Les Républicains espagnols exilés en France ont été des milliers à s‘engager dans la Résistance française, en particulier dans le Sud-Ouest où nombre d’entre eux s’étaient réfugiés après la Retirada. Parmi leurs faits d’armes, et après une longue période d’oubli, l’Histoire a particulièrement retenu l’épopée des Espagnols de la Nueve : la 9ème compagnie de chars intégrée dans la 2ème Division Blindée du général Leclerc, entrant parmi les premiers dans Paris, le soir du 24 août 1944.
Cet article, publié dans l´hebdomadaire anarchiste espagnol « Solidaridad obrera », fut sans doute l’un des tout premiers papiers qui leur fût spécifiquement consacré. L’auteur y rend un hommage appuyé aux combattants de la 9ème Compagnie qui comprenait 142 Espagnols sur un total de 160 hommes et dont beaucoup étaient anarchistes.
Au delà des sentiments exprimés, l’article permet d’éclairer tout à la fois le destin particulier et digne d’un roman de ces combattants républicains espagnols, le sens profond de leur engagement politique « antifasciste » et leurs espoirs -finalement déçus -, de diriger [bientôt] nos armes vers l’Espagne pour la libérer du joug phalangiste…
Avec les Espagnols de la division Leclerc
Une communication téléphonique nous annonçait, le 25 août dernier, que les premières automitrailleuses américaines étaient arrivées à l’Hôtel de ville, et que d’autres défilaient déjà sur le boulevard de Sébastopol. Nos informateurs ont ajouté que de nombreuses chars affichaient le drapeau républicain espagnol, car ils étaient constitués d’équipages de camarades espagnols. Soucieux de vérifier la nouvelle, afin de ne pas être victimes d’un canular, nous nous sommes immédiatement rendus aux endroits indiqués ; Nous n’avions pas encore atteint notre objectif que nous rencontrions déjà les premiers chars qui depuis la rue du temple et la rue fontaine attaquaient la place de la République. Il était exactement 11 heures du matin. Nous nous approchâmes des chars les plus avancés. L’ équipage des trois premiers sera constitué d’Espagnols. Une exclamation suivie d’une question fut notre première intervention : un visage familier ! Ancien commissaire à la santé de la Brigade Terre et Liberté. Presente ! Ce fut la réponse, suivie d’ une étreinte forte et pleine d’émotion ; il s’en suivit le commentaire de son odyssée.
Quelques milliers d’Espagnols se trouvent intégrés dans la Division Leclerc. Tous sont des exilés politiques qui se sont battus pour la liberté et la justice sociale pendant la guerre sociale espagnole. Et ils s’étaient parlés dans les camps d’Algérie au moment de la libération de la colonie française par les armées anglo-américaines. Ils se sont immédiatement portés volontaires pour venger tous les affronts de l’intervention meurtrière et brutale de l’armée allemande et italienne contre la Révolution espagnole.
Ils ont fait la campagne de Tunisie. Plus tard, ils ont débarqué en Normandie et toujours en première ligne, c’est ainsi que nous les avons retrouvés en plein cœur de Paris.
Braves garçons des 26e et 28e divisions et de tant d’autres aux souvenirs aussi héroïques, recevez l’hommage reconnaissant de tous ces milliers d’Espagnols exilés qui ont subi les affres de la tyrannie nazie et de la politique collaborationniste française.
Nous avons vu plus tard le fier défilé des chars, sur lequel nous avons pu distinguer en gros caractères le nom glorieux de Durruti et, entre autres, celui de la magnifique Teruel, Zaragoza et Belchite. Cela signifie, non pas seulement un souvenir, mais aussi un symbole de lutte, condensé dans le sens de noms si glorieux : à la fois hommage reconnu au passé et promesse de belles perspectives libératrices pour l’avenir de notre chère Espagne. Affirmation qui se résume dans l’exclamation d’un brave garçon de la Division Leclrec, pendant qu’il caressait fièrement le canon de sa mitrailleuse : Ha ! Si on nous permettait de diriger nos armes vers l’Espagne pour la libérer du joug phalangiste… C’est notre véritable souhait.
Toberli
Solidarité ouvrière. Paris, le 24 septembre 1944
Con los españoles de la Division Leclerc.
Una comunicación telefónica nos anuciaba el dia 25 del pasado, que los primeros carros blindados americanos habian llegado al Hôtel de ville, y que otros desfilaban ya por el bulevard de Sébastopol. Añadían nuestros informadores que muchos de los carros ostentaban la bandera republicana española, por ser compuestos esquipajes de compañeros españoles. Ansiosos de verificar la noticia, para no ser víctimas de un bulo, nos dirijimos imediatemente hacia los lugares indicatos ; no habiamos llegado todavía a nustro objetivo cuando ya nos encontramos con los primeros carros que desde la rue del temple y rue les fontaines atacaba ya la plaza de la République. Eran exactamente las 11 de la manaña. Nos acercamos a los carros mas avanzados. El equipaje de los tres primeros sera compuesto de españoles. Una exclamación seguida de una pregunta fue nuestra primera intervención : una cara conocida ! Ex comisario de sanidad de la Brigada Tierra y Libertad. Presente ! Fue la respuesta, rematada con un fuerte y emocionado abrazo ; después siguió el comentario de su odisea.
Unos cuantos miles de españoles se hallan encuadrados en la Division Leclerc. Todos ellos son exilados políticos que combatieron por la Libertad y la Justicia social durante la Guerra social española. Y que se hablaban en los campos de Argelia en el momento de la liberación de la colonia francesa por los ejércitos anglo-americanos. Inmediatamente se ofrecieron como voluntarios para vengar todas las afrentas de la intervención asesina y brutal del ejército alemán e italiano contra la Revolución española.
Han hecho la campaña de Túnez. Mas tarde desembarcaron en Normandia y actuando siempre en primera linea es como los hemos encondrado en el corazón mismo de Paris.
Bravos muchachos de la 26 y 28 divisiones y de tantas otras de recuerdos también heroicos, recibid el homage reconocido de todos los millares de españoles exilados que han sufrido el oprobio de la tiranía nazi y de la política colaboracionista francesa.
Hemos visto mas tarde el defile arrogante de los carros, sobre los que hemos podido distinguir en grandes caracteres el nombre glorioso de Durruti y entre otros el del magnifico Teruel, Zaragoza y Belchite. Ello significa, no solamente un recuerdo, sino tanto también un símbolo de lucha, condensado en la significación de nombres tan gloriosos : Rucuerdo de reconocido homenage al pasado y promesa de bellas perspectivas liberatrices para el futuro de nuestra querida España. Afirmación que va condensada en la exclamación de un bravo muchacho de la Division Leclrec, mientras acariciaba orgulloso el cañón de su ametralladora : Ha ! Si se nos permitiese dirijir nuestras armas hacia España para liberarla del yugo falangista… Ese es nuestro verdadero deseo.
Toberli
Solidaridad Obrera. Paris 24 septiembre de 1944
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