La conception de l’au-delà en Égypte
Document 1.
« Fils aîné de la Terre (Geb) et du Ciel (Nout), Osiris succède à son père comme roi d’Égypte. Dieu civilisateur, il enseigne aux hommes l’agriculture, instaure le culte des dieux, bâtit les premiers temples et les premières villes. Conseillé par le dieu Thot, le dieu des scribes, à la tête d’ibis, il donne à son peuple des lois et le sens de l’équilibre universel, représenté par la déesse Maât.
Il est l’époux de la déesse Isis, sa sœur, car c’est le seul mariage possible pour les dieux. Il est le père d’Anubis, le dieu à tête de chacal, fils de son autre sœur Nephtys. Mais Seth, son frère et l’époux de Nephtys, est jaloux et aspire à devenir roi. À l’occasion d’un banquet, il fait apporter un magnifique coffre en bois précieux. Il annonce à tous les participants que le coffre appartiendra à celui qui pourra s’y allonger en touchant les parois très exactement. Osiris se prête au jeu mais à peine est-il couché que les hommes de main de Seth referment le coffre, asphyxiant Osiris. Ils le jettent ensuite dans le Nil. Tout l’équilibre du monde est bouleversé. Tous, hommes et dieux, pleurent la mort d’Osiris.
Isis, désespérée, parcourt la terre à la recherche du cercueil de son époux. Elle le retrouve et le cache dans les marais. De ses ailes de magicienne, Isis ramène son époux à la vie et s’unit à lui. Elle met au monde un fils, Horus. Mais Seth découvre la cachette et pour s’assurer de la disparition totale du corps de son frère, le découpe en 14 morceaux qu’il disperse dans toute l’Égypte. Avec sa sœur, Isis repart à la recherche des restes de son mari. Elle reconstitue son corps. Anubis les rejoint et pratique avec elles, pour la première fois, les rites de l’embaumement. Les morceaux du corps d’Osiris sont enveloppés dans des bandelettes de lin. C’est la première momie d’Égypte. Osiris est ensuite enseveli dans son tombeau où son effigie est verdoyante en gage de renaissance, de la vie issue de la mort. Toutefois, Osiris ne peut rester le roi des vivants. Le dieu solaire, Rê, l’envoie régner sur le monde des morts, à l’occident, là où chaque soir disparaît le soleil. Après avoir vengé son père, Horus lui succède sur le trône des vivants en s’incarnant en chaque pharaon. »
Mythe d’Osiris (adapté d’après Nadine Guilhou et Janice Peyre, La mythologie égyptienne. Paris, Marabout-Hachette Livre, 2006, p. 69-86).
Document 2.
« Les clients, quand ils se sont mis d’accord avec eux pour le prix, se retirent ; les embaumeurs, laissés dans des ateliers, procèdent comme il suit pour l’embaumement le plus soigné.
D’abord, à l’aide d’un fer recourbé, ils extraient le cerveau par les narines, en partie par l’opération de ce fer, en partie grâce à des drogues qu’ils versent dans la tête. Ensuite, avec une pierre d’Éthiopie tranchante, ils font une incision le long du flanc et retirent tous les intestins qu’ils nettoient et purifient avec du vin de dattier ; et purifient une seconde fois avec des aromates broyés. Puis ils remplissent le ventre de myrrhe pure broyée, de cannelle et tous autres aromates, à l’exception d’encens, et le recousent. Cela fait, ils salent le corps en le recouvrant de natron pendant soixante-dix jours ; ils ne doivent pas le laisser dans le sel plus longtemps. Quand les soixante-dix jours sont écoulés, ils lavent le mort, enveloppent tout son corps de bandes taillées dans un tissus de lin, avec une couche de gomme (que les Égyptiens emploient ordinairement au lieu de colle). Les parents en prennent alors livraison : ils font faire un étui (de bois à figure humaine) ; dans cet étui, ils enferment le mort ; et, inclus de la sorte, le gardent précieusement à l’intérieur d’une chambre funéraire, où ils le placent debout contre le mur. Voilà comment les embaumeurs traitent les cadavres pour lesquels ils font le plus de frais. Avec ceux qui veulent le traitement moyen et désirent éviter les grandes dépenses, voici comment ils s’y prennent. Ils emplissent des seringues du liquide gras qui provient du genévrier-cade, et ils en emplissent le ventre du mort sans l’ouvrir ni retirer les entrailles, faisant l’injection par le fondement et empêchant le lavement de revenir par où il est entré et ils mettent dans le sel pendant le nombre de jours prescrits. Le dernier jour, ils font sortir du ventre l’huile de cade qu’ils y avaient introduite ; telle est sa force, qu’elle entraîne avec elle les intestins et les viscères, quant aux chairs, elles sont dissoutes par le natron ; et il ne reste du mort que la peau et les os. Cela fait, les embaumeurs rendent le corps, sans prendre plus de peine.
Et voici le troisième genre d’embaumement appliqué aux plus pauvres : on purifie les intestins avec de la syrmaia ; on met dans le sel pendant les soixante-dix jours ; et le corps est rendu pour être emporté. »
Hérodote, Histoires, II, 85-88. Ve siècle av. J.-C.
Documents 3.
« Au lendemain de l’enterrement, la sépulture n’est pas désertée. Un ou plusieurs prêtres viennent rendre le culte au défunt. C’est rôle qui échoit au fils aîné de la famille ou à des professionnels, des hommes qui sont rémunérés grâce à la fondation constituée à cet effet par le propriétaire de la tombe. Leur mission ? Apporter des offrandes (pain, gâteaux, miel, viande, légumes, fruits, ovin, bière) pour nourrir et désaltérer le défunt. Purifier la chapelle avec de l’eau sacrée et en brûlant de l’encens. Réciter des prières.
Mais les vivants font parfois preuve d’une sombre ingratitude. Tout à leur vie terrestre, certains ont tôt fait de tourner le dos à leur cher disparu. Et même si les enfants sont dévoués, vient un moment où le mort n’est plus qu’un lointain ancêtre dont le souvenir se perd dans la nuit des temps (si toutefois il a encore une descendance). Or, comment se nourrir et boire quand il n’y a plus d’offrandes ?
C’est là qu’intervient l’image. Les offrandes qui sont présentées en abondance sur les parois de la tombe alimentent désormais magiquement le mort. C’est le rôle de l’énergie qu’elles contiennent. D’autres scènes illustrent la préparation de la nourriture. Des modèles faisant partie du matériel funéraire doublent leur efficacité. Nombreuses à l’Ancien et Moyen Empire, ces petites maquettes montrent les meuniers, les boulangers, les bouchers et bien d’autres domestiques et artisans au travail.
Mais le mort n’a pas encore usé toutes ses batteries. Reste encore le secours des textes. La formule d’offrandes recopiée à plusieurs endroits de la chapelle est une courte prière. On recommande vivement aux vivants qui viendraient à passer par là de la réciter, car elle exhorte les dieux funéraires à pourvoir le défunt « en milliers de pains, de jarres de bière, de bovins, de volailles et de toutes bonnes choses ». Le Livre des Morts, guide de l’au-delà à l’usage des particuliers, accorde aussi une très large place à la nourriture. »
Florence Maruéjol, L’Égypte ancienne pour les nuls. Paris, First, 2006, p. 334-335.
Document 4.
« Va d’un pas tranquille vers l’au-delà …
Le tribunal qui juge le pêcheur,
Tu sais qu’il n’est pas indulgent
En ce jour où il juge le misérable,
À l’instant où il fait son office.
Malheur si l’accusateur est bien instruit
Ne te rassure pas sur l’étendue des années.
Ils voient toute une vie en une instant
Quand l’homme demeure après le trépas
Ses actions sont entassées à côté de lui,
C’est pour l’éternité ce qui est là. C’est donc insensé celui qui pratique les choses condamnées.
Quand celui qui y parvient sans délit à son actif il sera là-bas comme un dieu. »
Instruction du pharaon Khety III à son fils et successeur Merikarê, Égypte, env. 2050 av. J.-C.
La conception de l’au delà chez les hébreux
La conception de l’au delà en Mésopotamie