Suivant l’idée de Charles-Gilbert Romme, des jeux inspirés des Olympiades grecques se tiennent à Paris à partir de 1796.

S’inscrivant dans le cadre de la fête de la fondation de la République, la session des Jeux de 1797 est la même que celle de 1796. Le programme de la fête de la fondation de la République, publié officiellement dans le Moniteur universel, permet d’en saisir l’organisation. Après un hommage militaire aux soldats, les jeux commencent et se tiennent au Champs-de-Mars. Trois épreuves composent ces jeux : la course à pied, la course à cheval et la course de chars, la première et la troisième épreuve étant déjà présentes durant les jeux antiques.

On relève déjà une forme d’organisation qui perdure actuellement dans les jeux : les qualifications (Course d’essai) en vue d’une finale ( Course décisive).


Extrait n° 1 : le déroulé des épreuves de 1797

Pendant toute la matinée du 1er vendémiaire [22 septembre], des salves d’artillerie se feront entendre de deux heures en deux heures.

À midi, le directeur exécutif accompagné des ministres, de l’état-major de la 17e division et de sa garde, sortira du palais national du directoire, suivra la rue de Vaugirard, et se rendra, par les boulevards, à l’hôtel national des Invalides entrera par la porte du Sud […]

Les membres du bureau central seront juges des jeux.

Course à pied.

À un signal donné par les tambours, les concurrents partiront par pelotons de 25 hommes vers une barrière située près des deux thermes qui forment la porte du Champ-de-Mars.

Le but de la course sera placé près du tertre du milieu.

Les deux concurrents qui arriveront les premiers de leur peloton, recevront chacun, des mains des juges, une plume qu’ils attacheront à leur chapeau.

Lorsque tous les pelotons auront couru, les vainqueurs dans les courses d’essai, redescendront précédés des trompettes, vers la barrière du départ, pour fournir la course décisive.

Les prix appartiendront aux vainqueurs dans cette dernière course.

Course à cheval.

Les juges des jeux, précédés d’une musique militaire, viendront se placer sur une estrade près du terme de la course à cheval, à droite de l’entrée du cirque.

Les concurrents partiront au signal donné par les trompettes, d’une tente placée à gauche de l’entrée du cirque : ils en parcourront toute l’arène entre le talus et le rang de peupliers, et après avoir achevé le tour entier, ils le doubleront jusqu’à l’estrade des juges.

Il n’y aura qu’une seule course à cheval, à moins qu’il n’y ait plus de six concurrents.

Course sur des chars.

Il y aura autant de courses d’essai qu’il y aura de fois deux coureurs.

Si se trouve en nombre impair, le dernier inscrit sera exclu.

Deux chars partiront à la fois, l’un à droite, l’autre à gauche, d’une barrière placée à quelque distance de l’entrée du Champ-de-Mars.

Les concurrents parcourront, chacun en même temps, l’un des côtés du Champ-de-Mars, d’abord en dehors des peupliers, et ensuite par le milieu du cirque.

Dans cette course, chacun d’eux sera tenu de passer entre des bornes mobiles placées en de différents endroits de chaque côté du Champ-de-Mars.

Le coureur qui reviendra le premier à la barrière du départ, sans renverser de bornes, sera vainqueur dans la course d’essai.

Le coureur qui, sans avoir renversé de bornes, arrivera le dernier, sera préféré à celui qui ayant renversé une borne dans sa course, ne l’aurait devancé que de trois longueurs de char au plus.

Le coureur qui aura renversé des bornes dans les deux endroits où elles seront placées, n’aura aucun droit au prix, même en arrivant le premier.

Des écharpes seront données par les juges des jeux aux vainqueurs dans les courses d’essai.

Eux seuls auront droit aux prix.

Ils ne pourront être qu’en nombre pair.

S’ils sont au nombre de trois, le sort désignera celui qui doit être exclu de la course décisive ; les juges lui donneront un sabre pour dédommagement et comme troisième prix.

S’ils sont au nombre de quatre, les bornes mobiles seront écartées à une assez grande distance les unes des autres pour laisser passer deux chars ; et alors deux chars partiront à la fois de chaque côté de la barrière, pour la course décisive.

Les courses finies, les vainqueurs seront conduits en pompe à l’École militaire, où ils recevront leurs prix.

Les spectateurs sont invités à ne point entrer dans le cirque, et les militaires à cheval à ne point le traverser pour voir passer les coureurs.

Les concurrents eux-mêmes ne doivent point paraître dans l’arène, avant que leur tour pour courir ne soit venu.

(à deux heures après-midi, l’entrée au tertre sera fermée.)

Nota. Comme la fête durera la journée presque entière, on aura soin de dresser de grandes tentes où pourront se placer des restaurateurs, et où il y aura des tables et des chaises.

Le ministre de l’intérieur,

signé, François (de Neufchâteau.)

Source : Gazette Nationale ou Moniteur Universel, Primedi, 1er vendémiaire l’an 6 de la République française (vendredi 22 septembre 1797 vieux style) page 1, extraits

***

La dernière session des jeux, celle de 1798, montre une rupture et  révèle un programme plus chargé, mêlant les jeux à la fête et à un patriotisme qui doit s’afficher jusqu’aux étoffes portées par tous. Fixée au 1er vendémiaire an 7, elle est précédée par les cinq jours complémentaires de l’an 6 dédiés à l’exposition publique des produits de l’industrie nationale, exposition qui a lieu sur le Champ-de-Mars, aménagé pour l’occasion, ceux jugés les meilleurs étant récompensés par des prix. Un catalogue imprimé recensant les produits exposés est d’ailleurs proposé au public. Un orchestre exécute pendant une heure les plus belles symphonies des compositeurs du moment.

Le premier vendémiaire est donc réservé aux jeux et débutent à six heures du matin par une salve d’artillerie. Plusieurs temps sont observables. Les jeux de la matinée prennent la forme de joutes sur l’eau. S’ensuit une cérémonie au cours de laquelle les citoyens sont invités à mettre le feu à deux figures symboliques nommées Despotisme et Fanatisme. Puis, à midi, des tables sont dressées et des restaurateurs assurent le service à des prix encadrés. Les jeux, quant à eux, peuvent commencer à partir de 14 heures. Les épreuves sont précédées par une séquence patriotique à la gloire de la République, de ses génies scientifiques et artistiques et de l’unité de la nation. Les jeux ne se conçoivent donc pas sans fête ni patriotisme et, déjà, les Champs Élysées tiennent une place certaine dans ces festivités hautement politiques…

Extrait n° 2 : les épreuves de 1798

[…] Une salve d’artillerie annoncera les jeux.

Tous les concurrents dans les divers jeux feront le tour du Cirque, précédés d’une musique militaire. Ceux qui ont été vainqueurs dans les Jeux du matin, auront une place dans cette marche.

Les prix seront portés sur un brancard orné de fleurs et de verdure.

Ces prix seront des objets précieux provenant des manufactures nationales, et entretenues aux frais de la République.

Tous les concurrents dans les Jeux auront précédemment prouvé qu’ils jouissent, ou pourraient jouir s’ils avaient l’âge prescrit, du droit de voter dans les assemblées politiques.

Les concurrents ne seront point admis dans l’arène vêtus du costume d’un état ou profession quelconque. Le costume des concurrents, dans chaque espèce de Courses, va être ci-après désigné.

Le Ministre de l’intérieur décernera les prix aux vainqueurs lorsque les courses seront terminées.

1.° Courses à pied.

Tous les concurrents sont vêtus d’une veste et d’un pantalon de nankin ou de quelque étoffe blanche.

Les concurrents auront été précédemment divisés en divers pelotons de quinze hommes.

Chaque peloton s’élancera, l’un après l’autre, d’une barrière près des termes, vers le but placé devant l’Autel de la patrie.

Les vainqueurs dans ses Courses d’essai  recevront une plume dont ils en orneront leur chapeau, et redescendront au bruit d’une musique militaire, vers la barrière du départ, pour fournir la Course décisive.

Les prix seront décernés aux trois concurrents qui arriveront les premiers au but.

Ils iront occuper, sur l’Amphithéâtre, les places destinées aux vainqueurs dans les Jeux.

2.° Courses à cheval.

Les concurrents devront être vêtus d’une veste à l’écuyère ; ils auront un chapeau rond surmonté d’une plume, et qui sera attaché sous le menton par un ruban.

On leur donnera à chacun une ceinture de soie de couleur différente.

Tous les chevaux destinés à cette Course auront été, dans leur jours précédents, scrupuleusement examinés, et on aura admis que les chevaux nés en France.

Les concurrents partiront du milieu de l’arène, et, après en avoir fait deux fois le tour, reviendront au point de départ.

3.° Courses de Chars.

Les concurrents devront être vêtus d’un habit français (espèce de tunique courte, ouverte par le milieu et attachée par des ganses sur la poitrine). Ils auront un chapeau relevé par devant, et surmonté d’une plume.

On leur donnera à chacun un manteau de couleur différente.

Au signal, les concurrents dans la Course des chars s’élanceront du milieu de l’arène vers l’Autel de la patrie. Là, ils se diviseront en deux bandes qui, après avoir parcouru chacune un côté de l’arène en suivant diverses voies désignées par des jalons, reviendront par la grande allée en face de l’Autel de la patrie, au point de départ.

[…]

Trois coups de canon annonceront la fin des Jeux et le départ du Directoire et du Cortège pour la maison du Champ-de-Mars.

Les vainqueurs dans les Jeux auront place dans le Cortège.

X.

Le soir, tous les Champs-Élysées et le chemin du milieu jusqu’à la barrière, seront illuminés.

Il y aura, en divers endroits, des orchestres pour les danses.

Nota. Ceux qui sont admis à figurer dans cette Fête, soit dans les Jeux, soit parmi les Autorités constituées, sont prévenus qu’ils ne pourront entrer dans l’enceinte, vêtus d’étoffes étrangères, et qu’ils doivent au contraire, ainsi que tous les citoyens et les citoyennes, se vêtir des étoffes de fabrique française.

Arrêté le 9 fructidor, an 6 de la République française, une et indivisible.

le Ministre de l’Intérieur,

François ( de Neufchâteau)

Source : Fête de la fondation de la République – Programme –  imprimerie de la République, Fructidor an 6, 14 pages, extraits pp. 7- 10