James Donald Bowman est né le  à Middletown, dans l’Ohio. Fils de Donald Ray Bowman et de Beverly Carol Vance, il grandit dans une famille évangélique conservatrice modeste. Après le divorce de ses parents, il connaît une situation instable, ce que traduisent ses changements de nom et prénom. C’est en 2013 qu’il adopte son nom de famille définitif : Vance. En 2019, il se convertit au catholicisme dans lequel il puise l’essentiel de ses idées et inspirations politiques.

D’abord militaire dans les Marines de 2003 à 2007, James  Vance devient avocat et homme d’affaires. Il se fait connaître par son autobiographie Hillbilly Élégie, témoignage de son enfance dans la Rust Belt au sein d’une famille minée par la pauvreté et la toxicomanie. Le succès de ce récit qui met l’accent sur une Amérique blanche déclassée est tel que Vance attire l’attention des médias lors de l’élection présidentielle de 2016. C’est à ce moment qu’il s’engage peu à peu dans une carrière politique et adhère au Parti républicain.

JD Vance  se fait élire en 2022 sénateur de l’Ohio au Congrès des États-Unis, avec le soutien de Donald Trump. Sa ligne politique devient claire pour les observateurs : antidémocrate affirmé (c’est un partisan de la disparition de la démocratie au profit d’une techno-monarchie inspirée du fonctionnement des entreprises), néoréactionnaire, c’est aussi un conservateur nationaliste radicalisé classé à l’extrême droite, comme en attestent ses activités à la tête de l’aile populiste-nationale du parti et ses prises de position, entre-autre contre l’avortement, les femmes sans enfant et l’Ukraine dont il n’a que faire de l’avenir.

Grâce à l’influence d’Elon Musk, du think tank Heritage Foundation et de ses fils Donald Jr et Eric, Donald Trump finit par le choisir comme colistier en tant que candidat républicain à la vice-présidence pour l’élection présidentielle américaine de 2024. Le « ticket » remporte le scrutin et Vance entre en fonction comme vice-président des États-Unis, le .

C’est dans ce contexte que le 14 février 2025, JD Vance vient à Munich  à la conférence de Munich sur la sécurité.  Il prononce un discours d’environ 19 minutes qui donne le ton. Loin de faire une déclaration d’amour à l’Europe et à la démocratie, loin de se préoccuper du sort de l’Ukraine, J. D. Vance affiche ouvertement son soutien aux forces réactionnaires européennes affirmant que la menace principale pour l’Europe n’est pas externe (la Chine ou la Russie). Il reprend ici la vieille thématique de  « l’ennemi de l’intérieur », thématique chère aux régimes dictatoriaux, ce qui pose question quant à l’avenir de la démocratie aux États-Unis.


Discours de JD Vance prononcé à la conférence de Munich, le 14 février 2025

Merci à tous les délégués, sommités et professionnels des médias rassemblés, et merci tout particulièrement à notre hôte de la Conférence de Munich sur la sécurité d’avoir pu organiser un événement aussi incroyable. Nous sommes, bien sûr, ravis d’être ici.

L’une des choses dont je voulais parler aujourd’hui, ce sont bien sûr nos valeurs communes.

C’est formidable d’être de retour en Allemagne. Comme vous l’avez entendu tout à l’heure, j’étais ici l’année dernière en tant que sénateur des États-Unis. J’ai croisé le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy qui plaisantait en disant que nous avions tous les deux des postes différents l’année dernière de ceux que nous avons maintenant.

Mais il est désormais temps, dans nos pays, pour tous ceux qui ont eu la chance de se voir confier un pouvoir politique par nos peuples respectifs, de l’utiliser à bon escient pour améliorer leur vie. Et je tiens à dire que j’ai eu la chance, pendant mon séjour ici, de passer un peu de temps en dehors des murs de cette conférence au cours des dernières 24 heures. Et j’ai été très impressionné par l’hospitalité des gens alors qu’ils sont encore sous le choc de l’horrible attentat d’hier. La première fois que je suis venu à Munich, c’était avec ma femme, qui est ici avec moi aujourd’hui pour un voyage personnel. J’ai toujours aimé la ville de Munich et j’ai toujours aimé ses habitants.

Je tiens à dire que nous sommes très émus et que nos pensées et nos prières vont à Munich et à toutes les personnes touchées par le mal qui a été infligé à cette belle communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous et il va de soi que nous vous soutiendrons dans les jours et les semaines à venir.

J’espère que ce n’est pas la dernière salve d’applaudissements que je recevrai. Mais nous sommes réunis à cette conférence, bien sûr, pour discuter de sécurité.

Habituellement, nous parlons des menaces qui pèsent sur notre sécurité extérieure et je vois de nombreux haut gradés réunis ici aujourd’hui. Mais alors que l’administration Trump est très préoccupée par la sécurité européenne et croit que nous pouvons parvenir à un règlement raisonnable entre la Russie et l’Ukraine, nous pensons également qu’il est important que l’Europe prenne des mesures importantes dans les années à venir pour assurer sa propre défense.

Cependant, la menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est pas la Russie, ce n’est pas la Chine. Ce n’est pas un autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace de l’intérieur : le recul de l’Europe sur certaines de ses valeurs les plus fondamentales, des valeurs partagées avec les États-Unis.

Or, j’ai été frappé qu’un ancien commissaire européen puisse récemment s’exprimer à la télévision pour se réjouir que le gouvernement roumain annule une élection présidentielle. Il a prévenu que si les choses ne se déroulaient pas comme prévu, la même chose pourrait se produire en Allemagne également.

Ces déclarations cavalières sont choquantes pour les oreilles américaines.

Pendant des années, on nous a dit que tout ce que nous financions et soutenions l’était au nom de nos valeurs démocratiques communes. Tout — de notre politique envers l’Ukraine au numérique — est présenté comme une défense de la démocratie.

Mais lorsque nous voyons des tribunaux européens annuler des élections et de hauts fonctionnaires menacer d’en annuler d’autres, nous devons nous demander si nous nous imposons des normes suffisamment élevées. Et je dis « nous » parce que je crois fondamentalement que nous sommes dans la même équipe. Nous devons faire plus que parler de valeurs démocratiques. Nous devons les vivre maintenant, dans la mémoire vivante de beaucoup d’entre vous dans cette salle.

La guerre froide a opposé les défenseurs de la démocratie à des forces beaucoup plus tyranniques sur ce continent. Considérez le camp dans ce combat qui a censuré les dissidents, qui a fermé les églises, qui a annulé les élections : étaient-ils les gentils ? Certainement pas. Et Dieu merci, ils ont perdu la Guerre froide. Ils ont perdu parce qu’ils n’ont ni apprécié ni respecté tous les bienfaits extraordinaires de la liberté. La liberté de surprendre, de faire des erreurs, d’inventer, de construire. Il s’avère que l’on ne peut pas imposer l’innovation ou la créativité, tout comme on ne peut pas forcer les gens à penser, à ressentir ou à croire. Et ces deux choses sont sans aucun doute liées. Malheureusement, quand je regarde l’Europe aujourd’hui, on ne sait pas toujours très bien ce qui est arrivé à certains des vainqueurs de la Guerre froide.

Je regarde Bruxelles, où descommissars européens avertissent les citoyens qu’ils ont l’intention de fermer les réseaux sociaux en période de troubles civils dès qu’ils repèrent ce qu’ils ont jugé être, je cite, du « contenu haineux ».

Ou bien dans ce pays même, où la police a mené des descentes contre des citoyens soupçonnés d’avoir posté des commentaires antiféministes en ligne dans le cadre, je cite toujours, de la lutte contre la misogynie sur Internet.

Je pense à la Suède, où le gouvernement a condamné il y a deux semaines un militant chrétien pour avoir participé à des autodafés du Coran, qui ont entraîné le meurtre de son ami. Comme l’a fait remarquer de manière effrayante le juge dans son affaire, les lois suédoises, censées protéger la liberté d’expression, n’accordent pas, et je cite, « un laissez-passer » pour faire ou dire n’importe quoi sans risquer d’offenser le groupe qui détient cette croyance.

Peut-être plus inquiétant encore, je me tourne vers nos très chers amis du Royaume-Uni, où le recul des droits de conscience a mis en péril les libertés fondamentales des Britanniques, en particulier des croyants. Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement britannique a accusé Adam Smith Connor, un kinésithérapeute de 51 ans et ancien combattant, du crime odieux d’avoir prié en silence pendant trois minutes à 50 mètres d’une clinique d’avortement. Il n’a gêné personne, n’a interagi avec personne ; il a simplement prié en silence. Après que les forces de l’ordre britanniques l’eurent repéré et lui eurent demandé pour quelle raison il priait, Adam a répondu simplement qu’il priait pour le fils qu’il aurait pu avoir avec son ex-petite amie et qu’ils avaient fait avorter des années auparavant.

Les agents sont restés de marbre et Adam a été reconnu coupable d’avoir enfreint la nouvelle loi gouvernementale sur les « zones tampons », qui criminalise la prière silencieuse et d’autres actions susceptibles d’influencer la décision d’une personne dans un rayon de 200 mètres autour d’un centre d’avortement. Il a été condamné à payer des milliers de livres de frais de justice à l’accusation.

J’aimerais pouvoir dire que c’était un hasard, un exemple unique et fou d’une loi mal écrite, promulguée contre une seule personne — mais non.

En octobre dernier, il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à distribuer des lettres aux citoyens dont les maisons se trouvaient dans des zones dites « d’accès sécurisé », les avertissant que même la prière privée chez eux pouvait constituer une infraction à la loi. Naturellement, le gouvernement a exhorté les lecteurs à signaler tout citoyen soupçonné de crime d’opinion en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe.

La liberté d’expression, je le crains, est en recul.

Et dans un souci d’humour, chers amis, mais aussi dans un souci de vérité, je serai prêt à admettre que parfois, les voix les plus fortes en faveur de la censure ne viennent pas d’Europe mais de mon propre pays — où l’administration précédente a menacé et intimidé les réseaux sociaux pour qu’ils censurent ce qu’elle appelait la désinformation. La désinformation, comme par exemple l’idée que le coronavirus s’était probablement échappé d’un laboratoire en Chine. Notre propre gouvernement a encouragé les entreprises privées à faire taire les personnes qui osaient dire ce qui s’est avéré être une vérité évidente.

Je viens donc ici aujourd’hui non seulement avec une observation, mais aussi avec une proposition. L’administration Biden semblait prête à tout pour faire taire les gens qui exprimaient leur opinion : l’administration Trump fera exactement le contraire. Et j’espère que nous pourrons travailler ensemble à Washington.

Il y a un nouveau shérif en ville.

Sous la direction de Donald Trump, nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, mais nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique. Êtes-vous d’accord ? Nous en sommes au point où la situation est devenue si critique qu’en décembre dernier, la Roumanie a carrément annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des vagues soupçons d’une agence de renseignement et des énormes pressions de ses voisins continentaux.

Si j’ai bien compris, l’argument était que la désinformation russe avait infecté les élections roumaines. Mais je demanderais à mes amis européens de prendre du recul : vous pouvez penser qu’il est mal que la Russie achète des publicités sur les réseaux sociaux pour influencer vos élections. Nous le pensons également. Vous pouvez même le condamner sur la scène mondiale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger, alors c’est qu’elle n’était pas très solide au départ.

La bonne nouvelle, c’est que je pense que vos démocraties sont nettement moins fragiles que ce que beaucoup de gens craignent apparemment.

Et je pense fondamentalement que permettre à nos citoyens d’exprimer leur opinion les rendra encore plus forts.

Ce qui, bien sûr, nous ramène à Munich — où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux législateurs représentant les partis populistes de gauche et de droite de participer à ces conversations.

Or là encore, nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ou partie de ce que les gens disent, mais lorsque des personnes, lorsque des dirigeants politiques représentent une circonscription importante, il nous incombe au moins de dialoguer avec eux. Or pour beaucoup d’entre nous, de l’autre côté de l’Atlantique, tout cela ressemble de plus en plus à de vieux intérêts bien établis qui se cachent derrière des mots hideux de l’ère soviétique tels que désinformation et mésinformation, et qui n’aiment tout simplement pas l’idée que quelqu’un ayant un point de vue différent puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous en préserve, voter différemment ou, pire encore, gagner une élection.

Nous sommes à une conférence sur la sécurité.

Et je suis sûr que vous êtes tous venus ici prêts à parler de la manière exacte dont vous comptez augmenter les dépenses de défense au cours des prochaines années, conformément à un nouvel objectif que vous vous êtes fixé. Et c’est très bien car, comme le président Trump l’a clairement indiqué, il estime que nos amis européens doivent jouer un rôle plus important dans l’avenir de ce continent.

Nous ne pensons pas que vous entendiez bien ce terme de partage du fardeau — mais nous pensons qu’il est important, dans le cadre d’une alliance commune, que les Européens prennent le relais pendant que l’Amérique se concentre sur les régions du monde qui sont en grand danger. Mais laissez-moi également vous demander comment vous allez même commencer à réfléchir aux questions budgétaires si nous ne savons pas ce que nous défendons en premier lieu ?

J’ai eu de très nombreuses conversations intéressantes avec beaucoup de personnes réunies ici dans cette salle. J’ai beaucoup entendu parler de ce dont vous avez besoin pour vous défendre — et, bien sûr, c’est important. Mais ce qui m’a semblé un peu moins clair, et certainement à de nombreux citoyens européens, c’est la raison exacte pour laquelle vous vous défendez : quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité partagé que nous considérons tous comme si important ? Or je crois profondément qu’il n’y a pas de sécurité si vous avez peur des voix, des opinions et de la conscience qui guident votre propre peuple.

L’Europe est confrontée à de nombreux défis, mais la crise à laquelle ce continent est actuellement confronté, la crise à laquelle nous sommes tous confrontés ensemble, je crois, est une crise que nous avons nous-mêmes provoquée. Si vous craignez vos propres électeurs, l’Amérique ne peut rien faire pour vous. D’ailleurs, vous ne pouvez rien faire non plus pour le peuple américain qui m’a élu et qui a élu le président Trump. Vous avez besoin de mandats démocratiques pour accomplir quoi que ce soit de valable dans les années à venir. N’avons-nous rien appris ? Que les mandats faibles produisent des résultats instables ? Mais il y a tant de choses utiles qui peuvent être accomplies avec le type de mandat démocratique qui, je pense, viendra d’une plus grande écoute des voix de vos citoyens.

Si vous voulez profiter d’économies compétitives, si vous voulez profiter d’une énergie abordable et de chaînes d’approvisionnement sûres, alors vous avez besoin de mandats pour gouverner, car vous devez faire des choix difficiles pour profiter de toutes ces choses. Nous le savons très bien en Amérique : on ne peut pas obtenir un mandat démocratique en censurant ses adversaires ou en les mettant en prison, qu’il s’agisse du chef de l’opposition, d’un humble chrétien en train de prier ou d’un journaliste qui tente de rapporter l’actualité.

On ne peut pas non plus en obtenir un en ignorant son électorat de base sur des questions aussi centrales que celle de savoir qui peut faire partie de notre société commune.

Et de tous les défis urgents auxquels sont confrontés les pays représentés ici,je crois qu’il n’y a rien de plus urgent que l’immigration de masse.

Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays est venue de l’étranger. C’est bien sûr un record historique. C’est un chiffre similaire, d’ailleurs, aux États-Unis, également un record historique. Le nombre d’immigrés entrés dans l’Union en provenance de pays non membres de l’Union a doublé rien qu’entre 2021 et 2022. Et bien sûr, il a encore augmenté depuis.

Et nous connaissons cette situation. Elle ne vient pas de nulle part. C’est le résultat d’une série de décisions conscientes prises par des politiciens de tout le continent et d’autres à travers le monde sur une période d’une décennie. Nous avons vu les horreurs engendrées par ces décisions hier dans cette ville même. Je ne peux pas en parler sans penser aux terribles victimes qui ont vu une belle journée d’hiver à Munich gâchée. Nos pensées et nos prières les accompagnent et les accompagneront toujours.

Mais pourquoi cela s’est-il produit ? C’est une histoire terrible, mais que nous avons entendue bien trop souvent en Europe et, malheureusement, bien trop souvent aussi aux États-Unis. Un demandeur d’asile, souvent un jeune homme d’une vingtaine d’années, déjà connu de la police, fonce dans une foule avec sa voiture et détruit une communauté. Combien de fois devrons-nous subir ces revers épouvantables avant de changer de cap et de donner une nouvelle direction à notre civilisation commune ? Aucun électeur de ce continent n’est allé aux urnes pour ouvrir les vannes à l’entrée non contrôlée de millions d’immigrés.

Les Anglais ont voté pour le Brexit. Que vous soyez d’accord ou non, ils ont voté pour. Et de plus en plus, partout en Europe, les gens votent pour des dirigeants politiques qui promettent de mettre fin à une immigration incontrôlée. Il se trouve que je partage bon nombre de ces préoccupations mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec moi. Je pense simplement que les gens se soucient de leur foyer, de leurs rêves, de leur sécurité et de leur capacité à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.

Et ils sont intelligents. Je pense que c’est l’une des choses les plus importantes que j’ai apprises au cours de mon bref passage en politique.

Contrairement à ce que l’on peut entendre à Davos, les citoyens de tous nos pays ne se considèrent généralement pas comme des animaux éduqués ou comme des rouages interchangeables d’une économie mondiale. Et il n’est guère surprenant qu’ils ne veuillent pas être ballotés ou impitoyablement ignorés par leurs dirigeants. C’est le rôle de la démocratie de trancher ces grandes questions par les urnes. Je crois que rejeter les gens, rejeter leurs préoccupations ou, pire encore, fermer les médias, interrompre les élections ou exclure les gens du processus politique ne protège rien. En fait, c’est le moyen le plus sûr de détruire la démocratie. S’exprimer et exprimer ses opinions n’est pas une ingérence électorale, même lorsque les gens expriment des opinions en dehors de votre propre pays, et même lorsque ces personnes sont très influentes.

Et croyez-moi, je dis cela avec humour, si la démocratie américaine peut survivre à dix ans de réprimandes de Greta Thunberg, vous pouvez survivre à quelques mois d’Elon Musk. Mais ce à quoi aucune démocratie, qu’elle soit allemande, américaine ou européenne, ne survivra, c’est de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations, leurs aspirations, leurs demandes d’aide sont invalides ou ne méritent même pas d’être prises en considération. La démocratie repose sur le principe sacré que la voix du peuple compte. Il n’y a pas de place pour les cordons sanitaires. Soit vous défendez le principe, soit vous ne le faites pas.

Le peuple européen a une voix. Les dirigeants européens ont le choix.

Je suis fermement convaincu que nous n’avons pas à avoir peur de l’avenir. Vous pouvez accepter ce que votre peuple vous dit, même si c’est surprenant, même si vous n’êtes pas d’accord. Et si vous le faites, vous pouvez affronter l’avenir avec certitude et confiance, en sachant que la nation vous soutient tous. C’est là, pour moi, que réside la grande magie de la démocratie. Elle ne se trouve pas derrière les murs en pierre épaisse de ces bâtiments ou ces beaux hôtels. Elle ne se trouve même pas dans les grandes institutions que nous avons construites ensemble en tant que société partagée.

Croire en la démocratie, c’est comprendre que chacun de nos citoyens a de la sagesse et une voix. Et si nous refusons d’écouter cette voix, même nos combats les plus fructueux n’aboutiront à rien. Comme l’a dit un jour le pape Jean-Paul II, qui est selon moi, l’un des plus grands défenseurs de la démocratie sur ce continent ou ailleurs : « n’ayez pas peur ». Nous ne devons pas avoir peur de notre peuple, même lorsqu’il exprime des opinions qui ne sont pas en accord avec ses dirigeants. Merci à tous. Bonne chance à vous tous.

Que Dieu vous bénisse.

Note : la traduction que vous nous proposons est personnelle et a été recoupée avec les autres disponibles sur divers sites.


Version américaine d’origine :

Well, thank you, and thanks to all the gathered delegates, luminaries, and media professionals. Thanks especially to the host of the Munich Security Conference for being able to put on such an incredible event. We’re, of course, thrilled to be here. We’re happy to be here.

One of the things that I wanted to talk about today is, of course, our shared values. It’s great to be back in Germany. As you heard earlier, I was here last year as a United States senator. I saw Foreign Secretary David Lammy and joked that both of us last year had different jobs than we have now.

But now it’s time for all of our countries, for all of us who have been fortunate enough to be given political power by our respective peoples, to use it wisely—to improve their lives.

I want to say that I was fortunate, in my time here, to spend some time outside the walls of this conference over the last 24 hours. I’ve been so impressed by the hospitality of the people, even as they are, of course, reeling from yesterday’s horrendous attack.

The first time I was ever in Munich was with my wife—who’s here with me today—on a personal trip. I’ve always loved the city of Munich, and I’ve always loved its people. I just want to say that we are very moved, and our thoughts and prayers are with Munich and everybody affected by the evil inflicted on this beautiful community. We’re thinking about you, we’re praying for you, and we will certainly be rooting for you in the days and weeks to come.

Now, I hope that’s not the last bit of applause that I get.

We gather at this conference, of course, to discuss security, and normally, we mean threats to our external security. I see many great military leaders gathered here today. While the Trump administration is very concerned with European security and believes that we can come to a reasonable settlement between Russia and Ukraine, we also believe that it’s important, in the coming years, for Europe to step up in a big way to provide for its own defense.

However, the threat that I worry most about for Europe is not Russia. It’s not China. It’s not any other external actor. What I worry about is the threat from within—the retreat of Europe from some of its most fundamental values, values that are shared with the United States of America.

I was struck that a former European commissioner went on television recently and sounded delighted that the Romanian government had just annulled an entire election. He warned that if things don’t go to plan, the very same thing could happen in Germany too.

Now, these cavalier statements are shocking to American ears.

For years, we’ve been told that everything we fund and support is in the name of our shared democratic values.

Everything—from our Ukraine policy to digital censorship—is billed as a defense of democracy.

But when we see European courts canceling elections, and senior officials threatening to cancel others, we ought to ask whether we’re holding ourselves to an appropriately high standard.

And I say “ourselves” because I fundamentally believe that we are on the same team. We must do more than talk about democratic values. We must live them.

Within living memory of many of you in this room, the Cold War positioned defenders of democracy against tyrannical forces on this continent.

Consider the side in that fight that censored dissidents, closed churches, and canceled elections. Were they the good guys ?

Certainly not. And thank God they lost the Cold War. They lost because they neither valued nor respected all of the extraordinary blessings of liberty—the freedom to surprise, to make mistakes, to invent, to build.

As it turns out, you can’t mandate innovation or creativity, just as you can’t force people what to think, what to feel, or what to believe.

We believe those things are certainly connected. Unfortunately, when I look at Europe today, it’s sometimes not so clear what happened to some of the Cold War’s winners. I look to Brussels, where EU commissars warn citizens that they intend to shut down social media during times of civil unrest, the moment they spot what they’ve judged to be “hateful content.”

Or to this very country, where police have carried out raids against citizens suspected of posting anti-feminist comments online, as part of « Combating Misogyny on the Internet : A Day of Action. »

I look to Sweden, where two weeks ago, the government convicted a Christian activist for participating in Quran burnings that resulted in his friend’s murder. And as the judge in his case chillingly noted, Sweden’s laws to supposedly protect free expression do not, in fact, grant a free pass to do or say anything without risking offending the group that holds that belief.

And perhaps most concerningly, I look to our very dear friends, the United Kingdom, where the backslide away from conscience rights has placed the basic liberties of religious Britain in the crosshairs.

A little over two years ago, the British government charged Adam Smith-Connor, a 51-year-old physiotherapist and army veteran, with the heinous crime of standing 50 meters from an abortion clinic and silently praying for three minutes.

Not obstructing anyone. Not interacting with anyone. Just silently praying on his own. After British law enforcement spotted him and demanded to know what he was praying for, Adam replied simply: “It was on behalf of the unborn son he and his former girlfriend had aborted years before.”

Now, the officers were not moved.

Adam was found guilty of breaking the government’s new “buffer zone” law, which criminalizes silent prayer and other actions that could influence a person’s decision within 200 meters of an abortion facility.

He was sentenced to pay thousands of pounds in legal costs to the prosecution.

Now, I wish I could say that this was a fluke—a one-off crazy example of a badly written law being enacted against a single person.

But no.

This last October, just a few months ago, the Scottish government began distributing letters to citizens whose houses lay within so-called Safe Access Zones, warning them that even private prayer within their own homes may amount to breaking the law.

Naturally, the government urged readers to report any fellow citizen suspected guilty of thought crime.

In Britain and across Europe, free speech, I fear, is in retreat.

And in the interest of comity, my friends, but also in the interest of truth, I will admit that sometimes the loudest voices for censorship have come not from within Europe, but from within my own country, where the prior administration threatened and bullied social media companies to censor so-called misinformation.

Misinformation like, for example, the idea that coronavirus had likely leaked from a laboratory in China.

Our own government encouraged private companies to silence people who dared to utter what turned out to be an obvious truth.

So, I come here today not just with an observation, but with an offer.

And just as the Biden administration seemed desperate to silence people for speaking their minds, so the Trump administration will do precisely the opposite.

And I hope that we can work together on that.

In Washington, there is a new sheriff in town, and under Donald Trump’s leadership, we may disagree with your views, but we will fight to defend your right to offer them in the public square, agree or disagree.

Now, we’re at the point, of course, where the situation has gotten so bad that, this December, Romania straight up canceled the results of a presidential election based on the flimsy suspicions of an intelligence agency and enormous pressure from its continental neighbors.

Now, as I understand it, the argument was that Russian disinformation had infected the Romanian elections.

But I’d ask my European friends to have some perspective.

You can believe it’s wrong for Russia to buy social media advertisements to influence your elections.

We certainly do.

You can condemn it on the world stage, even.

But if your democracy can be destroyed with a few hundred dollars of digital advertising from a foreign country, then it wasn’t very strong to begin with.

Now, the good news is that I happen to think your democracies are substantially less brittle than many people apparently fear.

And I really do believe that allowing our citizens to speak their minds will make them stronger still.

Which, of course, brings us back to Munich, where the organizers of this very conference have banned lawmakers representing populist parties on both the left and the right from participating in these conversations.

Now again, we don’t have to agree with everything—or anything—that people say.

But when political leaders represent an important constituency, it is incumbent upon us to at least participate in dialogue with them.

To many of us on the other side of the Atlantic, it looks more and more like old, entrenched interests hiding behind ugly, Soviet-era words like misinformation and disinformation, who simply don’t like the idea that somebody with an alternative viewpoint might express a different opinion, or, God forbid, vote a different way—or even worse, win an election.

Now, this is a security conference, and I’m sure you all came here prepared to talk about how exactly you intend to increase defense spending over the next few years, in line with some new target.

And that’s great.

Because as President Trump has made abundantly clear, he believes that our European friends must play a bigger role in the future of this continent.

We don’t think—you hear this term “burden sharing”—but we think it’s an important part of being in a shared alliance together, that the Europeans step up while America focuses on areas of the world that are in great danger.

But let me also ask you—how will you even begin to think through the kinds of budgeting questions if we don’t know what it is that we are defending in the first place?

I’ve heard a lot already in my conversations, and I’ve had many, many great conversations with many people gathered here in this room. I’ve heard a lot about what you need to defend yourselves from, and of course, that’s important.

But what has seemed a little bit less clear to me, and certainly, I think, to many of the citizens of Europe, is what exactly it is that you’re defending yourselves for. What is the positive vision that animates this shared security compact that we all believe is so important?

And I believe deeply that there is no security if you are afraid of the voices, the opinions, and the conscience that guide your very own people.

Europe faces many challenges, but the crisis this continent faces right now, the crisis I believe we all face together, is one of our own making.

If you are running in fear of your own voters, there is nothing America can do for you.

Nor, for that matter, is there anything that you can do for the American people who elected me and elected President Trump.

You need democratic mandates to accomplish anything of value in the coming years. Have we learned nothing—that thin mandates produce unstable results? But there is so much of value that can be accomplished with the kind of democratic mandate that I think will come from being more responsive to the voices of your citizens.

If you’re going to enjoy competitive economies, if you’re going to enjoy affordable energy and secure supply chains, then you need mandates to govern—because you have to make difficult choices to enjoy all of these things. And of course, we know that very well in America. You cannot win a democratic mandate by censoring your opponents or putting them in jail. Whether that’s the leader of the opposition, a humble Christian praying in her own home, or a journalist trying to report the news. Nor can you win one by disregarding your basic electorate on questions like who gets to be a part of our shared society.

Of all the pressing challenges that the nations represented here face, I believe there is nothing more urgent than mass migration. Today, almost one in five people living in this  country moved here from abroad. That is, of course, an all-time high. It’s a similar number, by the way, in the United States—also an all-time high. The number of immigrants who entered the EU from non-EU countries doubled between 2021 and 2022 alone. And, of course, it’s gotten much higher since. And we know—the situation didn’t materialize in a vacuum.

It’s the result of a series of conscious decisions made by politicians all over the continent, and others across the world, over the span of a decade. We saw the horrors wrought by these decisions yesterday, in this very city.

And, of course, I can’t bring it up again without thinking about the terrible victims—who had a beautiful winter day in Munich ruined.

Our thoughts and prayers are with them, and will remain with them. But why did this happen in the first place? It’s a terrible story, but it’s one we’ve heard way too many times in Europe, and unfortunately, too many times in the United States as well. An asylum seeker, often a young man in his mid-20s, already known to police, rams a car into a crowd and shatters a community.

How many times must we suffer these appalling setbacks before we change course and take our shared civilization in a new direction?

No voter on this continent went to the ballot box to open the floodgates to millions of unvetted immigrants.

But you know what they did vote for? In England, they voted for Brexit. And, agree or disagree, they voted for it. And more and more, all over Europe, they’re voting for political leaders who promise to put an end to out-of-control migration. Now, I happen to agree with a lot of these concerns, but you don’t have to agree with me. I just think that people care about their homes. They care about their dreams. They care about their safety and their capacity to provide for themselves and their children. And they’re smart. I think this is one of the most important things I’ve learned in my brief time in politics.

Contrary to what you might hear a couple mountains over in Davos, the citizens of all of our nations don’t generally think of themselves as educated animals or as interchangeable cogs of a global economy.

And it’s hardly surprising that they don’t want to be shuffled about or relentlessly ignored by their leaders. And it is the business of democracy to adjudicate these big questions at the ballot box.

I believe that dismissing people, dismissing their concerns, or, worse yet, shutting down media, shutting down elections, or shutting people out of the political process, protects nothing.

In fact, it is the most surefire way to destroy democracy.

And speaking up and expressing opinions isn’t election interference, even when people express views outside your own country, and even when those people are very influential.

And trust me, I say this with all humor—if American democracy can survive 10 years of Greta Thunberg’s scolding, you guys can survive a few months of Elon Musk. But what German democracy—what no democracy, American, German, or European—will survive is telling millions of voters that their thoughts and concerns, their aspirations, their pleas for relief are invalid or unworthy of even being considered.

Democracy rests on the sacred principle that the voice of the people matters. There’s no room for firewalls. You either uphold the principle, or you don’t. Europeans—the people—have a voice. European leaders have a choice. And my strong belief is that we do not need to be afraid of the future.

You can embrace what your people tell you, even when it’s surprising, even when you don’t agree. And if you do so, you can face the future with certainty and with confidence, knowing that the nation stands behind each of you.

And that, to me, is the great magic of democracy. It’s not in these stone buildings or beautiful hotels. It’s not even in the great institutions that we have built together as a shared society. To believe in democracy is to understand that each of our citizens has wisdom and has a voice.

And if we refuse to listen to that voice, even our most successful fights will secure very little. As Pope John Paul II, in my view, one of the most extraordinary champions of democracy on this continent or any other, once said : “Do not be afraid.” We shouldn’t be afraid of our people, even when they express views that disagree with their leadership.

 Thank you all good luck to all of you.
God bless you
Source vidéo : compte Youtube de la Maison Blanche

Quelques commentaires du discours :

Le vice-président s’attaque à la liberté d’expression qui serait, selon lui, en péril en Europe. Remarquons que les États-Unis ne donnent actuellement pas vraiment  l’exemple en matière de libertés :
– La Maison Blanche a décidé d’exclure les journalistes de l’agence de presse Associated Press des briefings de la Maison-Blanche. 
– Deux radios publiques historiques Voice of America et Radio Liberty sont actuellement menacées de fermeture par Elon Musk, comme l’explique cet article ICI : https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/etats-unis-radio-liberty-et-voice-of-america-deux-radios-publiques-historiques-menacees-de-fermeture-par-elon-musk_7075062.html
– Actuellement, des centaines de milliers de documents en ligne sont en phase de suppression sur les sites gouvernementaux car délivrant un message contraire à l’idéologie trumpienne et au fameux Projet 25.
La lecture du discours montre bien le poids du religieux dans la pensée politique de Vance et sa volonté d’ingérence dans les affaires des États, à ce titre. Il évoque les autodafés du Coran, légaux et encadrés par la loi en Suède ; il fait allusion à Jean -Paul II et à l’affaire Adam Smith-Connor datée de 2022 relatée sur le site de la BBC ICI : https://www.bbc.com/news/articles/c4g9kp7r00vo 
– Vance rappelle que les Britanniques ont voté en faveur du Brexit mais il oublie de mentionner que, depuis, ils regrettent ce choix assez largement, d’après les derniers sondages publiés.