tableaux de 1980 à 2013

Le vieillissement de la population suisse

« Essayons d’imaginer…
Notre société vieillit, notre population prend des rides, la cohorte des personnes âgées, des grands vieillards et des « superaînés » (les centenaires) gonfle au rythme des recensements. Vers 2020, les plus de 65 ans représenteront près du 20 % de la population suisse, alors que les plus de 80 ans seront 375’000. Les modes de vie seront bouleversés et la probabilité de voir éclater des conflits plus forte. Les tensions se multiplieront, le fossé des générations ne cessera de s’accentuer ; à la lutte des classes du 20e siècle succédera la lutte des classes d’âges… les vieux contre le reste de la population ! Les personnes âgées auront leurs restaurants, leurs trains, leurs cinémas, leurs villages de vacances et des menus spéciaux aux McDonald’s dont ils occuperont les 80 % de la surface. Et parce qu’ils seront financièrement plutôt bien lotis et, pour couronner le tout, en parfaite forme physique et psychique, ils organiseront des congrès, des symposiums et même des concerts rocks en souvenir de leurs folles années soixante-huitardes… et ils engageront des vigiles pour qu’ils les protègent des « gamins » bruyants. Ils auront leur lobby au Palais fédéral… et le droit de veto pour toutes les révisions de l’AVS. Leur pouvoir deviendra tel qu’ils forceront les jeunes à travailler comme des forçats, et ceux-ci ne pourront plus se permettre d’élever des familles nombreuses. Piètre consolation, le service militaire ne durera plus qu’une semaine par souci d’économiser l’énergie de la jeunesse et les rues seront d’une propreté irréprochable. Mais, pis que tout peut-être, le vieillards de l’an 2020 infligeront aux futures générations le triste spectacle d’un perpétuel automne.
Ou bien…
Quoique inédite et peu connue, cette répartition de la structure d’âges au sein de la société ne signifie pas nécessairement que nous nous dirigions vers un monde à la Aldous Huxley [cf. son roman « Le meilleur des mondes »], où l’oppression pendrait une tournure pour le moins cocasse. Cocasse ? Oui, en tout cas dans notre manière de concevoir les choses aujourd’hui. Mais qu’en savons-nous ? L’évolution démographique dont nous sommes témoins depuis quelques décennies, et qui concerne tous les pays industrialisés, est en effet un phénomène sans précédent dans l’histoire de l’humanité. En d’autres termes, les instruments d’analyse nous font défaut et il nous est pratiquement impossible d’inférer à partir des données disponibles la situation à moyen terme. »

Extrait d’un article de Stéphane Gillioz, responsable de l’information au sein d’un service de la Croix-Rouge suisse , intitulé Les vieux ? … une bombe démographique (1992) .

« Dans son rapport sur la Conférence du Caire (1994), le Conseil fédéral indique qu’il ne poursuit aucune politique démographique et qu’il n’envisage pas de s’en donner une. Les pays de l’hémisphère nord ne sont pas confrontés à des problèmes de croissance de leur population. »

extrait publié dans «Le Courrier» , 7.9.1994

Remarques
Le Conseil fédéral suisse est-il inconscient ?
Pense-t-il réellement que le vieillissement de la population helvétique ne soit pas un problème démographique qui mérite réflexion et action ?
L’augmentation de la population est-il le seul problème démographique qui mériterait attention ?