Le texte présenté est extrait de l’ouvrage les merveilles de l’Exposition universelle de 1867  rédigé par Jules Mesnard. Comme son titre l’indique, il s’agit de recenser et présenter les objets et les oeuvres les plus remarquables exposés lors de l’Exposition universelle de 1867 à Paris. 

La librairie Hachette, qui a exposé ses livres,  a droit à quelques pages très élogieuses et on a l’impression qu’un plumitif employé à faire la publicité de la maison Hachette n’aurait pas fait mieux…

Cependant, ce texte a un certain intérêt historique. Fondé par Louis Hachette (1800-1864) en 1826 à Paris, la  librairie Hachette est devenue sous le Second Empire le premier éditeur français, grâce au sens des affaires et au flair de son fondateur.

Phase décisive de l’industrialisation de la France, le Second Empire  est  aussi une période-charnière de la production industrielle de livres. Porté par la vague des progrès de l’alphabétisation, Hachette diversifie son offre en publiant les Classiques de la littérature en « volumes de grand luxe qui portent la signature de Gustave Doré », mais surtout par  des livres bon marché adaptées à des publics divers :  collection de la Bibliothèque Rose pour les enfants créée en 1852 ; création de la Littérature de gare pour les voyageurs en 1853. C’est la naissance d’un Empire de l’édition…


En 1826 a été fondée la librairie Hachette par l’homme de haute intelligence et d’infatigable activité dont elle porte le nom. Vouée d’abord exclusivement à la production des livres classiques, elle a, vers 1852, embrassé dans le cercle déjà si considérable de ses opérations, la littérature générale et les connaissances utiles. Elle est ainsi devenue une librairie encyclopédique. Maintenant sur ses catalogues figurent près de quatre mille volumes composés par huit cents auteurs, illustrés par cent trente dessinateurs et par deux cents graveurs, adressés au public, soit directement, soit par l’ entremise d’innombrables correspondants. Il faut, pour se faire une idée juste de l’importance de cette maison, visiter ses magasins du boulevard Saint-Germain, passer en revue ces rayons où, du sous-sol au toit, reposent par centaines de milliers les volumes en feuilles, ou brochés, ou reliés, et étudier le mécanisme de tous ces rouages industriels et commerciaux mis en mouvement par deux cents employés, et exigeant le concours de près de trois mille personnes de divers états.
Nous aimerions à nous étendre sur les collections nombreuses qu’a fondées et qu’augmente tous les jours l’intelligente initiative des directeurs actuels de la librairie Hachette. Ces collections se ramènent à un but commun, celui de satisfaire à tous les degrés aux besoins de l’instruction générale : collection de livres classiques organisée de telle sorte, que depuis le plus écolier primaire, jusqu’à l’homme occupé des plus transcendantes études, chacun y trouve les ressources adaptées à ses travaux, et que dès qu’un enseignement nouveau surgit, il est immédiatement pourvu à ces nécessités nouvelles ; collection de la Bibliothèque rose, où nos enfants trouvent tant de charmants volumes dus aux plumes les plus littéraires et illustrés par les meilleurs crayons; collection des volumes destinés aux bibliothèques populaires et renfermant, avec des volumes spécialement composés pour cet objet, des éditions à un bon marché étonnant des classiques français et des auteurs étrangers ; collection des grands dictionnaires encyclopédiques ; collection des grands écrivains français, le monument à la fois le plus splendide et le plus sévère qu’on ait jamais élevé aux gloires de notre littérature…, etc. Mais ce sont les merveilles de l’Exposition que nous voulons décrire, et nous choisissons, dans la vitrine de la maison Hachette, les volumes dignes d’être ainsi qualifiés.

On ne peut contester à cette maison la gloire d’avoir la première publié ces volumes de grand luxe qui portent la signature de Gustave Doré. Nous les retrouvons à l’Exposition ces volumes somptueux qui figurent maintenant dans toutes les bibliothèques d’amateurs, et pour lesquels on a épuisé toutes les ressources de la typographie et de la gravure : l’Enfer du Dante, 1’Atala de Chateaubriand, le Don Quichotte de Cervantes, et bientôt le Purgatoire et le Paradis. C’était la première fois qu’on appliquait la gravure sur bois dans d’aussi vastes proportions. L’entreprise était hardie, elle a pleinement réussi ; on s’est disputé ces beaux volumes, et le nom de l’artiste qui les avait illustrés a acquis une énorme popularité. Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs une des gravures de Don Quichotte. Voici presque achevé un la Fontaine, oeuvre exceptionnelle en ce sens que les éditeurs ont voulu mettre à la portée des plus petites bourses un de ces superbes in-folio réservés aux riches bibliothèques ; ils y sont parvenus par d’ingénieuses combinaisons.

Jules Mesnard, les merveilles de l’Exposition universelle de 1867, 1867, Paris, p. 29-33

Hachette édition