George Mac Bundy a été assistant à la Maison-Blanche pour le « National Security Affairs » durant les crises de Berlin (1961) et de Cuba (1962). Depuis 1972, il a enseigné l’histoire à la New York University. Il a écrit ce texte en conclusion de son livre « Danger and Survival » paru en 1988.

« ESPOIR
Sans espoir, le courage est difficile, et il est facile de perdre l’espoir devant les réalités nucléaires. On ne peut écarter par simple désir ni les armes ni les deux grands gouvernements opposés. Le danger nucléaire subsistera dans la prochaine décennie et dans la suivante, et même aussi loin qu’on puisse le prévoir. Dans cette situation, il n’est que trop facile de prévoir que, tôt ou tard, la catastrophe générale viendra. Cette conclusion est erronée. (…)
Les armes nucléaires existent depuis 1945, et depuis cette date, chaque décennie est apparue étant moins dangereuse que la précédente. Même lorsqu’on tient compte des tensions particulières sur Berlin et Cuba de la deuxième décennie, le risque général d’une guerre nucléaire ouverte fut moindre alors qu’au cours des premières années, où tant de gens croyaient que l’armement nouveau jouerait un rôle nécessairement essentiel dans toute véritable guerre. De façon plus évidente encore, les décennies qui ont suivi l’affaire de Cuba ont été moins dangereuses que les précédentes. (…)
Nous sommes encore en danger, mais à la fin des années quatre-vingt, le risque de catastrophe est bien moindre que dans les décennies précédentes. »

Nouveau désordre mondial
« L’équilibre de la terreur a eu au moins un mérite : celui d’éviter l’affrontement suicidaire et d’offrir une longue plage de paix aux pays qui avaient subi sur leur sol les ravages des deux premiers conflits mondiaux. Or, mille indices révèlent aujourd’hui que ce monde-là appartient au passé, que nous sommes appelés à vivre, ou à mourir, d’ici à la fin du siècle, sous le signe de l’instable et de l’insécurité, et qu’à l’ordre imposé par les deux grands vainqueurs de la guerre s’est substitué, sans que l’on n’y prenne garde ou que l’on sache où il nous conduit, un nouveau désordre mondial. »

Extrait de Pierre Milza, « Le nouveau désordre mondial » , Paris, 1983, p. 310