Des musulmans témoignent du pèlerinage de St-Jacques-de-Compostelle
« Les ambassadeurs musulmans ne manquèrent pas de s’étonner lorsque sur le chemin d’Occident, ils virent tant de pèlerins chrétiens qui allaient à Compostelle et en revenaient, après avoir fait oraison ; alors, émerveillés, ils demandèrent au centurion Pierre, qui leur servait de guide et de compagnon parmi les chrétiens et qui connaissait assez bien leur langue : Qui est-il donc pour qu’une si grande multitude de chrétiens lui rende si dévotement visite ? Qui est ce personnage si grand, si illustre, pour que les chrétiens aillent vers lui, afin de le prier depuis les Pyrénées et de plus loin encore ? La multitude de ceux qui vont et viennent est si grande que c’est à peine si elle laisse un passage libre sur la chaussée en direction de l’Occident.
On leur répondit (…) qu’il s’agissait de St-Jacques, apôtre de notre Seigneur et Sauveur, frère de Jean, apôtre et évangéliste, tous deux fis le Zébédée, dont le corps est enterré aux confins de la Galice et que vénèrent la Gaule, l’Angleterre, le Latium, l’Allemagne et toutes les provinces de chrétienté, surtout l’Espagne, car elles le tiennent pour leur patron et protecteur.
Et lorsque les ambassadeurs marocains demandent à Pierre, leur guide, quelle sorte de patronage St-Jacques offre à ceux qui lui demandent secours et lui rendent un culte, le centurion leur répond que, par son intercession et ses mérites, on obtient de la miséricorde de Dieu que les aveugles recouvrent la vue, que les boiteux marchent, que les lépreux et ceux qui souffrent de maladies de toutes sortes retrouvent la santé. »
« Histoire compostellane », in A. Dupront, St-Jacques-de-Compostelle, Brépols, 1985