Voici l’inventaire des effets qui furent trouvés à l’ancien fort de Brescou en 1623. Ce fort était situé sur une petite ile, près de la ville d’Agde (Hérault), sur la mer méditerranée. Il fut démantelé en 1632, puis reconstruit en 1680 :
L’an mil six cens vingt trois et le neufiesme jour du moys de nouvembre, dans le chasteau fort et place de Brescon, en présance de moy notaire royal de la ville d’Agde soubsigné; c’est présanté Jean De La Croix, sieur du Bourbier, cappitaine de garde de Monségneur De Montmorency, portant lettre du Roy et de mondict ségnieur à noble Jacques Derois, sieur de Lédignian, commandant dans la place pour le service du Roy et dépositaire d’icelle, soubz l’obéissance de Sa Majesté, l’aiant despuis la mort du sieur De Tarau, y estant commandé par sa lettre de remettre ledict fort de Brescon entre les mains de mondict ségneur De Montmorency, ou autre quy viendra de sa pars, ainsin quest venu ledict sieur De La Croix, pour la fère razer et desmolir, la lettre signée LOUIS, et plus bas Félipeaux, escripte de Saint Germain en Laie le vingt seziesme daoust dernier.
A ceste cauze, ledict sieur Derois, satisfaisant et obéissant avec tout honneur et respect requis à ladicte lettre, a remis la place et fort dudict Brescon ez mains, pouvoir et charge dudict sieur De La Croix, que icy présant a accepté avec les clefs des portes et touttes les armes, artilherye et équipage, munission et mubles, ainsin quest porté par cest inventaire:
Premièrement un gros double canon,
– plus une coulobrine nommée la Pernonne,
– plus ung petit canon nommé le Courtau,
– plus dix piesses de fer dont l’un est crevé,
– plus une piesse de campanhe semée de larmes et de lix,
– plus ung aultre piesse de campanhe,
– plus ung fauconeau,
– plus une bastarde,
– plus deux miennes marquées dun porcespic, en y a une crevée,
– plus autre moienne,
– plus trois piesses de campanhe merquées a b et flur de lix,
– plus une piesse marquée f et fleur de lix,
– plus une piesse marquée à trois flur de lix,
– plus quatre périés pour la falouque,
– plus vingt cinq mousquetz sans bandoulières,
– plus trois cuirasses,
– plus deux rondaches,
– plus deux potz fer,
– plus un mourion,
– plus huict quintaux de pouldre fine,
– plus dix huict quintaux pouldre de canon,
– plus vingt quintaux balles de mousquet,
– plus huict quintaulx quarante livre méche
– plus quatorze cens quarante balles de toutte sorte de caplivre,
– plus vingt cinq careaux de fer,
– plus septante bolletz de pierre,
– plus vingt cartoches, comprinses celles que sont dans le canon,
– plus quinze angles,
– plus ung pallangre garny de ses voilles et cordage vieulx,
– plus une falouque garnye de voille et rames,
– plus une forge garnye de ses souffletz et ung enclume,
– plus sept tonneaux vuides pour tenir vin,
– plus deux saloirs,
– plus six tables sapin ou nouguier avec ses tracteaux,
– plus quatre bangz sapin,
– plus dix fourquatz de fer,
– plus dix matelas layne vieulx et rompeux,
– plus doutze palhasses vieulx et ronpeux,
– plus doutze couvertes blanches vielhes,
– plus huict cabinetz vois blanc vieux ferrés et fermés à clef.
Et plus na esté truvé dans ledict fort, en tesmoing de quoy lesdicts sieurs De Lédignian et De La Croix se sont soubzsignés, avec moy notaire requis, à l’original, dont le présant a esté tiré, collationné et signé. SERIN, notaire royal.
Source : Archives Municipales d’Agde (Hérault), Série E top, document n° 5 (archives déposées aux Archives Départementales de l’Hérault).
Auteur : Jean-Claude TOUREILLE jctou@arisitum.org