« Dans l’état actuel de la civilisation du monde, la prospérité de l’Amérique n’est pas indifférente à celle de l’Europe, car c’est elle qui alimente notre industrie et fait vivre notre commerce. Nous avons intérêt à ce que la République des Etats-Unis soit puissante et prospère, mais nous n’en avons aucun à ce qu’elle s’empare de tout le golfe du Mexique, domine de là les Antilles et l’Amérique du Sud et soit la seule dispensatrice des produits du Nouveau Monde. Maîtresse du Mexique, et, par conséquent de l’Amérique centrale et du passage entre les Deux-Mers, il n’y aurait plus désormais d’autre puissance en Amérique que celle des États-Unis. Si, au contraire, le Mexique conquiert son indépendance et maintient l’intégrité de son territoire, si un Gouvernement stable s’y constitue par les armes de la France, nous aurons posé une digue infranchissable aux empiétements des États-Unis, nous aurons maintenu l’indépendance de nos colonies des Antilles et celles de l’ingrate Espagne : nous aurons étendu notre influence bienfaisante au Centre de l’Amérique et cette influence rayonnera au Nord comme au Midi, créera des débouchés immenses à notre commerce et procurera les matières indispensables à notre industrie. »
Cité par P. Seguin, Louis Napoléon Le Grand, Paris, 1990.