Claude Ptolémée (100-180) est un savant à la fois mathématicien, astronome (ainsi qu’astrologue) et géographe. Il a passé une longue partie de sa vie à Alexandrie. Soucieux de transmettre le savoir scientifique, il a rédigé des sommes diverses dont une large partie a été sauvegardée. Son ouvrage le plus célèbre est l’Almageste (« Le très grand livre ») et il est également l’auteur d’un traité d’astrologie et d’une Géographie.
L’extrait ci-dessous en est tiré et Claude Ptolémée y propose une définition de ce qu’est la géographie, à savoir « une imitation graphique de la partie connue de la Terre, considérée globalement, dans ses traits les plus généraux ». Il y oppose également une géographie devant traiter de la « Terre connue dans son unité » à la chorographie qui, elle, « découpe la Terre en régions et les présente séparément ».
« La géographie est une imitation graphique de la partie connue de la Terre, considérée globalement, dans ses traits les plus généraux. Contrairement à la chorographie qui découpe la Terre en régions et les présente séparément, chacune pour elle-même, en portant sur le dessin une foule de détails mineurs, tels que ports, villages, bourgs, affluents des grands fleuves, etc., la géographie a pour rôle de montrer la Terre connue dans son unité et sa continuité, d’en indiquer la nature et la position ; elle retient les seuls traits qui entrent dans les schémas globaux et universels, tels que les golfes, grandes cités, peuples importants, fleuves remarquables, et tout ce qui, dans chaque domaine, est significatif. Tandis que la chorographie a pour objectif l’étude des réalités partielles (comme un peintre qui dessinerait seulement une oreille ou un œil), la géographie, elle, vise à donner une vue d’ensemble (comme lorsqu’on dessine la tête entière).
Quel que soit l’objet de la représentation, on doit commencer nécessairement par en harmoniser les parties premières : de plus, le support de la carte doit avoir des dimensions telles que, placé à une distance normale de l’œil (cela vaut aussi bien pour un schéma d’ensemble que pour une vue partielle), tout soit clairement perçu. Il s’ensuit, suivant la logique et par commodité, que l’on confie à la chorographie le soin d’indiquer les particularités de détail, à la géographie celui de montrer les pays eux-mêmes avec leurs principales caractéristiques. Les parties premières, celles auxquelles il convient de donner les dimensions adéquates, sont : pour le monde habité, les divers pays dans leurs positions relatives ; pour chaque pays en particulier, les traits spécifiques qui le caractérisent ».
Claude Ptolémée, Géographie, I, 1, 1-3. Traduction d’après G. Aujac, Introduction aux savoirs antiques, CTHS, p. 261-262.