» Habitants de Paris,

Nous nous adressons encore à vous, à votre raison et à votre patriotisme, et nous espérons que nous serons écoutés.

Votre grande cité, qui ne peut vivre que par l’ordre, est profondément troublée dans quelques quartiers et le trouble de ces quartiers, sans se propager dans les autres, suffit cependant pour y empêcher le retour du travail et de l’aisance.

Depuis quelque temps, des hommes malintentionnés, sous prétexte de résister aux Prussiens, qui ne sont plus dans nos murs, se sont constitués les maîtres d’une partie de la ville, y ont élevé des retranchements, y montent la garde, vous forcent à la monter avec eux, par ordre d’un comité occulte qui prétend commander seul à une partie de la garde nationale, méconnaît ainsi l’autorité du général d’Aurelle, si digne d’être à votre tête, et veut former un gouvernement en opposition au gouvernement légal, institué par le suffrage universel.

Ces hommes qui vous ont causé tant de mal, que vous avez dispersés vous-mêmes au 31 octobre, affichent la prétention de vous défendre contre les Prussiens, qui n’ont fait que paraître dans vos murs, et dont ces désordres retardent le départ définitif ; braquent des canons qui, s’ils faisaient feu, ne foudroieraient que vos maisons, vos enfants et vous-mêmes ; enfin compromettent la République au lieu de la défendre, car, s’il s’établissait dans l’opinion de la France que la République est la compagne nécessaire du désordre, la République serait perdue. Ne les croyez pas, écoutez la vérité que nous vous disons en toute sincérité…

Paris, le 17 mars 1871. »

Thiers, Président du Conseil, Chef du pouvoir exécutif de la République.

Proclamation de Thiers aux Parisiens (8 mai 1871)

« La France, librement consultée par le suffrage universel, a élu un gouvernement qui est le seul légal (…). Le gouvernement vous a donné les mêmes droits que ceux dont jouissent Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux vous ne pouvez demander plus de droits que n’en ont toutes les autres villes du territoire.

En présence de ce gouvernement, la Commune, c’est-à-dire la minorité qui vous opprime et qui ose se couvrir de l’infâme drapeau rouge, a la prétention d’imposer à la France ses volontés. Elle viole les propriétés, emprisonne les citoyens pour en faire des otages, transforme en désert vos rues et vos places publiques où s’étale le commerce du monde, suspend le travail dans Paris, le paralyse dans la France entière, retarde l’évacuation du territoire par les Allemands et vous expose à une nouvelle attaque de leur part qu’ils se déclarent prêts à exécuter sans merci si nous ne venons pas nous-même comprimer l’insurrection. »