Le buis et l’agriculture
Le buis (Buxus sempervirens) a été utilisé dans la fumure des champs, sous l’Ancien Régime: c’est ce que nous apprenons à la lecture des notes citées ci-dessous, extraites d’un document datée de 1773 :
On propose de fumer avec du buis, parce que c’est le melieur de tous les fumiers pour la production des grains et celui qui bonifie le mieux la terre.
Qu’on cherche le terrain le plus mauvais, s’il y a quelque plante de buis, la terre qui sera au dessous sera bonne, parce que les feuilles qui tombent chaque année, l’auront par succession fumée et bonifiée.
Il y a différentes façon de l’employer, les unes melieures que les autres mais touttes bonnes, le buis vert et tel qu’on le coupe peut servir mais il est elieur poury pour la production du grain.
Il n’en est pas de même pour les arbres : il faut l’employer amezure qu’on le coupe. Sy on en a à portée de la terre qu’on veut améliorer, il ni a qua faire un grand fossé dans la partie la plus basse, et dans celle où les eaux peuvent s’arréter plus aisément ; y mettre une couche de 3 ou 4 pans de buis, la couvrir d’un 1/2 pans de terre ; sur celle-là mettre une autre couche de buis et de la terre, et successivement jusques à ce que le fossé sera remply. On aura par là, au bout de quelque mois, le melieur des fumiers, et porté dans le champ.
On peut le faire pourir encore dans les bassecours et le mettre en tas à mezure qu’il commençera à l’être, mais il ne faut pas en faire de la litière, surtout aux bettes à laine, elle leur seroit nuisible, l’expérience l’a démontré. Ce fumier est si salutaire pour engraisser les terres et pour les améliorer, qu’il peut, par succession et sans autre secours que celui du soleil, de la gelée, etc., changer la nature du plus mauvais sol.
On doit se flater, après avoir engraissé et travaillé cette terre pendant 4 ans, qu’elle donnera des récoltes raisonables et qu’elle deviendra melieure touttes les années, par les nouvelles cultures et les nouveaux engrais.
On la labourera profondément, au lieu de la gratter comme on le fesoit cy devant, elle ne craindra pas tant la sécheresse ; les racines pourront s’étendre, et trouveront partout leur nourriture.
Source: Archives Départementales de l’Hérault, Série D, côte 181.