Le chanteur Ricet Barrier (1932-2011) commence sa carrière artistique à Paris dans les cabarets de la rive gauche, à la fin des années 50. Auteur-compositeur en association avec son complice Bernard Lelou, Ricet Barrier a su créer un style original, par son humour et par l’univers « campagnard » de ses chansons, sa voix et sa façon d’interpréter. Dans une France en pleine urbanisation mais dont les racines paysannes étaient encore bien vivantes pour la majorité des Français, cet accent paysan a fortement contribué au succès populaire de Ricet Barrier. La chanson « y a plus de sous » , sortie en 1977 et passant fréquemment à la radio à cette époque, en est un bel exemple.
Le chanteur met en scène un paysan qui se plaint de la disparition du monde paysan d’ « autrefois », mot qui introduit chaque couplet, où les rapports économiques étaient plus simples et plus humains : « quand on allait vendre ses pommes de terre C’était au bistrot devant une chopine et deux verres On s’tapait dans la main pour conclure le prix ».
Y a plus d’sous évoque sur le mode humoristique et léger les profondes transformations de l’agriculture française en cours depuis les années 1950 et qui étaient en train de transformer le paysan en exploitant agricole et en entrepreneur foncier, forcé de s’adapter aux lois du marché agricole devenu européen : rupture majeure de la société française que le sociologue Hubert Mendras avait mise en évidence en 1967, dix ans plus tôt, dans son ouvrage pionnier devenu un classique : La fin des paysans.
Y a plus d’ sous!
Y a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanUn sou ça n’est plus un sou comme on disait dans l’tempsY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanLes sous qu’on a, c’est des sous, mais ça n’est plus d’l’argentAutrefois les sous on les voyait pas souventLe père les cachait, faut être prévoyantOn savait si on avait des sous ou pasEn regardant la bosse qu’il y avait sous l’matelasOui monsieurMais au jour d’aujourd’hui, il faut faire la comptabilitéMême le cul des poules maintenant il faut le calibrerCar si on l’malheur de faire des œufs trop grosPaf, ils vous foutent dans une tranche supérieure d’impôtsOh les vaches, bon sang de bonsoirY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanUn sou ça n’est plus un sou comme on disait dans l’tempsY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanLes sous qu’on a c’est des sous, mais ça n’est plus d’l’argentAutrefois quand on allait vendre ses pommes de terreC’était au bistrot devant une chopine et deux verresOn s’tapait dans la main pour conclure le prixPaf, parole donnée, cochon qui s’en déditOui monsieurMais au jour d’aujourd’hui pour vendre le fromage de nos biquesFaut se servir d’une calculatrice électroniqueCar si y a d’la hausse dans l’dollar américainEt pan, y a d’la baisse dans l’reblochon et dans le crottinOh les vaches, bon sang de bonsoirY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanUn sou ça n’est plus un sou comme on disait dans l’tempsY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanLes sous qu’on a c’est des sous mais ça n’est plus d’l’argentAutrefois on se mariait pour faire des enfantsEt la fiancée était choisie par les parentsC’était bien si elle avait d’jolis tétonsMais l’important c’est c’qu’elle mettait dans l’corbillonAh ouais, monsieurMais au jour d’aujourd’hui, la femme doit tenir la caisseMa Germaine à moi, c’est la reine du chou-businessElle dit qu’pour s’enrichir il faut s’endetterQuand elle a dit ça l’grand-père a bien failli claquerOuah, bon sang de bonsoirY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanUn sou ça n’est plus un sou comme on disait dans l’tempsY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanLes sous qu’on a c’est des sous mais ça n’est plus d’l’argentY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanUn sou ça n’est plus un sou comme on disait dans l’tempsY a plus d’sous papa, y a plus d’sous mamanLes sous qu’on a c’est des sous mais ça n’est plus d’l’argentOh, on sort quand mêmeMais ça coûte cher, les petits voyages en Suisse.