« L’argent est le nerf de la guerre », pour les mouvements terroristes comme pour les Etats.

À côté des attentats et des assassinats d’opposants politiques, les enlèvements et  l’extorsion de fonds pour financer le mouvement clandestin furent  une des activités essentielles d’ETA. Pour une présentation du mouvement indépendantiste ETA, nous vous renvoyons à l’article précédent.

Le premier enlèvement avec demande de rançon réalisé par ETA se produisit le 18 mars 1976. La victime, Ángel Bezaradi, un chef d’entreprise du Pays Basque, fut exécuté par ETA 3 semaines plus tard, d’une balle dans la nuque, parce que sa famille n’avait pas réussi à rassembler l’argent de la rançon. C’est le premier d’une série macabre et d’un modus operandi qui s’apparente à celui de la Mafia.

Le document présenté est le texte d’une lettre anonyme signé ETA,  sur le modèle de celles qu’ont  pu  recevoir des centaines d’entrepreneurs basques, à partir de 1976. Elle est datée de 1990, mais la forme et le contenu n’ont sans doute guère varié au cours du temps, si ce n’est la somme exigée, qui était adaptée à la fortune estimée du destinataire. L’extorsion est définie par ETA comme un « impôt révolutionnaire » pour financer la cause de l’indépendance. La somme ici est fixée à 50 millions de pesetas, ce qui équivaut à environ 2 millions de francs (soit environ  300.000 euros actuels,  compte non tenu de l’inflation). On remarquera que le paiement peut être effectuée en francs. Le Pays Basque français servant  de base arrière aux membres de l’ETA, les besoins en monnaie française étaient importants.

Ce document nous rappelle donc que les Basques furent les premières et  les plus nombreuses victimes du terrorisme de l’ETA : 579 sur un total estimé à  861. Pour les Basques, l’impôt révolutionnaire fut aussi l’impôt du sang…


Lettre d’extorsion de fonds envoyé par ETA à un entrepreneur basque en 1990

Nous nous adressons à vous  par la présente pour vous informer de la décision de l’Organisation Euskadi Ta Askatasuna ETA de vous exiger le paiement de l’impôt révolutionnaire comme contribution obligatoire au développement de la lutte du Mouvement de Libération Nationale Basque que dirige notre Organisation.
À la lumière des informations en notre possession concernant votre situation économique, le montant établi est de : 50 millions de pesetas, montant dont vous devrez commencer le paiement le quinzième jour de la date de réception de cette notification. Le paiement doit être effectué en espèces en pesetas, ou à défaut en francs français, et en billets usagés. Pour ce faire, vous devrez utiliser les moyens  basques habituels pour vous mettre en contact avec notre Organisation.

Nous vous avertissons sérieusement  qu’au  cas où vous refuseriez  de payer le montant stipulé, notre Organisation sera contrainte de prendre les mesures de rétorsion appropriées contre vos biens et vos personnes. Il va sans dire que toute tentative de votre part de contacter la Police entraînerait pour vous  des conséquences irréparables.

Euskadi Ta Askatasuna          Euskadi,  …..  1990


Carta de extorsión enviada por ETA a un empresario vasco en  1990

Por la presente nos dirigimos a Vds. para notificarlos la decisión de la Organización Euskadi Ta Askatasuna ETA de exigirles el pago del Impuesto revolucionario en concepto de cotización obligatoria para el desarrollo de la lucha del Movimiento de Liberación Nacional Vasco que nuestra Organización lidera.
A la luz de las informaciones que sobre su situación económica obran en nuestro poder, la cantidad fijada es de: 50 millones de ptas., cantidad cuyo pago deberá Vd. iniciar a partir del quinceavo día de la fecha de recibo de la presente notificación. El pago deberá hacerlo en efectivo en pesetas, o en su defecto en francos franceses, y en billetes usados. Habrá para ello de utilizar los medios Vascos habituales afin de ponerse en contacto con nuestra Organización.
Queda Vd. sériamente advertido de que, en caso de que Vds. se negaran a pagar la cantidad estipulada, nuestra Organización se verá obligada a tomar las medidas de represalia oportunas contra sus bienes y personas. Sobra decirle que cualquier intento por su parte de ponerse en contacto con la Policía les acarrearía consecuencias de caracter irreparable.

Euskadi Ta Askatasuna          Euskadi,  …… de 1990

 

Note : ce document est présent dans les dossiers pédagogiques accompagnant les manuels de Terminale en EMC en Espagne.