Extraits de l’introduction de « La France juive » d’Édouard Drumont publiée en avril 1886
Taine a écrit la Conquête jacobine. Je veux écrire la Conquête juive.
À l’heure actuelle, le Jacobin, tel que nous l’a décrit Taine, est un personnage du passé égaré au milieu de notre époque ; il a cessé d’être dans le mouvement, comme on dit. Le temps n’est plus que nous ont dépeint les Goncourt, où « ce que l’architecture a de merveilles, ce que la terre a de magnificences, le palais et ses splendeurs, la terre et ses richesses, la forêt et ses ombres étaient les jetons de cette Académie de sang : — la Convention. »
Quand il veut se nantir lui-même, le Jacobin d’aujourd’hui échoue misérablement. […]
La seule ressource du Jacobin, en dehors de ce qu’il nous extorque par le budget, est de se mettre en condition chez Israël, d’entrer comme administrateur dans quelque compagnie juive où on lui fera sa part.
Le seul auquel la Révolution ait profité est le Juif. Tout vient du Juif ; tout revient au Juif.
Il y a là une véritable conquête, une mise à la glèbe de toute une nation par une minorité infime mais cohésive, comparable à la mise à la glèbe des Saxons par les soixante mille Normands de Guillaume le Conquérant.
Les procédés sont différents, le résultat est le même. On retrouve ce qui caractérise la conquête : tout un peuple travaillant pour un autre qui s’approprie, par un vaste système d’exploitation financière, le bénéfice du travail d’autrui. Les immenses fortunes juives, les châteaux, les hôtels juifs ne sont le fruit d’aucun labeur effectif, d’aucune production, ils sont la proélibation d’une race dominante sur une race asservie.
Il est certain, par exemple, que la famille de Rothschild, qui possède ostensiblement trois milliards rien que pour la branche française, ne les avait pas quand elle est arrivée en France ; elle n’a fait aucune invention, elle n’a découvert aucune mine, elle n’a défriché aucune terre ; elle a donc prélevé ces trois milliards sur les Français sans leur rien donner en échange.
Cette fortune énorme s’accroît par une progression en quelque sorte fatale.
Le Dr Ratzinger l’a dit très justement :
« L’expropriation de la société par le capital mobile s’effectue avec autant de régularité que si c’était là une loi de la nature. Si on ne fait rien pour l’arrêter, dans l’espace de 50 ans, ou, tout au plus, d’un siècle, toute la société européenne sera livrée, pieds et poings liés, à quelques centaines de banquiers juifs. »
Toutes les fortunes juives se sont constituées de la même façon par une prélévation sur le travail d’autrui.
Commentaires
Ce texte est un extrait des toutes premières lignes de l’introduction de « La France juive », la première page d’un long ouvrage qui en compte 1200 au total! L’auteur, le journaliste Édouard Drumont, n’a pas ménagé sa peine, puisqu’il a consacré près de 6 années d’efforts à sa rédaction. Celui-ci a eu du mal à trouver un éditeur et « La France juive » n’est publiée le 14 avril 1886 chez Flammarion que grâce à l’influence et au soutien d’Alphonse Daudet dont il était devenu un familier régulièrement invité à sa table. « La France juive » devient rapidement un succès de librairie, avec 62.000 exemplaires vendus la première année et ce succès ne s’est pas démenti jusqu’à la veille de la première guerre mondiale avec des dizaines de rééditions à des milliers d’exemplaires. L’ouvrage bénéficie plus tard d’une diffusion internationale avec des traductions en italien, espagnol, allemand, polonais. (1)
(1) Informations extraites de « Le venin dans la plume » de Gérard Noiriel, la Découverte, 2019
L’ouvrage suscite dès sa sortie un écho important dans les journaux parisiens, comme on peut le contaster en consultant l’excellent dossier que Retronews a consacré à ce sujet.
retronews.fr la France juive de drumont pamphlet antisémite
Le succès du livre de Drumont s’explique par plusieurs facteurs liés à la fois au contexte historique des débuts de la 3ème République, à son contenu et à son style bien particulier.
Foncièrement anti-républicain, le livre est publié à un moment où la République s’enracine, mais la France de ces années-là connaît de sérieuses difficultés économiques et sociales qui alimentent le mécontentement et suscitent un courant d’hostilité contre le régime ; un contexte favorable pour un livre tel que La France juive.
Sous-titré « essai d’histoire contemporaine » (en toute modestie, bien sûr…), le journaliste Drumont se pose en historien et en penseur de son temps, celui qui donne les clés de la compréhension du monde à ses contemporains troublés et avides de lumière. Il n’est pas avare de références historiques – la première étant celle de l’invasion normande de l’Angleterre au 11ème siècle -, habilement agencées « pour les besoins de la cause » dans le discours ; références à l’histoire présentées comme autant de preuves irréfutables, donnant ainsi à l’essai une tonalité pseudo-scientifique, propre à séduire un lectorat prédisposé à accepter ses thèses.
Plus qu’un « Essai d’histoire contemporaine », l’ouvrage de Drumont est surtout un pamphlet antisémite, l’auteur remettant cent fois sur le métier l’ouvrage de sa haine obsessionnelle des juifs. Pamphlet composé de libelles, puisque l’auteur, c’est sa marque de fabrique, multiplie les attaques « ad hominem » contre ses contemporains, les Rotschild étant les premières victimes de cette fureur calomniatrice. Ce parfum nauséabond de scandale n’a pas peu contribué à la notoriété de Drumont…
Le texte présenté est intéressant, car dès la première page, l’auteur y expose quelques idées centrales qu’il développe ensuite au long des 1200 pages de son ouvrage (mais était-il bien nécessaire d’en faire autant ?).
Réactivant le vieux fond antijudaïque chrétien, Drumont s’appuie sur les théories de la biologie raciale en vogue à son époque pour opposer les juifs et les vrais français, un « eux » et un « nous », au coeur de l’antisémitisme moderne et plus généralement de tous les racismes.
Une aversion et une inversion « anti-républicaines » de la Révolution française, dont l’héritage est revendiquée par la 3ème République, et qui devient chez Drumont, non pas l’avénement de la Liberté et de l’Égalité, mais « la mise à la glèbe de toute une nation par une minorité infime », puisque « le seul auquel la Révolution ait profité est le Juif ».
L’image du capitaliste et banquier juif, symbolisant à lui seul le capitalisme triomphant, parasite et exploiteur dont la fortune n’est « le fruit d’aucun labeur effectif, d’aucune production ».
Une dose d’antiparlementarisme avec la charge portée contre « les jacobins » (c’est à dire les députés et sénateurs républicains) au service de la finance juive et dont l’accusation de corruption est à peine voilée.
Ces quelques idées constituent le fonds commun de l’extrême-droite française telle qu’elle se structure à la fin du XIXème siècle et l’on voit que l’antisémitisme y occupe une place essentielle, donnant en quelque sorte sa cohérence à cette vision particulière du monde. Tout ceci n’est pas sorti du cerveau de Drumont et il a beaucoup emprunté à d’autres. Cependant, par le succès de La France juive puis grâce à l’argent gagné grâce à ce livre, – ce qui lui permet de fonder le quotidien antisémite « La libre parole » en 1892 -, les idées extrêmistes de Drumont ont ainsi pu largement infusé dans une partie de l’opinion française. C’est en cela que « La France juive » peut être considérée comme une des sources majeures de l’antisémitisme moderne en France.
Jeanne d’Arc contre Léon Blum
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