20 Novembre 97 – Travail des enfants : manifestations dans le monde
Enfant ramassant des ordures à Jakarta, en Indonésie.—->
« Un millier de jeunes indiens ont participé hier à New Delhi à une marche internationale sur le travail des enfants. Des écoliers ainsi que des enfants travaillant à la fabrication de tapis, verre ou jouets se sont rassemblés dans un parc de la capitale indienne pour défiler jusqu’au Parlement. Des manifestations similaires ont eu lieu dans de nombreuses villes et pays, principalement à Londres, Johannesburg et Rio de Janeiro, selon Kailash Satyarthi, responsable de la coalition d’Asie du sud contre la servitude des enfants. Selon les organisateurs, des marches doivent partir entre janvier et mars prochains de Manille, Le Cap, Rio, Oslo, Londres et Madrid pour converger, sur une distance totale de 50.000 km, le premier juin, à Genève, siège du Bureau international du travail (BIT). Le BIT doit mettre au point une nouvelle convention sur le travail et ces marches visent à faire pression sur les gouvernements pour une mise en application de leurs engagements. »
in « L’Humanité » du 21 novembre 1997
Un rapport de l’ONU : Deux cent cinquante millions d’enfants au travail forcé
« Deux cent millions d’enfants de cinq à quatorze ans sont contraints au travail dans une centaine de pays, « le plus souvent employés par des adultes rapaces à des tâches dangereuses », indique un rapport publié aujourd’hui à Genève par le Bureau international du travail (BIT). Revoyant à la hausse ses précédents estimations, le BIT indique que 61% de ces enfants travaillent en Asie, 32% en Afrique et 7% en Amérique latine. La moitié d’entre eux sont employés à temps plein. L’organisation onusienne recommande l’élaboration d’une nouvelle convention internationale « qui serait spécifiquement consacrée aux pires formes du travail des enfants », reposant sur « l’esclavage, la servitude pour dettes, la prostitution et le travail forcé ».
Précisant que ces formes d’exploitation existent aussi dans des pays industrialisés comme aux Etats-Unis, en Italie, au Portugal et au Royaume-Uni, le document présente des conséquences chiffrées sur le travail des adolescents. Ainsi, selon une enquête menée eux Philippines, 60% des enfants qui travaillent sont exposés à « des risques chimiques et biologiques » et 40% sont victimes de blessures ou atteints de maladies. En Inde, les enfants employés dans l’industrie et l’agriculture « grandissent moins vite et pèsent moins lourd que les enfants scolarisés ». A Sri Lanka, ils meurent plus d’empoisonnement par pesticides que des grandes maladies infantiles. En Indonésie, en Birmanie, aux Philippines et en Thaïlande, des garçons de dix à quinze ans contraints à plonger en eau profonde sont « tués par dizaine chaque années à la suite d’accidents et de noyades ».
En Asie, en Afrique et en Amérique latine, les enfants travaillent sans protection adéquate dans les mines dans une forte hygrométrie et des températures élevées. Dans les mines d’or, beaucoup sont empoisonnés par le mercure et doivent travailler dans des installations mal ventilées où la chaleur peut atteindre 45°. « Des enfants âgés de trois ans seulement » travaillent dans la fabrication d’allumettes exposés aux poussières, à l’amiante et au phosphore rouge, affirme le rapport. Il dénonce aussi au moins cinq réseaux internationaux de prostitution « exportants des fillettes » et le travail domestique avec son cortège de violence et de sévices sexuelles. En Indonésie, 400.000 enfants sont ainsi « employés » dans la capitale et 5.000.000 dans l’ensemble du pays. »
in « L’Humanité » du 12 novembre 96