année où, par certains charmes, l’intelligence la plus vulgaire peut connaître l’avenir. Les paysans d’Ecosse, de temps immémorial, célèbrent l’Halloween par des rites puérils ou bizarres. Les jeunes filles se prennent par la main et vont deux par deux, les yeux fermés dans le potager, arracher le premier chou qu’elles rencontrent : suivant que le chou est gros, petit, tordu ou droit, leur futur sera beau ou laid, grand de taille ou bossu. Si un peu de terre adhère à la racine, c’est signe qu’il sera riche : si la tige du chou est douce, le mari aura un bon caractère ; si elle est aigre, il grondera souvent. Deux jeunes fiancés attachent aussi le présage de leur bonheur ou de leur malheur à deux noix qu’on fait brûler ensemble dans le feu, et qui tantôt se consument tranquillement côte à côte, tantôt s’écartent et éclatent en pétillant, selon que le ménage doit être paisible ou troublé par les querelles et les brouilles. […] enfin presque tous les autres rites de l’Halloween ont pour but encore de satisfaire cette curiosité de jeune fille.

 

Revue britannique, ou Choix d’articles traduits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne,

par M. Saulnier, tome 11 – Paris, Dondey Dupré, 1834, 384 p.

Extraits p. 277-279

Y Halloween à Balmoral – 1879