« Italiens !
L’heure est venue où doivent s’accomplir les grandes destinées de l’Italie. La Providence vous appelle enfin à être une nation indépendante. Des Alpes au détroit de Sicile, qu’un seul cri s’élève : Indépendance de l’Italie ! Et à quel titre, des peuples étrangers prétendent-ils vous enlever cette indépendance, premier droit et premier bien de toute nation ? (…) C’est donc en vain que la nature a élevé pour vous garantir la barrière des Alpes, qu’elle vous a entourés d’un rempart plus insurmontable encore, celui de la différence des langues et des moeurs (…) ? — Non. — Que toute domination étrangère disparaisse du sol italien ! Vous qui avez été une fois les maîtres du monde, vous avez expié cette gloire par vingt siècles d’oppression et de massacres. Mettez aujourd’hui votre gloire à ne plus avoir de maîtres !
Tous les peuples doivent se tenir dans les limites que la nature leur a assignées. Les vôtres sont des mers, des montagnes qu’on ne peut franchir. N’essayez jamais d’en sortir ; mais repoussez l’étranger qui les a violées, s’il ne se hâte de rentrer dans les siennes. (…)
Que l’énergie nationale se manifeste dans toute son étendue et sous toute les formes ! Il s’agit de décider si l’Italie doit être libre ou réduite à plier encore pour des siècles son front humilié sous le joug ! (…)
J’en appelle, à vous, braves et infortunés Italiens de Milan, de Bologne, de Turin, de Brescia, de Modène, de Reggio, de tant d’autres villes célèbres et opprimées. (…) Que de victimes, d’extorsions, d’humiliations inouïes, Italiens ! Pour réparer tant de maux, unissez-vous d’une étroite union à un gouvernement de votre choix. Qu’une représentation vraiment nationale, qu’une constitution digne de ce siècle et de vous garantisse votre liberté, votre prospérité intérieure, aussitôt que par votre courage vous aurez assuré votre indépendance.
J’appelle autour de moi tous les braves pour combattre. J’appelle également tous ceux qui ont profondément médité sur les intérêts de leur patrie afin de préparer et de régler la constitution et les lois qui doivent régir l’Italie heureuse, l’Italie indépendante.
JOACHIM NAPOLEON.
Rimini, le 30 mai 1815. »
Document rapporté par Maurice-Henri WEIL, Joachim Murat, roi de Naples. La dernière année de règne (mai 1814-mai 1815). Tome III. Les dernières hésitations de Murat (27 février-26 mars 1815). La guerre. L’offensive napolitaine (27 mars-13 avril 1815). Paris, 1909.