Les différents extraits qui suivent sont tirés d’un registre de délibérations du consistoire protestant de Ganges (Hérault), afin de montrer l’intérêt de ce genre de document pour l’étude des moeurs et des coutumes de nos lointains ancêtres.
Pour ce qui concerne l’organisation d’un consistoire et son activité de « police des moeurs », voir notre page intitulée : Composition et rôle du Consistoire protestant.
– (Dimanche 13 juin 1587) Cest présenté Jean Coste. Luy a esté demandé pourquoy a il heu débat avec Pierre, son frère. A dit que venant du pré de son frère, estant à l’aire de Cognot, luy bailha quelques coups de baton que l’insita à lever de pierres contre sondict frère. Ont esté censuré et se sont réconsiliés et promis de ny retourner plus.
– (Jeudi 10 septembre 1587) Cest présenté le serviteur de Monsieur de Ganges. Enquis s’il a esté treuvé couché dans ung lit avec la servante d’Anthoinette Causse. A dit qu’il ne la y savoit pas et qu’il len eut bien levée s’il heut seu qu’elle y fut couchée.
– (le 9 février 1592) Proposé par le sire Formy que à la maison de Mestre Jehan Reboul jouvent ordinèrement aux cartes. Délibère que les anciens luy parleront pour luy remontrer qu’il face désister ledict jeu de sa maison.
– (le 14 juillet 1592) Cest présenté Jehan Olivié. A esté censuré de avoir esté treuvé en jouant aux boules durant que le prêche se dicoict.
– (le 16 juin 1596) Propose par Sire Pierre Boisseyroles que la femme de Jehan Maury, dit Bouboulie, luy a demandé asistance parce que elle désire daler aus bains de Baleruc pour voir de avoir quelque solagement de sa maladie. Acordé que lors qu’elle sen voudra aler, luy sera asisté de 15 sols.
– (le 25 août 1596) Cest présenté Antoine Gautié jeune. A esté prié de nourir et entretenir son père quest malade le mieus qu’il pourra, et a esté sencurré de ce qu’il ne le traicte pas comme il faut et mesme quelques fois l’injurie et outrage, l’apelant « mangayre ». A promis de le traicter le mieus qu’il pourra.
– (le 5 septembre 1596) Se sont présentés Louys Fabre, Pierre Melet, Pierre Randon. Ont esté censurés de avoir dancé dernièrement, de nuict, avec la sençonie, par toute la ville.
– (le 24 novembre 1596) Cest présenté David Mourgues. A esté sensuré tant de avoir asigné et receu le combat et cestre batu avec Melchicédec Rigail, et aussy de ne faire toutz les jours que jouer aus cartes, ayant joué les bagues et joyaus de sa femme et faisant toutz les jours du prodigue, ne faisant que prodiguer son bien, et mesme aussy que on lacuse que il entretient une putain à lamoure. Et ledict Mourgue a esté enquis que joua avec luy. A dict que cest Pierre Cambon, dit Bican, et lui gaigna lesdictes bagues de sa femme. En outre, a promis de ny retourner plus.
– (Dimanche 2 février 1597) Propose par Monsieur Rogier que le sire Guilhaume Combos cest faict pencer la maladie qu’il a à ung doit de sa main à ung médesin de Licide, près Mayrueys, quest acusé de estre sorcier.
– (Dimanche2 mars 1597) Délibère de députer quelques uns de la présent compagnie pour parler à Monsieur de Gange ou à ses officiers pour sçavoir quy faict de nuict si grand bruict par les rues, et quy trainent les portes des jardins par les rues et les arachent et rompent.
– (16 mars 1597) Délibère que veu le mauvais temps, on aydera aux povres néceciteus qui ne osent demander, à cause que la nège a demeuré neuf jours sur la terre, que a esté occasion quilz nont peu travalier a aucun travail champestre.
– (Jeudi 10 avril 1597) Propose que Mardy dernier trois femme des Sainct Roman de Recoudier sont venues en la présent ville, aportant ung petit enfant qu’elles avoict voué à quelque idolle, et entrèrent dans le simentière et aleumèrent neuf chandelles, dernier la maison de Sire Anthoine Bastide, dict « dernier Sainct Pierre », et firent là leur supertisions et offrendes à Sainct Peyre, asistées de Donne Figuieyresse, dict la Sauvage, et estoict entrées dans ledict simentière par la porte de Bertran Maury, la femme dudict Maury leur ayant ouvert ladicte porte, en ayant prins une pièce de pain, et ladicte Figuieyresse d’argent. Délibère que la dicte Figuieyresse et ladicte femme dudict Maury seront apellés.
– (Dimanche 18 mai 1597) Cest présenté Jaquette Vincente, femme à Bertran Maury. Enquise sy elle n’a laissé entrer, il y a quelque temps, quelques femmes de Sainct Roman de Coudières, aportant ung enfant malade, voulant faire les superticions ou idolatries dans le simentière. A respondu que elle les laissa passer par sa porte, leur ayant demandé ou elles aloit et que vouloict faire; dirent que estoict de povres roumines que aportoict ung enfant et que lospitalier leur avoict dit que elle les laissat passer par sa porte, luy laissèrent une pièce de pain sur le tison du feu, luy dirent que le donnat à quelque chien ou chat, et ayant prins de feu, elle sen alèrent au lieu que ensiènement on appelloict « dernier Sainct Peyre », acompagnés de Donne Figueyresse, dict la Sauvage. Ladicte Vincente a esté cencurée de ce que elle, au lieu de les destourner de ces idolatries, elle leur a asisté et aidé à ce que leur faisoict besoin. A demandé pardon à Dieu et promis de ny retourner plus.
– (Jeudi 29 mars 1597) Cest présenté le sire Pierre Fabre, fils à autre Pierre. A esté sensuré pour avoir conduict une putain, ou aportée en croupe sur une mule, nommée ladicte putain « La Muscadele ». Guilhaume Ferrier dict l’avoir aidée à la luy metre en croupe, ne sachant quelle femme cestoict, et outre a esté sensuré de avoir manty devant Dieu et la compagnie, ayant toujours nyé le faict qu’est vray. Délibère, veu sa rebellion à dire la vérité, qu’il demeure suspendu de la prochain cène de dimenche prochain, veu qu’il demeure vérifié tant par ledict Ferrier que la confessé à Sire Anthoine Bastide, que Pierre Reboul, filz à Anthoine, que la confessé à Sire Denis Marty, que il a conduit ladicte putain de Saint Ipolite, apellée « La Muscadelle ». Après, a esté faict lecture de la discipline esclésiastique.
– (Dimanche 24 janvier 1599) Cest présenter Elisabeth Rigail. Enquise sy elle est fiencée avec Jehan Térondel. Dit que ny a que parcte. Enquise sy elle veut faire réparation publique de la grande faute qu’elle a commis en palhardant et en jettant son enfant dans ung estable incontinent qu’elle leut enfenté, de toutes lesquelles choses elle a esté sensurée comme une meurtrière de sondict enfant, laquelle a promis de faire ladicte réparation avant que ces annonces se facent.
– (Dimanche 19 décembre 1599) A esté proposé par le sire Marcelin Fabre que, entre Monsieur De La Baume et Mestre Clément, se sont la sepmaine passée, au bout du pont de la présent ville, battus à coup d’espée et de pierres. De quoy faut sensurer ledict sieur.
Source : Archives Municipales de Ganges, GG 25 (archives déposées aux Archives Départementales de l’Hérault).
Auteur de la transcrption: Jean-Claude TOUREILLE jctou@arisitum.org