La conception de l’au-delà en Mésopotamie


traduction en ligne reprise le 11 février 2016

Document 1

« Il me prit pour me conduire à l’obscure demeure de la déesse Irkalla, dans l’Enfer où était descendue Ishtar et d’où l’on ne revient jamais. L’aller sans retour. C’est la demeure dont les habitants sont livrés aux ténèbres, ne subsistant plus que de poussière, dont le pain est l’argile, revêtus comme des oiseaux d’un vêtement de plumes, échoués dans l’obscurité, sans plus jamais voir le jour. Et moi, introduit dans cette maison de poussière, je pus voir des couronnes rassemblées, j’entendais parler ceux qui les avaient portées et qui dominèrent le pays, ceux qui présentaient jadis à Anu et Enlil la viande grillée, leur offraient le pain cuit et les abreuvaient de boissons fraîches. Dans cette poudreuse demeure siégeaient des grands prêtres et des dignitaires, des exorcistes, chefs et officiants de haut rang, des purificateurs des grands dieux. Siégeaient également Etana et Sumuqan. Y demeuraient aussi Ereshkigal, la reine des Enfers, et, accroupi devant elle, Bêlet-Cri, son secrétaire. La reine portait une tablette qu’elle lisait continuellement à haute voix. « 

Épopée de Gilgamesh, tablette VII, Ninive, c. VIIe siècle av. J.-C.

Document 2

Sidouri dit à Gilgamesh :

« – Où cours-tu, Gilgamesh ? La vie que tu poursuis, tu ne la trouveras pas. Quand les dieux ont créé l’humanité, c’est la mort qu’ils lui ont réservée ! L’immortalité, ils l’ont gardée pour eux. Toi, Gilgamesh, que ton ventre soit repu ! Jour et nuit, réjouis-toi ! Chaque jour, fais la fête ! Danse et amuse-toi ! Que tes vêtements soient immaculés, ta tête bien lavée, baigne-toi à grandes eaux ! Contemple l’enfant qui te tient par la main. Que ta bien-aimée se réjouisse dans tes bras ! Telle est l’occupation des hommes. »

Épopée de Gilgamesh, tablette X, Ninive, c. VIIe siècle av. J.-C.