« La Commune de Paris,

Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ;

Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ;

Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ;

Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté,

Décrète :

ARTICLE PREMIER. – L’Église est séparée de l’État.

ART. 2. – Le budget des cultes est supprimé.

ART. 3 » – Les biens dits de mainmorte, appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales,

Paris, le 3 avril 1871 »

« Le 19 mars 1871 les étrangers élus à la Commune furent confirmés dans leurs fonctions car  » le drapeau de la Commune est celui de la République mondiale « . Le 2 avril furent décrétées la séparation de l’Église et de l’État ainsi que la transformation de tous les biens ecclésiastiques en propriété nationale. Le 12, la Commune décida de renverser la colonne triomphale de la place Vendôme coulée par Napoléon avec la fonte des canons conquis après la guerre de 1805, comme symbole du chauvinisme et de la discorde des peuples. Cela fut exécuté le 16 mai. Le 16 avril, la Commune ordonna un recensement statistique des fabriques immobilisées par les fabricants et l’élaboration de plans pour la gestion de ces fabriques par les ouvriers qui y travaillaient jusque-là, réunis en associations coopératives, et aussi pour l’organisation de ces associations en une grande fédération. Le 20, elle abolit le travail de nuit des boulangers.

Mais tout cela dans une ville assiégée ne pouvait avoir tout au plus qu’un début de réalisation. Et à partir du début mai, la lutte contre les troupes de Versailles toujours plus nombreuses, absorba toutes ses forces. »

in K. MARX, La Guerre civile en France, Éditions sociales, 1871

La Commune vue par Marx.

« Après la Commune, il ne peut plus y avoir ni paix, ni trêve entre les ouvriers de France et ceux qui s’approprient le produit de leur travail. La main de fer d’une soldatesque mercenaire pourra tenir un moment les deux classes sous une commune oppression. Mais la lutte reprendra sans cesse, avec une ampleur toujours croissante, et il ne peut y avoir de doute quant au vainqueur final – le petit nombre des accapareurs, ou l’immense majorité travailleuse. Et la classe ouvrière française n’est que l’avant-garde du prolétariat moderne. (…)

Notre Association n’est, en fait, rien d’autre que le lien international qui unit les ouvriers les plus avancés des divers pays du monde civilisé. En quelque lieu, (…) et dans quelques conditions que la lutte de classe prenne consistance, il est naturel que les membres de notre Association soient au premier rang. (…)

Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d’une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand coeur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l’histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, et toutes les prières de leurs prêtres n’arriveront pas à les en libérer. »

in K. Marx, La Guerre civile en France, 1871