Il a quelques jours, on célébrait au château de Balmoral séjour préféré de la reine d’Angleterre pendant l’été, la vieille fête populaire écossaise, connue sous le nom d’Halloween. On avait fait de longs préparatifs afin de donner un éclat inaccoutumé au festival. La reine, la princesse Beatrix et la cour étaient sorties du château pour assister au spectacle. La grêle et la neige firent heureusement relâche pour quelques heures.

À la nuit tombante, le cortège éclairé par plus de trois cents torches défila devant le château et alla se joindre à une autre bande qui s’approchait, formant également comme un serpent de feu. Puis cette procession se dirigea vers un immense tas de bois et de matières combustibles, les torches s’abaissèrent et le feu illumina vivement les alentours Ainsi, une bande curieusement déguisée en costumes blancs, rappelant les lutins, mêlée de masques grotesques et précédée de joueurs de cornemuses. Ces masques portaient des sapins en guise de bannières. Venait ensuite un personnage vêtu d’un costume de shériff, puis un char portant un dragon au regard féroce et, en outre, dans le char, était l’effigie d’une sorcière au jugement de laquelle on allait procéder. Le char ayant fait trois fois le tour du feu, la cour fut invitée à déclarer si la sorcière méritait le châtiment. La cour la condamna à être brûlée. La sentence de mort fut lue par le shériff et l’effigie jetée aussitôt dans les flammes au milieu des imprécations et des vociférations des démons assemblés. Pendant que l’effigie brûlait, une des sorcières enchainées prit la fuite et organisa contre elle une vraie chasse dans les bois en lui lançant des pétards et des fusées […]

Journal des étrangers : organe du Syndicat de Pau et des stations pyrénéennes,

5ème année, n° 13, 3 décembre 1879, p. 2