Ce texte est un document tiré d’archives privées, qui donne une recette différente de celles connues, pour la fabrication du verdet. Elle méritait donc d’être citée dans le cadre de nos « Chroniques ».
Local pour la fabrication du marc de vin
Il faut un magazin spacieux au rez de chausée divisé en trois compartiments dans le premier on placera les cuves et barriques destinées a contenir le marc de vin.
Le second servira au cuvage, on y pratiquera des ouvertures extérieures pour donner l’air nécessaire pour y mentenir une température qui ne soit ny trop froide ny trop chaude. La troisième servira pour le relais, il doit être pavé en plan incliné; dans le millieu ou sur les cotés on pratiquera un creus ou lon placera une jarre pour recevoir les eaux qui sécoulent du moillage des plaques.
De la fabrication des plaques de cuivre
La fabrication du verd de gris se fait avec des plaques de cuivre et de marc de vin, elles ont ordinairement quatre pouces de long sur deux et demy de large, le meilleur cuivre a amployer est celui d’Hambourg; après lui vient celuy d’Avignon et de Lyon. Les plaques doivent être battues avant d’être mise en fabrication, on doit leur donner une tinte légère de verd de gris et les faire sécher au soleil ou on les fait ensuite passer dans un chauffoir d’ou on ne les retire que lorsque elles ont pris un degré de chaleur tel que celuy qu’elles auroient peu prendre, exposées à un soleil ardent pour être misses sur des chouches de marc de vin
Préparation du marc de vin
Les meilleurs marc a amployer sont ceux qui proviennent des vignes vielles long temps cuvés, ni trop ni peu pressés. Le marc de vin pris sur le pressoir doit être déposé dans des cuves ou des tonaux après avoir été pressé entre les mains à sa couse de trois pouces qu’on y place, il doit être pressé avec force par des hommes qui sont dans la cuve et qui se servent pour cela d’une lame de manière que l’air ne puisse point y pénétrer. C’est de cette préparation que dépent la préparation du marc dans le cours de l’année la cuve ou toneau doit être ermétiquement fermée, tout comme s’il contenoit du vin. Il seroit bien avantageux sans doute de pouvoir le recouvrir avec un second fonds mais ordinairement, on les laisse a découvert en prenant la précaution de presser le marc supérieur autant qu’on peut le faire. Lorsqu’on n’a qu’une petite quantité de cuivre a employer, il est plus avantageux de metre le marc dans des petits tonaux que dans des cuves, ses dernières présantent à la fois une plus grande quantité de marc prété à la fabrication qu’on est dans l’impossibilité d’utiliser par le manque de cuivre. On conoit que le marc est prét pour être mis en fabrication lorsqu’il sexalte une hodeur assez forte pour ne pouvoir pas être suporté pendant un sertain temps elle doit être exante de toute oudeur douce et hègre; dans cest état le marc n’est pas encore propre à la fabrication, on hate la fabrication du marc en le changant d’un toneau dans l’autre, ou dans des comportes, en observant que le marc supérieur et les couses subsessives qu’on retire de premier toneau est le même rang dans le second toneaux ou on le dépose. Il ne faut employer le marc qu’après qu’il a cessé de fermenter et qu’il est froid au toucher. Ainsi prét, on répant une pose des planches placé sur le pavé borné par un cadre d’autre planche forment un emplacement; on doit faire en sorte que l’espace de cest enquaissement renferme exactement et sans laisser aucun vide, un certain nombre des plaques déterminées si faire se peut. Sur cette couse on place des plaques de cuivre que l’on couvre d’une seconde couse de marc et successibement de couse en couse jusqu’à ce que lencaissement soit rempli, en observant que la saison ou lon se trouve doit déterminé l’élévation que lon peut donner à cest enquessement. En été un seul tas, en iver on peut en entasser trois ou quatre les unes sur les autres; en été on doit, après les trente six premières heures de lanorge, envasquadé et lesser la couse a découvert, en iver au contraire ce ne sera qu’après trois ou quatre jours. Dans les grandes chaleurs, on vérifie très souvant les plaques de cuivre. On connoit que le cuivre ne peut plus prendre lorsque on apercoit sur sa surfase des petites taches blanches de tout desuite deviennent plus grandes et qui finiroient par dévorer le verd de gris si on ne se hatoit de le découvrir. Dans le même moment le marc moisid, cest alors qu’il faut renverser les couses de coté avec les planches de dessous au bout de quelques heures ou deux jours, on lève le cuivre que lon met par tas et a plat en observant de le toucher le moins possible et qu’il n’y ait pas de marc parmi ou peut, entre deux parentèses et cela paroit plus avantageux maitre le cuivre de relai au sortir de la couche pour éviter les fréquant atouchements qui font toujours éprouver une pert dans le verd et gris. C’est sur une claye reposant horiginalement sur le plan incliné cy dessus mencioné au paragrafe trois, qu’on dépose les plaques de cuivre et que lon place de chanteau autentique si faire se peut afin que les arrouissages puissent filtrer dans l’intermédiaire de chacune delles, on aura soin de laisser au milhieu de la colonne un vuide d’environ un pouce, vide que les plaques ramplissent dès le moment que les plaques se gonflent et se chargent de verd de gris. Deux jours après on comencera à mouiller très légèrement les plaques et cela par le moyen d’un balay très fain, trampé dans leau, dans laquelle on aura le soin de leyer un peu de verd de gris, trois jours après en été et quatre en iver, on fera un nouveau moillage triple du premier et toujours par aspertion avec le dit balay. Le quatrième moutiage se fera après le même intervalle que le premier avec un arrosoir de cuivre très fin qui donnera leau comme une pluie douce mais de manière que pénétrant au travers et par dessous les plaques, elles puissent parvenir dans la jarre ou tout autre respiration qu’on aura placé. Cinquième mouillage aura lieu avec le même arrosoir, mais il sera plus abondant que le quatrième. Le 6eme et 7eme moillage (toujours après le même intervalle) pourront se faire avec le même arrosoir et sans paume, ils seront très abondants; il faut observer à chaque moillage autant que faire se pourra de leau tinte de peu de verd gris et sur tout de la donner de très près afin déviter que par une chute trop haute elle nentaine le verd gris attaché aux plaques; deux jours après le dernier moillage on pourra faire sacher les plaques. Par caque quintal de cuivre mis en fabrication, il faut ordinairement le marc de quatre à cinq muis de vin environ, un quintal de cuivre d’Avignon donne environ cinq cents plaques, celuy de Lyon de trois cents soixante à quatre cents; le prix de celuy d’Avignon est un franc huit sols la livre pois de table.
Source : Archives privées – document aimablement communiqué par M. Jean-Claude RICHARD, directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique.
Auteur de la transcription : Jean-Claude TOUREILLE jctou@arisitum.org